samedi 11 mai 2019

Envie de lecture..... chapitre 1

Dans ce premier chapitre un panorama de mes lectures récentes : Irvin Yalom, Tracy Chevalier,Simone Van der Vlugt, Jean François Parot, Daniel Crozes, Youri Tynianov, Martha Batalha, Antono Garrido.

Irvin Yalom : le problème Spinoza
Le livre se déroule parallèlement  en 1656 lorsque Spinoza fut excommunié par les rabbins d'Amsterdam et banni par sa propre famille et en 1941 lorsque le Reichsleiter Rosenberg fait main basse sur la bibliothèque de Spinoza.
Que peut il y avoir de commun entre ces 2 personnages? Spinoza a remis en cause les pratiques religieuses des religions monothéistes sans pour autant bannir la réflexion théologique. Pour lui, Dieu est Nature, substance unique et infinie. Quant à  Rosenberg c'est le théoricien de la pensée nazie se passionnant pour les thèses de Houston Chamberlain. Farouche antisémite, chargé également de la confiscation des biens culturels juifs, il essaye de comprendre pourquoi Goethe qu'il vénère, admirait Spinoza.
Se sentant au dessus des êtres humains, d'une personnalité médiocre et entêté, à la limite du malade mental, il va essayer de lire l'Ethique de Spinoza sans jamais y parvenir, recherchant l'amour des autres et notamment d'Hitler, rejeté peu à peu par les politiciens nazis, comme Spinoza l'avait été par les rabbins. Il sera condamné à mort au procès de Nuremberg.

Ce récit est passionnant d'abord parce qu'il m'a fait  découvrir la société néerlandaise du XVIIème siècle,  redécouvrir Spinoza et me faire poser la question suivante :  si les psychanalystes qui dans le livre ont essayé d'éduquer Rosemberg avait pu le dévier de ses aspirations nazies, cela aurait il changé la face du monde?

Tracy Chevalier : la jeune fille à la perle
Le récit se passe à Delft au 17ème siècle. C'est le récit d'une jeune fille Griet qui est engagée comme servante dans la maison de Veermer. Son père, fabricant de carreaux, est devenu aveugle après l'explosion d'un four. Il faut qu'elle subvienne aux besoins de la famille. Engagée pour s'occuper des six enfants et du ménage avec une autre servante, elle évolue dans ce monde où l'univers de  l'épouse consiste à faire des enfants, l'intendance de la maison est géré par sa mère et son mari se réfugie dans l'atelier où personne n'a le droit de pénétrer sauf Griet pour y faire le ménage et où il ne faut rien toucher. Peu à peu Griet gagne la confiance du peintre par sa douceur et sa sensibilité et va jusqu'à préparer ses couleurs. Une relation particulière s'installe entre eux, elle est fascinée par le maître mais elle s'aperçoit bien vie qu'il faut qu'elle reste à sa place, que ce n'est pas "son" monde.
Beau roman  à la fois sur les codes de la société hollandaise de deux milieux catholique (celui de Veermer) et protestant (celui de Griet).

Simone Van der Vlugt: Bleu de Delft
L'histoire se passe au XVIIème siècle et commence plus exactement en 1654, dans un petit village De Rijp. Catrijn mariée à Govert doit partir de son village suite à la mort de celui-ci. Elle hérite de la ferme, ce qui ne plait pas à son beau-frère qui la soupçonne d'avoir tué son mari.
Finalement elle se retrouve à Amsterdam, intendante dans une maison bourgeoise. Elle est passionnée de peinture et aide la maitresse de maison à préparer ses peintures. Catrijn côtoie ainsi Rembrandt et profite des leçons de peinture données à sa patronne. Elle fait la connaissance de Mattias un jeune aventurier, frère de son patron, qui  s'embarquera vers les Indes pour y conduire un chargement de marchandises.
Mais son passé la rattrape, sous la forme de son ancien valet de ferme qui la fait chanter. Elle s'enfuit alors à Delft et est embauchée comme peintre dans la faïencerie  d'Evert, frère de son ancien patron. Elle l'aide à développer de nouvelles techniques pour faire face à la concurrence de la porcelaine chinoise. Ici, elle va côtoyer Vermeer et se fera une place dans une société d'hommes. Elle se marie avec Evert et connaitra quelques péripéties. Mais au final, elle retrouvera la sérénité, l'amour et la peinture.
J'ai été moins accrochée à l'héroïne Catrijn  qu'à celle de la jeune fille à la perle,Griet. On se doute assez de la fin du livre.. Néanmoins j'ai eu du mal à lâcher le roman,qui m'a fait découvrir cette histoire de la faïence et sa technique, qu'il fallait appartenir à la Guilde pour ouvrir une faïencerie (et être un homme), découvrir également la vie quotidienne en ville et en campagne, les incendies, drames courants en cette période où les maisons étaient en bois, les voyages sur l'eau, les fléaux comme la peste, découvrir aussi la ville d'Amsterdam de l'époque et le commerce avec l'Orient.. 
Ce livre  m'a permis de mieux connaître cette histoire, de voir que le bleu de Delft  a connu une notoriété entre 1654 et 1690  pour péricliter par la suite.

Jean François Parot : La pyramide de glace
Nous sommes en 1784. L'hiver  est glacial à Paris. Le peuple érige des pyramides de glace pour remercier leur roi pour ses actes de charité : approvisionnement de bois et de vivres. Le dégel arrive charriant  la glace dans la Seine mais aussi boue et immondices dans les rues de Paris. Au sein de l'une de ces pyramides est découvert le corps d'un femme nue et parfait sosie de la Reine. Voilà donc Nicolas le Floch commissaire aux affaires extraordinaires et Marquis de Ranreuil, qui enquête. Enquête qui le mène à travers le Paris de Louis XVI, le Paris populaire où il côtoie la misère, la sorcellerie, les revendeuses à la toilette, les marchands douteux, mais aussi le Paris des nobles et leurs moeurs dépravées et  les intrigues de la Cour où certains proches du roi cherche à compromettre la reine.
C'est le douzième ouvrage de la série et nous retrouvons avec plaisir tous les protagonistes de l'entourage de Nicolas Le Floch: Monsieur de Noblecourt ancien procureur, Catherine la cuisinière alsacienne, Aimée d'Arranet sa maîtresse, Bourdeau son inspecteur, Secmagus le chirurgien de marine qui pratique l'ouverture des corps à la basse geôle au Châtelet avec  Samson, Le Noir lieutenant général de police, Sartine ancien lieutenant de police à la retraite mais qui suit toujours les enquêtes de Nicolas et qui est toujours si bien renseigné.. Tirepot et Rabouine  les mouches. Sans oublier le vocabulaire et les expressions de l'époque si imagées.

Daniel Crozes : Monsieur le Gouverneur
1935, Alexandre Mounier  polytechnicien et officier du génie quitte sa famille d'industriels de Roquefort pour rejoindre son affectation à Madagascar. Il doit achever la construction d'une ligne de chemin de fer . Lui qui souhaite participer aux missions de la France dans les colonies déchante. En effet il découvre les comportements coloniaux qui ne collent pas du tout à son idéal.
Il rencontre Lala jeune femme issue de la noblesse malgache dont la famille est conquise par les idées d'indépendance. Il l'épouse en bravant les préjugés et s'intègre dans sa nouvelle famille. Lorsque la guerre survient, il refuse de servir la France de Pétain, la colonie ayant opté pour le régime de Vichy, il retourne à Roquefort  pour diriger l'entreprise familiale suite au décès de son père, laissant Lala dans son pays . Il participe à la Résistance. Il revient à Madagascar pour y enterrer sa femme décédée suite à un attentat.
De retour en France, il  sera arrêté par la gestapo. Par la suite, il occupera de hautes fonctions en Guinée, au Sénégal et au Gabon. Il ne se remariera jamais ayant décidé de n'aimer qu'une seule femme. Il décèdera le 25 juillet 1957 dans un accident d'avion au Sahara.
Livre prenant qui m'a fait découvrir les réalités de la politique coloniale, les espoirs d'indépendance de la noblesse malgache préludent à l'insurrection de mars 1947 qui s'est soldée par une répression sanglante. C'est aussi une belle histoire d'amour.
Daniel Crozes s'est inspiré de l'histoire de la grand-mère de son épouse.

Youri Tynianov:  la mort du Vazir Moukhtar
Un roman historique qui se déroule  à l'époque des Tsars dans les années 1828-1829. L'auteur nous fait voyager de Moscou à St Pétersbourg et jusqu'à Téhéran.  Il nous fait connaitre un contemporain et ami de Pouchkine. En effet le protagoniste de l'histoire est Alexandre Griboïedov, diplomate et poète.
En 1816, Il est affecté en Perse comme secrétaire de la légation russe. En 1822, il est affecté en Géorgie comme secrétaire diplomatique d'Alexis Iermolov. Puis il est envoyé à St Pétersbourg après le traité de Turkmantchai en 1828 dont il avait été l'instigateur et qui à permis à la Russie de conserver une position avantageuse.
Et c'est là où nous le retrouvons. Au début du livre, il entreprend de se consacrer à la rédaction d'une oeuvre, mais nous le voyons beaucoup errer de salons en salons. Mais surtout, Il attend qu'on lui confie une mission car Moscou et son aristocratie lui pèse. Il est donc envoyé en Perse comme ministre plénipotentiaire. Il faut dire aussi que cette affectation, dans ce pays où les relations sont très tendues, n'est pas le fruit du hasard. Griboïedov a été très proche de ceux qui ont fomenté le coup d'État de décembre 1825 contre l'autorité du Tsar. Les relations sont tendues car selon le traité signé en 1828 le Shah doit verser de fortes sommes d'argent à la Russie. De plus les Anglais jettent de l'huile sur le feu car ils voient d'un mauvais oeil l'expansion de la Russie.
C'est ce voyage qui nous est conté dans ce livre, son mariage  avec Nina Chavchavadze  fille du célèbre poète géorgien  Alexandre Chavchavadze à  Tiflis (aujoudh'uiTbilissi) en Géorgie, ses réflexions, ses moments d'indifférence, et son quotidien jusqu' à sa mort, ce jour du 30 janvier 1829, lorsque l'ambassade russe est attaquée. Il est enterré au panthéon de Mtatsminda à Tbilissi.
Son oeuvre principale : le malheur d'avoir trop d'esprit, comédie en vers, satire de la haute société russe.
Ce livre m'a bien plu. J'avais un peu peur de me perdre dans tous ses noms russes mais ça s'est bien passé et je me suis laissée entraînée dans ce tourbillon.

Martha Batalha : les mille talents d'Euridice Gusmao
C'est l'histoire d' Euridice Gusmao née dans un quartier populaire de Rio de Janeiro. Raconter l'histoire d' Euridice, c'est aussi raconter l'histoire de sa soeur. Toutes  les deux sont très liées. Elles refusent  que leur vie ressemble à celle de leur mère. Guida s'enfuit avec  un riche héritier et doit élever seule son enfant. Euridice se marie avec Antenor Campelo, employé de banque. Celui-ci ne peut accepter tout comme sa famille qu' Euridice sorte du rang, ni qu'elle travaille d'ailleurs. Elle doit rester femme au foyer. Eridice coincée dans sa vie d' épouse et de mère réagit en menant une seconde vie. Elle se lance d'abord dans la cuisine, puis dans la couture monte un atelier clandestin jusqu'à ce que son mari ne découvre le pot aux roses. Alors elle devient une lectrice boulimique et un jour va s'acheter une machine à écrire....
Dans ce livre nous faisons connaissance entre autres de Zélia la commère du quartier, d'Antonio le libraire amoureux d'Euridice.
C'est un livre qui fait du bien, et qui nous emmène dans son tourbillon. Je me suis vite attachée au personnage d' Euridice, débordante d'énergie, touchante, curieuse et intelligente. Je vous le recommande si vous voulez une bouffée d'air frais.

Antonio Garrido : le lecteur de cadavres
Le lecteur de cadavres à été ma première lecture d'Antonio Garrido et j'ai adoré. C'est l'histoire, inspirée de faits réels, du premier médecin légiste.
Ci Song, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est un jeune garçon d'origine modeste vivant dans la Chine du XIII ème siècle.
Après la mort de ses parents, l'incendie de sa maison et l'arrestation de son frère, il doit s'enfuir de son village avec sa petite soeur  malade.
Il arrive à Lin'an et vit dans un quartier populaire où il devient fossoyeur des champs de la mort. C'est son talent à expliquer la cause des décès qui lui vaut d'être accepté à la prestigieuse Académie Ming. Et il est également mandaté par l'Empereur pour résoudre une série d'assassinats.
Ci Song a écrit un traité sur les cas qu'il a rencontrés, traité servant de référence.
Beau travail de documentation sur la Chine impériale du 13 ème siècle, 
roman captivant et c'est bien pour cela que j'ai fini par lire d'autres roman de cet auteur!
Antonio Garrido : la scribe
Dans ce livre, nous nous retrouvons en 799 à la veille du sacre de Charlemagne.
Il nous raconte le destin de Thérèsa, une apprentie parcheminière au diocèse de Wurtsbourg. Son père, Gorgias, est scribe au scriptorium épiscopal. Alors qu'elle doit passer un examen pour devenir compagnon, un incendie se déclare à la parcheminerie. Soupçonnée de l'avoir provoqué, Thérèsa s'enfuit en emportant un manuscrit d'une grande importance. En chemin, elle rencontre Hoos, soldat de Charlemagne, Althar le trappeur. Elle arrive à Fulda où elle rencontre Helga la Noire et le moine Alcuin d'York qui l'engage comme scribe. Charlemagne arrive à Fulda. Entre temps, Alcuin et Thérèsa enquête sur une histoire de blé empoisonné. Un peu plus loin, Thérèsa fait la connaissance d'Izam de Padoue, un ingénieur à la cour de Charlemagne. Mais quel rôle jouent tous ces protagonistes, quelles sont les relations  entre Hoos, Alcuin, le comte Wilfred, Gorgias et bien d'autres ? De coups de théâtre en rebondissements, nous finissons par connaitre la clé de l'énigme et parcourons l'histoire de la Chrétienté et les affrontements entre Rome et Constantinople avec un récit qui nous tient en haleine.

Antonio Garrido : le dernier paradis

Nous sommes en 1932 à New York. La crise sévit aux États Unis. Le personnage principal est Jack Beilis. Il avait un bon poste dans l'usine Ford à Détroit. Il est licencié car il est de confession juive. Il retourne donc vivre à New York chez son père, Salomon, alcoolique et endetté. Et puis arrive le moment où Jack n'arrive plus à payer le loyer au propriétaire Kowalski. Lorsque celui vient un soir réclamer son dû avec ses hommes de main une bagarre éclate. Un coup de feu part, Kovalski s'effondre. Jack croit l'avoir tué et le seul choix pour lui c'est de fuir le pays. Aidé par son ami Andrew, idéaliste et militant communiste, celui ci le convainc de partir pour l'URSS. L'agence AMSTORG  offre aux chômeurs américains du travail dans les usines de l'Union Soviétique.
Ils s'embarquent donc pour Gorki. Là ils sont employés dans l'usine automobile de Gorki : la Gorkovsky Avtomobilny Zavod. Au fil des mois, le paradis qu'ils croyaient avoir trouvé perd de sa superbe. Ils se trouvent confrontés aux difficultés d'approvisionnement, à la vie dans un camp , à de bas salaires, à la corruption et à la bureaucratie. Puis des sabotages apparaissent dans les usines de montage. Jack qui est bilingue et doué en mécanique est engagé pour rechercher les saboteurs. Pris entre complots et trafics, il va devoir chercher qui tire les ficelles et choisir son camp.
J'ai découvert ce passage méconnu de l'histoire où des américains soit pour des raisons idéologiques soit poussés par la faim sont allés travailler en Union Soviétique. Certains disparaissent du jour au lendemain ou finissent dans des camps car ils sont  soupçonnés d'espionnage. L'Ambassade américaine refuse même de les accueillir ou de leur donner un passeport pour retourner dans leur pays .Ils sont considérés comme des traîtres.

Malgré les protestations des familles restées au pays, Roosevelt qui avait reconnu l'URSS en 1933 ne voulut pas fâcher Staline en abordant cette question. Ce n'est que sous Boris Eltsine, dans les années 1990, que la Russie a reconnu que des travailleurs américains avaient été prisonniers et fusillés dans les goulags.



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