Nous sommes en Irlande en 1957, à quelques jours de Noël, dans le manoir de la famille Osborne, famille protestante, où au petit matin on a retrouvé un cadavre émasculé dans la bibliothèque. L'occis est un prêtre catholique, le père Tom Lawless. Bien sûr, de toute la maisonnée personne n'a rien vu ni rien entendu. Il y a le colonel Osborne, sa deuxième femme Sylvia, les enfants Dominic et Letty, la gouvernante Mme Duffy et Fonsey qui vit dans une caravane dans la forêt. Tout le long du roman, les occupants donnent l'impression que la recherche du coupable est le cadet de leurs soucis.
Le prêtre avait l'habitude de venir au manoir où son cheval est en pension. C'est l'inspecteur Strafford qui est chargé de l'enquête, protestant lui aussi. Il vient de Dublin. Il neige sur Ballyglass et la température est glaciale, les routes mauvaises. Cette atmosphère est très bien rendue. Strafford est secondé par l'inspecteur Jenkins qui disparaît à son tour. Strafford continue l'enquête où il apprendra que le père Tom avait été aumônier à la maison de correction de Carrickléa.
L'enquête avance lentement comme Strafford sur les petites routes irlandaises mais au final d'indices en indices sans avoir l'air de s'atteler vraiment à la résolution de ce meurtre, il finira par comprendre ce qui est arrivé. J'ai bien apprécié l'atmosphère, l'écriture.
Extrait:" Le Détective Inspector Strafford, prénom Saint John -"ça se prononce Sinjun", expliquait-il avec lassitude-, avait trente-cinq ans et en paraissait dix de moins. Grand et mince-"dégingandé-", pour être précis-, il avait un visage étroit et anguleux, des yeux verts sous certains éclairages et des cheveux d'une couleur banale, dont il repoussait, des quatre doigts de sa main gauche, avec une raideur caractéristique, une mèche qui avait tendance à lui tomber sur le front à la façon d'une aile désarticulée et luisante. Il portait un costume trois pièces gris qui, comme tout ce qu'il mettait, semblait être une taille trop grande pour lui, une cravate en laine avec un noeud riquiqui, une montre de gousset au bout d'une chaîne- elle lui venait de son grand-père-, un trench-coat en gabardine grise et un cache-col en laine grise. Il avait ôté son feutre mou noir qu'il tenait à présent à bout de bras, par le bord. Ses chaussures étaient détrempées par la neige fondue- il n'avait pas l'air de remarquer les flaques qui se formaient sur le tapis à ses pieds."
Simone Van der Vlugt: la route des Indes
J'avais déjà lu Bleu de Delft et la maitresse du peintre du même auteur et c'est sans problème que j'ai pris ce livre à la médiathèque car j'avais beaucoup aimé sa manière d'écrire et ces récits bien documentés. A la fin du roman, elle nous indique d'ailleurs la part inventée et la part réelle du récit. Car Eva Ment, fille d'un marchand de tissu et teinturier d'Amsterdam et Jan Pieterzoon Coen gouverneur de Batavia, ont bel et bien existé et c'est l'histoire de leur rencontre puis le voyage jusqu'à Batavia dans les Indes Orientales (aujourd'hui Djakarta en Indonésie) et leur vie dans cette contrée qui est racontée ici. Je me suis donc laissée transportée à Amsterdam en 1623 et suivre les rues empruntées par Eva.
Se marier n'est pas dans ses préoccupations car c'est Lisbeth son ainée qui devrait convoler la première. Elle rencontre Jan au cours d'une soirée, elle a 18 ans lui 37. Ils se marient et s'embarquent pour Batavia, ils naviguent 7 mois durant et affrontent les difficultés du voyage. Arrivée à Batavia, Eva est tout d'abord émerveillée par ce qu'elle découvre, mais c'est une réalité tout autre qu'elle va apprendre à connaître: l'esclavage, les violences faites aux autochtone et ne reconnaîtra plus le mari qu'elle a épousé.
Un beau portrait de femme éprise de justice et de liberté.
Cela m'a permis aussi de connaitre cette histoire de Batavia, la conquête de ces iles, les batailles menées par le sultan Agung (sultan de Mataram) en 1628 et 1629.
Extrait:" Soudain des bancs de poissons volants vinrent cerner le navire, sautant hors de l'eau pour disparaitre aussitôt dans l'écume blanche.
Plus tard dans la journée, c'est un groupe de dauphins qui prit longuement la flotte en filature, batifolant au milieu des embarcations. Eva et Lysbet ne savaient plus où regarder, se donnaient sans cesse des coups de coude et pointaient du doigt ce qui les émerveillait. Après toutes ces semaines d'enfermement, elles étaient ébahies. Le soir, juste avant la tombée de la nuit, Eva resta sur le pont avec Jan. Geertruyt dormait, tandis que dans la cale et sur les
ponts inférieurs les matelots s'activaient dans la lumière déclinante.
Depuis le gaillard d'avant, la jeune femme admirait le bleu dont les mille nuances se déployaient autour d'elle à l'infini sur la surface ondulante, qui bruissait et heurtait doucement les flancs du navire. Le bras de Jan entourant ses épaules, elle observait avec fascination cette vaste étendue d'eau qui devenait peu à peu bleu-violet, cependant que
l'horizon se teintait d'un rose éclatant entre le ciel et l'océan.
Eva poussa un long soupir.
"Qui aurait cru que le monde puisse être si beau?
-Attendez donc de voir les Indes" répondit Jan en la serrant contre lui.

M.C Beaton: Agatha Raisin- tome 23 : Serpents et séductionAgatha ne peut s'empêcher de se pâmer sur Georges Marston, un jardinier récemment arriver dans le village de Carsely. Elle en est tellement amoureuse qu'elle va même jusqu'à organiser un bal de charité pour pouvoir séduire le beau Georges car elle n'est pas la seule à lui faire les yeux doux. Mais Georges Marston ne viendra pas au bal! Et pour cause car Agatha le retrouve allongé sur un tas de compost la tête dans un sac où grouillent des serpents! Qui donc a bien assassiné Georges, une des ses nombreuses soupirantes, un mari jaloux?Agatha est chargée par la soeur de Georges de retrouver le coupable, ce qui ne va pas être sans risques! Elle sera secondée par son équipe de l'agence et ses amis Charles et Roy qui apparaissent et disparaissent au gré de leur fantaisie ou plutôt de celles de l'auteur et soutenue par Bill le policier et Mme Bloxby ses amis depuis le début.
Une comédie charmante et récréative.
Extrait:" Charles s'apprêtait à démarrer quand on frappa à la vitre. Il baissa sa glace. C'était James Lacey, qui souhaitait lui dire un mot et lui demanda s'il avait une minute. Charles acquiesça, descendit de voiture et suivit James à l'intérieur.
-"Un verre? proposa James.
- Allez crachez le morceau. La façon dont vous me regardez me rappelle celle du directeur de l'école quand j'avais fait une bêtise.
-Eh bien, c'est juste que...Bon, quelles intentions nourrissez-vous envers Agatha?"
Charles considéra d'un oeil abasourdi la haute silhouette pleine de prestance de son interlocuteur.
"Vous plaisantez ou vous êtes vraiment à ce point victorien?
- Je me fais du souci pour Agatha. Je ne veux pas qu'on la fasse souffrir.
- Mon cher ami, répondit Charles patiemment, n'avez-vous pas encore compris que jusqu'à ce que cette brave Agatha ait un peu mûri, elle succombera toujours aux charmes de cinglés comme ce don Juan au petit pied de Marston? Et tiens tenez, vous-même, si vou n'aviez pas été un célibataire endurci avec "indisponible, ne pas toucher" quasiment écrit en travers du visage, elle ne vous aurait pas couru après."
Alex Capus: Voyageur sous les étoilesEncore un roman qui nous emmène vers d'autres latitudes. Cette fois-ci ce sont les îles Samoa. Il y est également question de l'Ile au trésor. Les îles Samoa, c'est là que Robert Stevenson (auteur de l'île au trésor) a passé les dernières années de sa vie. Sa fortune est-elle due à ses succès littéraires ou bien à l'Ile au trésor qu'il a finalement trouvée? Alex Capus, à la lumières de la biographie de Stevenson, émet l'hypothèse qu'il aurait peut-être trouvé un trésor sur une île non loin des Samoa. En effet, l'ile Cocos sur lequel la légende dit que le trésor de Lima est caché, est basée non loin du Costa Rica et connue pour avoir accueilli les pirates qui y cachaient des trésors pillés aux Espagnols. Mais une autre ile Cocos existe non loin des Samoa. Et c'est sous cet angle original que l'auteur nous décrit la vie de Stevenson, très bien documentée et l'histoire de ces îles et la quête des chasseurs de trésor. Passionnant et dépaysant!
Extrait: "Sur le fait qu'il se soit établi en décembre 1889 presque à portée de vue d'une seconde île Cocos, Robert Louis Stevenson n'a jamais dit un mot. De tous les écrits qu'il a laissés, aucun ne mentionne une île Cocos: ni lettre, ni poème, ni nouvelle, ni l'un de ses romans des mers du Sud; aucune des deux îles n'est citée, même sous le nom polynésien de Tafahi. Louis n'a pas évoqué l'île voisine des Samoa au sud; or ce silence ne va pas sans susciter la méfiance quand on sait que, pour lui, pas une île de l'ensemble des mers du Sud n'était trop écartée ni trop insignifiante pour valoir la peine d'être visitée, et qu'il rendait compte méticuleusement de tous ses voyages dans ses lettres, reportages et romans. Durant les sept années qu'il vécut dans le Pacifique, il voyageait infatigablement d'une île à l'autre, entreprenant depuis les Samoa de petits voyages sous les étoiles avec son ami le missionnaire William Clarke, ou avec le consul américain Sewall, ainsi que d'autres excursions en navire postal, au nord jusqu'à Hawaï, au sud jusqu'à l'Australie et la nouvelle Zélande, ce qui le mena plusieurs fois au large de Tafahi."
Olen Steinhauser : trilogie Milo Weaver
Tome 1 : le touriste
Milo Weawer est un touriste, pas un touriste normal, de ceux que l'on croise habituellement mais un espion travaillant pour la CIA et plutot doté d'un Walther que d'un appareil photo. Le livre débute sur une mission à Venise. Puis on le retrouve six ans plus tard où il est devenu cadre au siège de la CIA. Mais il va replonger dans le milieu des "touristes", lorsqu'un tueur à gages qu'il poursuivait depuis longtemps lui fait des révélations sur son service et qu'une amie Angela fait l'objet d'une enquête interne. Il repart donc entre Francfort, Paris, Genève, mais accusé de meurtres c'est lui qui est traqué. Entre guerre des services, fonctionnaires haut placés qui tire vraiment les ficelles? Un roman d'espionnage haletant.Extrait : "Tous les Touristes connaissent l'importance de cet état de veille permanente. Dès qu'on entre dans un lieu quelconque, maison, pièce, parc, repérer tout de suite les issues possibles; repérer les armes potentielles autour de soi : une chaise, un stylo à bille, un coupe-papier, voire même une branche basse à demi- détachée comme celle qui pendait dans son dos. En même temps, il fallait analyser les visages. Avaient-ils pris note de votre présence ? Ou bien simulaient-ils l'ignorance comme le faisaient tous les Touristes ? Car les Touristes ne prennent que rarement les devants; ils s'arrangent pour que ce soit vous qui veniez vers eux... Là dans le parc ensoleillé, il remarqua une femme garée le long du trottoir qui paraissait avoir du mal à faire démarrer sa voiture. Un classique. Feindre l'exaspération jusqu'à ce que la cible prenne elle-même la décision de venir vous aider. Et là, vous la tenez."
Tome 2 : l'issueMilo Weawer reprend du service dans le Tourisme. Son nouveau chef Alan Drummond lui confie une mission, celle de tuer une jeune adolescente et ça c'est l'ordre de trop pour Milo tuer oui c'est son boulot mais pas des enfants et pourquoi et pour satisfaire quels intérêts? Mais une taupe chinoise s'attaque à ce département top secret de la CIA et Milo va essayer de démêler le vrai du faux entre sa vie de famille qui a complètement explosée et son service risquant d'être détruit .
J'avais accroché sur le premier tome mais là c'est encore plus addictif ! Il faut néanmoins lire le premier tome pour mieux comprendre celui-là, il y a des références à certains personnages et au passé de Milo qui reviennent ici.
Extrait : " Un silence suivit, seulement comblé par le grondement du moteur.
"Ce sont les termes qu'il a utilisés? demanda Milo.
-Il connaissait l'existence du Département, et il a ajouté qu'il y avait une taupe."
Bien que le Département croie évoluer dans un univers parallèle, entouré d'un secret absolu, Milo connaissait quelques personnes qui avaient deviné son existence-mais il s'agissait uniquement d'amis et d'alliés.
"Les Ukrainiens ont quelqu'un chez nous. C'est un peu dur à avaler."
Drummond secoua la tête.
"Marko prétend que la taupe est chinoise.
- Chinoise?
- Le Guoanbu."
Milo le regarda fixement.
"Acronyme du Guojia Anquan Bu, leur ministère de la sécurité d'état.
-Je sais ce qu'est le Guoanbu", répondit Milo, agacé." Je suis surpris c'est tout."
Tome 3 : l'étauTroisième et dernier tome de la trilogie de Milo Weaver. Cette fois il est bien décidé à profiter de sa famille. Le colonel-espion Zhu a décimé le département du Tourisme, lui-même un département de la CIA. Mais son ex-patron Alan Drummond ne songe qu'à une chose se venger. Il disparaît en empruntant un ancien nom de Milo: Sébastien Hall. Milo n'a guère le choix, il part à la recherche de Drummond et va se retrouver confronté aux sbires de Zhu, à ses ancien collègues mais à qui faire confiance. On le sent balloté comme un pion, mais qui tire vraiment les ficelles? Au final tout s'assemble façon puzzle.
J'ai été prise par le tourbillon de cette trilogie et j'ai beaucoup aimé. Peut être y aura-t'-il une suite?
Extrait : "Le département de Zhu, officiellement intitulé Agence d'Expédition (et plus communément appelé "la Cave") constituait un avant-poste du Sixième bureau, dont les missions avaient au fil des ans recoupé celles d'au moins quatre bureaux du Goanbu. Comme le Deuxième, il recrutait des agents étrangers. Comme le Septième, il rédigeait des rapports politiques à partir de renseignements collectés. Comme le Bureau des Affaires étrangères, il développait des relations avec des services de renseignements étrangers. Et en tant que Sixième bureau, il surveillait l'activité étrangère visant à déstabiliser la République populaire.
Cette expansion s'était faite graduellement en sous-main. Quand Wu Liang l'avait découverte en 2002, Zhu avait déjà fourni trop de rapports déterminants pour qu'on puisse envisager de se passer de lui. Ce n'était pas la première fois que Wu Liang utilisait le Comité de Liaison et de Supervision pour saper l'ascension de Zhu, mais cette tentative avait été la plus explosive. Les membres de plusieurs bureaux du Goanbu en étaient venus aux mains, et seule l'intervention du chef des Affaires politiques et législatives pour réprimander les deux hommes avait apaisé la dispute.
Depuis 2002, Zhu avait doublé son personnel et triplé le nombre de ses agents sur le terrain. Jusqu'au massacre des Touristes, il se sentait presque invincible.
"On est morts, lâcha Shen An-Ling quand ils furent dans son bureau au fond du couloir. Wu Liang prépare son coup depuis longtemps.
-Rien n'est encore joué", répondit Zhu en allumant un Hamlet."
Charles Exbrayat : Chewing-gum et spaghettiLe commissaire Tarchinini de son prénom Roméo est tout en rondeur et en verve. Il habite Vérone et il est bien évidemment marié à Giuletta, ancienne reine de beauté, devenue une mamma typique qui fait des spaghettis savoureux.
Il reçoit Cyrus.A.William Leacok issu d'une vieille famille de Boston et promis à un brillant avenir s'il épouse Valérie Pearson fille d'un riche industriel. Juriste de formation, celui-ci entreprend un voyage en Europe pour comparer les différentes méthodes policières.
Tarchinini et Leacook vont être confronté à plusieurs meurtres, et les méthodes de Tarchinini sont incompréhensibles pour ce bostonien aux méthodes conventionnelles et mâcheur de chewing-gum qui ne comprend rien à rien à l'Italie et surtout que tous ces meurtres n'ont qu'un seul mobile l'amour! Il finira quand même par troquer son coca-cola contre de la grappa et par succomber aux charmes d'une belle italienne!
Un roman où l'intrigue finalement ne compte pas beaucoup et s'efface devant le duo Tarchinin/Leacok le tout mené avec beaucoup d'humour sous la plume d'Exbrayat.
Extrait : " Tarchinini prit congé de la signora Meccali avec force courbettes et compliments auxquels la bonne femme répondit par autant de courbettes et de mots aimables. On eût dit une espèce de ballet interminable et minutieusement réglé. Leacok ne put supporter longtemps ce spectacle ridicule. A Boston, un flic, pour prendre congé, porte un doigt à la visière de sa casquette et grogne quelque chose à travers son chewing-gum, quelque chose que de mémoire d'homme personne n'a jamais compris, mais que, par une sorte de consentement mutuel, on tient pour aimable, afin de gagner du temps. Il empoigna carrément le commissaire par le bras:
-On s'en va?
Les deux autres s'arrêtèrent brusquement. Ils n'étaient pas habitués à ces manières. La Meccali, privée de son plaisir, faillit s'emporter, mais Tarchinini écarta l'orage en remarquant une fois de plus, sur un ton complice:
- E un Americano...
Et Cyrus A.William eut tout bonnement envie de lui flanquer son poing sur la figure."
Steve Berry : le secret des rois
L'auteur nous plonge dans l'Angleterre d'Henry VIII. En effet le livre débute en janvier 1547 au palais de Whitehall. En mourant il confie un secret qu'il tient de son père à sa femme qui était alors Catherine Parr. Puis nous voilà dans les années 2010 et retrouvons Malone qui va passer les vacances de Thanksgiving avec son fils Gary au Danemark. Mais avant il a pour mission d'accompagner un enfant Ian Dunne à Londres où la police métropolitaine le récupérera.
Mais bien sûr tout ne se passera pas aussi simplement. Ian possède une clé USB qui contient un manuscrit écrit par un proche de la reine Elisabeth 1ère, que veut s'approprier une société secrète. Des documents historiques sont dérobés et la chapelle de Windsor où Henry VIII et inhumé, est profanée. Qui est derrière tout cela une société secrète, les services secrets britanniques et américains ?
Une légende celle de Bisley Boy, les clivages irlandais datant d'Elisabeth 1ère, fille d'Henry VIII et d'Ann de Boleyn, le renvoi en Lybie d' Abdelbaset al-Megrahi condamné pour le meurtre de 270 personnes lors de l'attentat à la bombe du vol 103 de la Pan Am au-dessus de Lockerbie en Ecosse. Steve Berry relie tout cela et nous emmène dans le rues et lieux mythiques du Londres des Tudors.
J'ai beaucoup aimé.
Extrait: "Malone leva les yeux vers Mlle Mary." Je n'ai jamais entendu parler de cette histoire.
- C'est une légende qui n'avait pas franchi les limites du village de Bisley, jusqu'à ce que Bram Stocker la découvre. Il se peut très bien que ce soit seulement une légende. Mais, pendant des siècles après la mort d'Elisabeth 1ère, la fête du 1er Mai à Bisley a toujours fait figurer un jeune garçon habillé en costume élisabéthain. Curieux, non?"
Il ne savait vraiment pas quoi dire.
"N'ayez pas l'air si stupéfait, lui dit-elle. Imaginez que ce soit vrai."
Comment croire alors que ce soit suffisant- quatre cents ans plus tard- pour que la CIA monte une opération autour?"Philip Kerr: une douce flammeCe roman est le 5e de la saga Bernie Gunther (ordre de parution et non ordre chronologique). L'action se situe en Argentine, Peron est au pouvoir. Suite à des mésaventures relatées dans le tome précédent, la mort entre autres, Bernie Gunther, (ayant été ancien policier, puis détective privé) débarque à Buenos Aires sous un nom d'emprunt, Carlos Hausner. Tout comme les nazis pourchassés d'Europe y trouvent aussi refuge. Il fait même la traversée avec Eichmnann, alias Ricardo Klement. Au cours d'une enquête il rencontrera Mengele et un tas d'autres criminels de guerre qui tente de faire revivre cette douce flamme que les nazis ressentaient en présence d'Hitler sur le sol argentin et de rétablir le troisième Reich.
Dès son arrivée Bernie, présenté à Peron et à Evita par le colonel Montalban, est chargé d'enquêter sur la disparition d'une jeune fille et sur un crime sexuel. Il relie ces affaires à des crimes commis sur des jeunes filles alors qu'il enquêtait à Berlin en 1932. Enquête qu'il n'avait pu terminer, alors que l'Allemagne était en pleine montée du nazisme et qu'il avait dû démissionner de la police. Il est également approché par une jeune femme juive Anna Yagubsky qui lui demande d'enquêter sur la disparition de son oncle et de sa tante.
Entre personnages historiques et personnges de fiction, ce roman m'a permis de découvrir l'Argentine sous la premier mandat de Peron (1946-1952) ainsi que les relations entre les différents états et les nazis.
Extrait:" Je racontais tout à Anna. Tout ce que j'avais fait pendant la guerre et après, jusqu'à ce que je m'embarque pour l'Argentine. C'était la première fois que je parlais avec franchise à quelqu'un, sans rien laisser dans l'ombre ni essayer de justifier mes actes. Mais, à la toute fin, je lui dis qui était vraiment à blâmer dans tout ça.
J'en veux aux communistes d'avoir appelé en novembre 1932 à la grève générale qui a précipité la tenue d'élections. J'en veux à Hindenburg d'avoir été trop vieux pour se débarrasser d'Hitler. J'en veux aux six millions de chômeurs - un tiers de la population active - d'avoir désiré un emploi à n'importe quel prix, même au prix d'Adolf Hitler. J'en veux à l'armée de ne pas avoir mis fin aux violences dans les rues pendant la République de Weimar et d'avoir soutenu Hitler en 1933. J'en veux aux Français. J'en veux à Schleicher. J'en veux aux Britanniques. J'en veux à Goebbels et à tous ces hommes d'affaires bourrés de fric qui ont financé les nazis. J'en veux à Papen et à Rathenau, à Ebert et à Scheidemann, à Liebknecht et à Rosa Luxemburg. J'en veux aux spartakistes et aux Freikorps. J'en veux à la Grande Guerre d'avoir ôté toute valeur à la vie humaine. J'en veux à l'inflation, au Bauhaus, à Dada et à Max Reinhardt. J'en veux à Himmler, à Goering, à Hitler et à la SS, à Weimar, aux putains et aux maquereaux. Mais, par-dessus tout, je m'en veux à moi-même. Je m'en veux de n'avoir rien fait."
Jean-Christophe Portes: l'affaire des corps sans têteUn polar historique qui se passe sous la révolution. Habituée à lire la série des Nicolas Le Floch, dont les enquêtes écrites par JF Parot se situent avant la révolution (sauf les enquêtes reprises par Laurent Joffrin qui se passent en 1791), j'ai eu très envie de me replonger dans la suite de cette époque par le biais d'un autre auteur.Nous sommes donc en 1791, l'assemblée constituante travaille, à la rédaction de la constitution, la France s'agite entre révolutionnaires, aristocrates, complots et lutte pour le pouvoir
Des cadavres sans tête sont découverts dans la Seine. Le brigadier Picot qui en a fait la découverte tente de trouver les coupables mais il sera assassiné à son tour.
Victor Dauterive jeune officier de 19 ans affecté à la nouvelle gendarmerie (Gendarmerie Nationale, anciennement la maréchaussée) est le protégé de Lafayette. Il est affecté à la garde de l'Hôtel de ville. Mais Lafayette l'a chargé d'assassiner Marat considéré comme un agitateur et pourfendeur des aristocrates. Il désobéira à cet ordre, et se trouvera confronté à un complot destiné à changer le cours de la Révolution (et qui lui fera perdre son poste) et à rétablir le roi sur le trône. Bien entendu les corps sans tête seront la source de toute cette affaire. Victor va croiser de grands noms Marat, Robespierre, Hébert, Olympe de Gouges, Fragonard...
Si au début j'ai eu un peu de mal à suivre la lecture, plusieurs affaires avec des protagonistes différents, j'ai vite accroché pour aller jusqu'au bout du roman qui donne un autre éclairage sur cette partie de l'Histoire. Et comme il y a une suite, chers lecteurs, vous entendrez encore parler de Victor sur ce blog!
Extrait: " Talon et de Batz s'embrassèrent avec chaleur. Ils étaient amis depuis longtemps, et les périls dans lesquels le royaume s'enfonçait n'avaient fait que renforcer leurs liens.
- Eh bien, quelle figure! sourit le financier. Qu'est ce qui t'amène?
- Il faut mettre de côté toutes les opérations qui concernent la Compagnie du charbon.
L'ancien lieutenant civil avait parlé à voix basse, rapidement, comme s'il craignait qu'on ne l'entende. Son visage de statue grecque était assombri par l'inquiétude.
-Tu plaisantes, j'espère, s'étonna de Batz. C'est trop tard: tout a été liquidé! Nous avions besoin d'argent très vite, tu le sais bien...
Les deux hommes se turent un instant, soucieux.
- Pourquoi, veux-tu interrompre ces opérations ?
- Un homme a mis le nez dans nos affaires.
- Qui cela?
- Un gendarme. Enfin, il ne l'est plus maintenant, par la grâce de Dieu.
- Un gendarme ? fit le président du Comité de liquidation. Un cavalier? Qu'est-ce que tu me chantes là? Comment s'appelle-t-il?
-Dauterive. Un sous-lieutenant.
De Batz ne put se retenir d'éclater de rire. Puis, l'air de beaucoup se divertir, il fit quelques pas vers son bureau.
- Un sous-lieutenant de la maréchaussée, voyez-vous ça! Et pour quel magistrat travaille ce garçon? demanda-t-il, un sourire aux lèvres.
- Il travaille seul, grommela Antoine Talon. Je le croyais attaché à La Fayette, mais, à la vérité, il n'en fait qu'à son idée."
Jonas Jonasson: dernier gueuleton avant la fin du monde
Une prophétesse de l'apocalypse, un nigaud masterchef et génie, une vieille dame de 76 ans aux cheveux violets, voilà les héros du nouveau roman de Jonas Jonasson, autrement dit Pétra, Johan et Agnès. Johan, dont le frère l'a installé dans un camping-car pour mieux vendre le splendide appartement parental -un détail cependant Johan ne sait pas conduire mais cuisine divinement bien. Pétra installée brièvement dans le même camping (car le camping-car emboutira sa caravane!) a prédit la fin du monde le 21 septembre 2011 vers 21h20. Agnès, influenceuse, créatrice du personnage imaginaire Travelling Eklund grand voyageur de par le monde, et rémunérée par les marques. Ces trois-là vont donc se rencontrer et parcourir ensemble les routes pour se venger. Après avoir testé leur vengeance sur la compagne de l'amour de jeunesse de Pétra, les voilà partis en direction de Rome pour se venger cette fois-ci du frère de Johan. Rien ne se passant comme prévu, et de rebondissements en rebondissements, de gueuletons en gueuletons, ils croiseront la route de Barak Obama, Ben Ki Moon, l'ancien secrétaire de Gorbatchev et Eltsine, route qui les mènera jusqu'aux iles Condors et ensuite jusqu'au Västerbottensost un fameux fromage suédois. C'est décalé et loufoque à souhait mais ça fait du bien, on rit et c'est le principal!
Extrait: " En étudiant la carte routière, la vieille dame aux cheveux violets constata qu'il leur restait au moins une étape, plus vraisemblablement deux jusqu'à Rome. Ensuite, ils auraient encore quatre ou cinq jours devant eux avant que le ciel leur tombe (ou sans doute pas) sur la tête. Petra n'était pas tout à fait nette, mais en dehors de ce détail, Agnès n'avait pas grand- chose à redire. L'aventure avec le Danois avait été fantastique. En plus, Travelling Eklund avait enfin trouvé un vol au départ du Svalbard et se faisait plaisir chez Tiffany à Oslo. Une enveloppe de 30 000 couronnes, c'était cependant bien trop peu pour une grand fan de Tiffany.
A propos d'argent, les sommes qu'elle percevait commençaient à être importantes. Sur son compte suédois, qui plus est. Il faudrait bientôt privilégier une autre solution.
- J'ai pensé à quelque chose, annonça Agnès.
- On peut savoir quoi? demanda Petra.
A l'arrière du camping-car, Johan lança:
- Nous n'avons plus d'ail. On pourrait s'arrêter quelque part, ou bien je dois revoir mon menu?
Agnès poursuivit:
- Vous ne voulez pas que l'on profite de l'occasion pour voir du pays?
- Ca dépend du pays.
- La Suisse. C'est pratiquement la porte d'à côté.
- Vous m'avez entendu, à l'avant? De l'ail!
- On va te trouver ça, Johan, le rassura Agnès.
- Zurich. J'ai quelques millions sur mon compte en banque en Suède, et je crois qu'ils feraient bien de se volatiliser avant que, disons, le fisc les remarque.
- Et tu crois que ça va arriver au cours des sept prochains jours?
Agnès ne voulait pas risquer une nouvelle querelle. Mieux valait une demi-vérité.
- Si nous jouons de malchance, ça pourrait arriver demain matin et nous nous retrouverions avec une tête d'ail en tout et pour tout.
- Vous avez parlé d'ail ? intervint Johan"
Jean-Pierre Cabanes: Rendez-vous à Naples
Le titre m'a attirée. Et quand j'ai vu qu'il était question e Milan et de Naples, je n'ai pas résisté.
L'action se passe de mars 1848 pendant les cinq jours de Milan et l'expédition des Mille qui mènera à l'unification de l'Italie jusqu'à la commune à Paris en 1871 et la guerre franco-allemande.C'est l'histoire de Giacomo comte de Césari qui s'engage pour l'unité italienne, et participe en 1848 aux cinq jours de Milan, puis en 1861 à la prise de Gaete où s'est réfugiée Marie-Sophie reine du Royaume des Deux-Siciles l'autre héroïne de ce roman) et ensuite en 1870 à la prise de Rome, qui était alors capitale des états pontificaux, et qui terminera l'unification de l'Italie.
Entre personnages réels et fictifs, histoires d'amour et combats, des chapitres courts qui marquent le rythme et qui nous font traverser ce moment d'histoire, font de ce roman de cape et d'épée, une lecture agréable et captivante.
Extrait: "Le Del Cambio ne change pas. Dans ce riche décor, Cavour occupe une table suffisamment en vue pour qu'on le remarque, suffisamment éloignée pour qu'on ne l'entende pas. Il m'y convie après chaque visite dans son bureau à Turin. D'abord les affaires sérieuses et mes "impressions d'ambiance" de Milan, ce que j'ai entendu ou rapporté des "lieux sensibles" que je fréquente pour son compte. Je lui livre mes analyses et mes déductions. Il m'écoute avec attention, me pose des questions. Parfois, il évoque un thème, un sujet qu'il voudrait que je glisse dans une conversation avec les uns ou les autres. Le retour des Autrichiens, les défaites piémontaises n'ont pas mis fin aux colères de risorgimentalistes. C'est cela qui l'intéresse. La flamme est-elle toujours là? Sur qui pourra-t' on compter le jour où?...Il en vient à ses projets d'un royaume italien, aux alliances à nouer, aux ligues à construire."
Eric Fouassiez: Le fantôme du vicaire : tome 2 du bureau des affaires occultes
Mars 1831. C'est Louis Philippe qui est le nouveau souverain des Français. Un livre haletant qui décrit très bien le tableau politique et social de l'époque.
Extrait: " Le Vicaire...De longues mains blanches aux veines comme des serpents, un visage en lame de couteau qui hantait encore les nuits du jeune inspecteur, avec son crâne luisant, ses yeux vicieux, profondément enfoncés dans leurs orbites. C'était pour mettre fin aux agissements de ce démon en soutane que Valentin avait embrassé une carrière de policier. Et sa détermination s'était encore renforcée l'automne précédent, lorsqu'il avait découvert que cette canaille avait commanditée le meurtre de son père, une mort que tout le monde, jusque- là, avait crue accidentelle.
Ce même automne, grâce aux informations fournies par Vidocq, l'ancien chef de la Sûreté, Valentin avait été à deux doigts de mettre enfin la main sur son ennemi. Il avait investi son dernier repaire connu, au fond d'une ruelle putride du quartier Saint-Merri. Hélas! Une fois de plus, l'oiseau s'était envolé juste à temps et la cage ne contenait plus que le cadavre profané d'une nouvelle victime innocente."
Eric Fouassiez: Les nuits de la peur bleue : tome 3 du bureau des affaires occultes
Le livre prédédent se finissait sur les premières pages des nuits de la peur bleue, alors évidemment j'ai été tentée!!
Nous sommes au printemps 1832, une épidémie de choléra (appelée aussi peur bleue) sévit à Paris. Mais dans le quartier pauvre de St Merri plusieurs cadavres sont retrouvés sur lesquels il manque des organes: foie, poumon, rein. Si on ajoute à cela l'impuissance des politiques à juguler l'épidémie de choléra, il y a de quoi terroriser la population et risquer d'affaiblir le pouvoir. C'est Valentin Verne qui est chargé de retrouver les meurtriers aidé par Aglaé, qui s'est vu enrôlée dans la police, et de l'Entourloupe, un escroc repenti, et de Tafik ancien mamelouk de l'armée napoélonienne devenu le majordome de Valentin.
On y croisera également Georges Sand, Casimir Périer et Vidocq
Quant à Vidocq devenu chef de la Sureté il doit rechercher trois scientifiques travaillant à la lutte contre le choléra. Vidocq permettra également à Valentin de connaître le secret de sa naissance.
Un livre bien documenté sur cette époque , les découvertes scientifiques, ses "fake-news", les bains Mennetier en bord de Seine, la vie dans les quartiers pauvres et sur les boulevards.
On court de chapitres en chapitres où sont mêlées fiction et réalité.
Extrait: "-Faites pas celle qui comprend pas. Entre femmes, même si on est pas du même monde, on peut se montrer sincères et s'entraider un peu. Je parle de ces histoires selon lesquelles on aurait pas affaires à une épidémie mais à une tentative d'empoisonnement du p'tit peuple de Paris. Il y'en a même qui prétendent qu'les fontaines seraient souillées pendant la nuit par des agents à la solde du gouvernement. Notez, je fais que répéter ce qui s'raconte ici ou là. Je n'accuse personne.
Aglaé n'était pas autrement surprise. Elle savait déjà par Valentin que de tels racontars commençaient à circuler de façon souterraine. La flambée épidémique et l'accélération des décès faisaient naître bien des fantasmes et rallumaient les vieilles peurs liées aux fléaux du passé. Dans les beaux quartiers, c'étaient les représentants de la classe dirigeante, financiers et riches bourgeois, qui dénonçaient une maladie du peuple et les risques de contagion. Des voix encore minoritaires s'étaient même élevées à l'Assemblée pour réclamer des mesures de confinement et une limitation des déplacements dans les quartiers.
- Ne faites pas attention à toutes ces fables qui courent les rues, dit Aglaé en se voulant rassurante. Lorsque les gens sont confrontés à une menace qu'il leur est impossible de fuir ou de combattre, leur réflexe naturel est de chercher des boucs émissaires. Des responsables, quels qu'ils soient, sur lesquels ils peuvent passer leur colère. Cela les aide à surmonter leur angoisse."
Adrien Goetz : intrigue à l'anglaise
Pénélope conservatrice du patrimoine est nommée à Bayeux pour son premier poste, au musée de la Tapisserie. Ce n'est pas franchement le poste qu'elle aurait souhaité. Sa passion c'est plutôt l'Egypte ancienne et elle aurait bien aimé être à Paris auprès de son amoureux Wandrille, un journaliste. Elle va seconder Solange Fulgence. Mais celle-ci va être victime d'un attentat et restera dans le coma un petit moment. Pendant ce temps, Pénélope devra préempter à la salle des ventes de Drouot des morceaux de tapisserie, car effectivement il en manque trois mètres de cette toile à la Tapisserie. Mais est ce la bonne fin? Et quel est le lien entre la princesse Diana, les Windsor, Vivant-Denon, Napoléon, le duc de Contevil sur son ile anglo-normande et Herbert Jankuhn archéologue à l'Ahnenerbe pendant la seconde guerre mondiale?
Vous le saurez bien sûr en lisant ce livre, plaisant à lire mais un peu décousu. J'avoue que j'ai eu envie de laisser tomber dans les premières pages, mais comme je suis du genre persévérante, je l'ai terminé. Toutefois j'en ai appris un peu plus sur Bayeux et l'histoire de sa tapisserie.
C'est le premier d'une série et comme je suis du genre curieuse, je regarderais la quatrième de couverture du second au cas où.
Extrait: "Elle avait dû rire, la directrice des Musées de France, en faisant ses nominations. Pénélope à la Tapisserie. Comme Mitterrand en 1981 quand il a casé Edith Cresson à l'Agriculture et Le Pensec à la Mer. Pour un premier poste, on n'a pas tout le choix voulu, on se retrouve toujours "en région". Pénélope avait eu le malheur de dire tout haut "en province". La directeur(ou directrice, ou madame le directeur, on ne sait plus), très élégante, avait corrigé d'un ton un peu plus doux. "Madame, coupa Pénélope, j'ai passé dix-huit ans de ma vie, mes plus belles années, en province, et je dis "en Province". J'habite Paris, je n'aimerais pas m'éloigner trop.
-Vous aimerez Bayeux?
-Non merci. Le musée Baron-Gérard, avec son seul bon tableau, Sapho se jetant du rocher de Leucate du baron Gros, une belle scène de suicide pour se remonter le moral tous les matins, je ne suis même pas lesbienne, Sapho m'indiffère, et ces milliers de porcelaines plus ou moins ébréchées. Bayeux, j'y suis passée en préparant le concours."[...]
"J'étais comme vous, à votre âge. Moi aussi je suis passée par les régions, j'ai trié des cadres dans les réserves de Malmaison. Vous savez, dans ce métier il faut avoir tout fait. (La voix devenait plus flûtée.) Le poste est au musée de la Tapisserie, c'est mieux. Un musée dont le rayonnement est mondial. Il s'agit bien sûr d'un musée municipal, mais je ne serais pas fâchée, pour des raisons que vous comprendrez dans les mois qui viennent, que l'on y recrute un conservateur du patrimoine de l'Etat."
Alessandro Robecchi: de rage et de vent
Me revoici à Milan avec ce roman. J'ai aimé retrouver les quartiers et les rues et déambuler avec Carlo Montessori, concepteur d'une série télévisée à succès et détective à ses heures perdues surtout quand une intrigue se place sur sa route. Cette fois-ci, c'est Anna une Escort-girl qui est retrouvée morte dans l'appartement où elle exerçait et où Montessori l'avait suivie un soir sans pour autant profiter des charmes de la demoiselle mais avec lequel il avait discuté et qui lui avait confié un secret : un trésor qu'elle possédait. Dans le même temps un concessionnaire de voiture de luxe est abattu, un policier, et ami de Carlo, Ghezzi, habillé en moine est assommé.
Carlo est convoqué par la police, mais il culpabilise car il juste claqué la porte en partant et pense que le meurtrier en a profité.
Alors rempli d'une rage qui l'habite, il va mener l'enquête aidé par Ghezzi en convalescence, Oscar son ami journaliste et un ami d'Anna Meseret. Et puis dans ce froid glaçant qui s'est abattu sur Milan, il y a ce vent inhabituel qui souffle.
J'ai apprécié cette atmosphère, l'humour, le rythme du roman et ses références et critique de la société milanaise et italienne .
Ce roman est la suite de "Ceci n'est pas une chanson d'amour"
Extrait: "Je pouvais vous mettre dans le pétrin, Monterossi - entrave à la justice, obstruction à l’enquête, ces choses-là. Je ne l’ai pas fait pour une raison seulement : vous étiez enragé. Comme moi. Vous en avez fait une affaire personnelle. Vous dites que vous ne l'avez même pas baisée, Galinda, d'accord, je vous crois. Mais vous étiez furieux, Monterossi, vous étiez...enragé, oui. Comme moi. Pour une fille que vous avez vue deux heures, à moitié bourré, pour une fille que vous n’auriez plus jamais rencontrée. Ici, les gens pensent que je suis fou parce que j’en fais une affaire personnelle. Ils pensent que ça me fait commettre des erreurs, me tromper sur certaines évaluations… Mais vous voyez, Monterossi, je me trouve à un endroit délicat de la chaîne… après que les malheurs se produisent et avant qu’ils ne deviennent juste des classeurs aux feuilles froides, mal écrites, bureaucratiques. Je suis le derniers passage avant qu’une chose humaine… ou inhumaine, à vous de voir… avant qu’une chose humaine ne devienne bureaucratie, procès, dépositions, avocats, alinéas du code, circonstances atténuantes, aggravantes… Je vois le sang, Monterossi. Et ça me met en colère. J’ai vu chez vous le même colère, en un certain sens, je vous ai reconnu…"
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