mercredi 2 juin 2021

Envie de lecture ...chapitre 9

La période n'est pas propice aux voyages...jusqu'à quand devrons nous vivre entre confinements , déconfinements? Grâce aux livres, nous arrivons encore à nous évader du quotidien. Cette fois ci, du loufoque avec encore les aventures d' Agatha Raisin et les épopées des personnages d' Arto Paasilina. De la mélancolie avec Delphine de Vigan, des lectures plus noires avec Maurice Gouiran et Nicolas Rabel, une découverte avec Erri De Luca, un retour dans l'antiquité avec Christian Jacq, du romanesque avec Jean Christophe Rufin, de l'histoire culinaire  avec Michèle Barrière.

MC Beaton : Agatha Raisin - pour le meilleur et pour le pire
Voilà le tome 5 où le mariage d'Agatha est enfin annoncé avec son cher James, mais c'est sans compter sur l'ex d'Agatha (Jimmy Raisin) qui resurgit du passé sans crier gare ou plutôt grâce à Roy Silver l'ex-collègue d'Agatha qui dans un moment de rancoeur engage une détective pour retrouver l'ex-mari. L'idylle est donc de courte durée. Mais Agatha, qui projetait d'habiter dans la maison de James,  a mis sa maison en vente et  trouvé une acheteuse  Mme Hardy qui a signé derechef pour la maison. Et voilà qu'en plus  Jimmy est retrouvé assassiné et bien sûr,  Agatha et James sont les suspects n°1. Rien ne s'arrange donc pour notre Agatha, si ce n'est que James et elle vont devoir mener l'enquête pour se disculper.
J'aime bien cette série même si les enquêtes ne sont pas des enquêtes dignes de polars de grands crus mais elles ont leur charme et permettent un moment de détente surtout quand on sort de lectures plutôt difficiles. Et puis, j'aime bien cette ambiance de petit village anglais.

Extrait 1: 
"Le mariage d'Agatha Raisin et de James Lacey devait avoir lieu dans une semaine. Les habitants de Carsely, village ds Cotswolds, étaient déçus qu'Agatha ne se marie pas à l'église du village, mais à la mairie de Mircester, et Mrs Bloxby,la femme du pasteur, était perplexe et meurtrie.
Agatha était la seule à savoir qu'elle n'avait aucune preuve de la mort de son mari. Seule à savoir aussi qu'elle s'apprêtait à devenir bigame."

Extrait 2:
"Agatha escalada la clôture du jardin de James en se disant que le travail de détective était un peu trop physique pour une femme d'un certain âge. James, qui avait franchi l'obstacle avec légèreté et traversé l'étroite allée séparant son jardin de celui de Mrs Hardy, passait déjà par-dessus l'autre clôture. Ainsi, James s'attendait à ce qu'elle se débrouille pour le suivre, sans se soucier de lui tendre une main secourable? Elle eut l'impression d'être traitée comme un homme. Brusquement, elle eut envie que James lui prête attention, la regarde comme un homme devrait regarder une femme. Elle se dit que lorsqu'elle enjamberait la palissade de Mrs Hardy, elle l'appellerait au secours. Il lui tendrait les bras et elle y tomberait, les yeux fermés, en murmurant"James,oh,James"."


Delphine de Vigan : les gratitudes
Le livre commence ainsi : "Vous êtes-vous demandé combien de fois par jour vous disiez merci".
Ici l'auteur ne parle pas d'un simple merci pour un service rendu mais d'un vrai merci. L'expression de votre gratitude, de votre reconnaissance, de votre dette."
Un livre qui se lit certes rapidement mais qui nous bouleverse car il nous remémore des situations vécues plus ou moins de la même façon, des souvenirs . Il touche du doigt ce que sera peut-être notre fin de vie. Il y a beaucoup d'émotion dans ce livre où les mots sont justes, simples, et les phrases concises. Michka rentre en EPAHD (le mot n'est jamais écrit) car elle ne peut plus rester seule, Michka perd ses mots et ses pensées. Vont alterner les différents points de vue : celui de Michka elle-même, de Marie qui s'occupe d'elle car elle se sent redevable de Mich et de Jérôme le soignant.
Un beau livre plein d'humanité.

Extrait 1 : "Ce n'est pas vrai. Je n'imagine rien du tout. Parce que c'est inimaginable. Je pose mon bras sur le sien. Je cherche quelque chose à dire, quelque chose qui pourrait la réconforter-<<les dames sont sympas>> ou <<je suis sûre que tu vas te faire des copines>> ou << il y a pas mal d'activités>>-, mais chacune de ces phrases est une insulte à la femme qu'elle a été.
Alors je ne dis rien.
Je me contente de rester près d'elle.
Elle s'allonge sur le lit et s'assoupit.
[....] Voilà donc ce qui t'attend, Michk': des petits pas,des petits sommes, des petits goûters, des petites sorties, des petites visites.
Une vie amoindrie, rétrécie, mais parfaitement réglée."

Extrait 2 :"Vieillir c'est apprendre à perdre.
Encaisser, chaque semaine ou presque, un nouveau déficit, une nouvelle altération, un nouveau dommage. Voilà ce que je vois.
Et plus rien ne figure dans la colonne des profits."



Arto  Paasilina : les milles et une gaffe de l'ange gardien Ariel Auvinen
Je ne voyais pas  le métier d'ange de la sorte!!
Ce n'est pas le meilleur de Paasilina mais toujours dans le même esprit, des situations ubuesques, drôles. Un livre qui fait du bien!!

Extrait 1 :"la formation céleste était organisée selon le modèle terrestre classique, les  participants étant divisés en dix groupes de travail de cinquante personnes. Chacun d'eux désignait en son sein un ange de confiance qui, tout au long du stage, veillait à la cohésion du groupe et gérait les relations avec les intervenants. L'objectif était de soutenir et de renforcer la  cause commune de la protection de l'humanité. Il s'agissait en particulier de favoriser les échanges ouverts, indépendamment de l'expérience spirituelle, des pratiques religieuses et du statut de chacun, et d'investir dans les ressources célestes que représentaient les anges débutants en leur donnant des modèles grâce auxquels ils pourraient mettre en pratique les enseignements du séminaire afin de protéger au mieux les êtres humains, et pourquoi pas les animaux."

Extrait 2: "Sauvés !" eut le temps de crier Aaro, mais le constat était prématuré. Le corbillard roulait trop vite et, quand la ligne droite se termina par un virage, il continua droit dans les champs tel un missile noir. A la lisière de la forêt, il capota, s'écrasa sur le toit et s'immobilisa, les roues vers le ciel. Des centaines de livres éjectés par les fenêtres et par le hayon jonchaient le sol, leurs pages palpitant dans le léger vent sec du printemps. L'ange gardien Ariel Auvinen fondit tel un faucon émerillon sur la plaine recouverte de livres et contempla, catastrophé, le résultat de son intervention.
"Bordel de Dieu" laissa-t-il échapper."



Maurice Gouiran: tu entreras dans le silence
Un passage de l'histoire que je ne connaissais pas.
En décembre 1915, Paul Doumer se rend à Pétrograd car il souhaite demander des renforts en hommes auprès du Tsar Nicolas II,  car l'armée française  a perdu 360000 morts en 1914 et 320 000 en 1915, et les hommes des colonies et les jeunes de 19 ans  engagés ne suffisent pas à compenser les pertes. Il conclut  donc un deal avec le Tsar: des hommes contre des fusils,  car si l'armée du Tsar est nombreuse elle est sous équipée. Cest ainsi que 44 000 hommes et 750 officiers repartis en 4 brigades sont envoyées pour combattre aux côtés des français.
La première  brigade commandée par le général Lokhvitski arrive à Marseille en avril 1916. La troisième brigade arrivera en France en aout  et les  2eme et  4eme brigades iront combattre sur le front d'Orient dans les Balkans. La France aura à charge le transport maritimes des soldats, leurs tenues seront russes et les armes françaises.
Les troupes ne sont pas opérationnelles de suite et s'entrainent au camp de Mailly avant de rejoindre le front de Champagne au fort de la Pompelle, puis au printemps 1917 participeront à l'offensive Nivelle "bataille du chemin des Dames". Le premier épisode de la  révolution russe a lieu en  en février 1917 provoquée par ma pénurie alimentaire, la lassitude face à la guerre. Le Tsar abdique le 15 mars 1917 et laisse place à un gouvernement provisoire auxquels les militaires ont prêté serment le 13 avril.. Les soldats russes combattants en France sont déstabilisés et  les hommes se scindent entre communistes et loyalistes. Le commandement français pour éviter la propagation d'idées communistes, décide d'éloigner les soldats russes en les envoyants au camp de La Courtine en Creuse début juillet. Il s'agit d'environ 10 000 soldats qui veulent rentrer en Russie,ils prennenet le pouvoir et gère les affaires du camp. Les loyalistes eux ont rejoint le village de Felletin. 
Après des semaines de négociations Paul Painlevé décide le blocus de La Courtine et les 16 et 17 septembre, il fait tirer les canons. Les autorités russes vont classer les mutins en 3 catégories : les responsables des troubles seront envoyés en détention sur l'ile d'aix, d'autres rejoindront l'armée française et composeront la Légion Russe et d'autres seront engagés omme travailleurs militaires. Ceus qui refusent seront envoyés aux travaux forcés en Algérie.
Cette histoire nous est racontée au travers de 4 soldats Slava, Kolya, Iouri et Rotislav qui se sont engagés pour des motifs différents. Ils seront confrontés à la violence des bas quartiers de Marseille, à la violence de la guerre dans les tranchées pour finir par la violence de la répression de La Courtine. Arriveront-ils tous à vivre leur utopie?

Extrait 1:
" Je pousse la porte du bar de Colonies. La petite salle est bondée. L'atmosphère est chaude, épaisse et enfumée. L'odeur du tabac gris se mêle à celles de la transpiration, de l'alcool et des eaux usées. Le sol est recouvert d'une couche de sciure sale. Derrière le comptoir, le bistrottier nous calcule à peine. Ici, plus rien n'étonne. Pourtant nos uniformes sont nouveaux dans le paysage, ils indiquent notre provenance. On ne parle que de l'arrivée des Russes à Marseille. J'ai parfois l'impression que toute la ville nous a vu défiler mais nous restons transparents pour le maître de lieux!
Le plus surprenant, ce sont ces grappes d'hommes agglutinés autour des tables, des gars parfois venus de très loin qui semblent ici chez eux. Pour ces tirailleurs sénégalais en tenue ou ces matelots blasés qui ont navigué sur toutes les mers du monde, Marseille est une ville familière, une seconde patrie.
J'aime bien cette ambiance où l'on se côtoie sans façons. Ca ressemble un peu au monde que j'espère, un monde de fraternité où l'on s'aborde mutuellement."

Extrait 2:
"Ces derniers mois ont été atroces. Nous avons perdu nos habitudes d'hommes civilisés. Parler, penser, écrire... tout est devenu difficile, ou plutôt superflu.
D'ailleurs j'ai arrêté la rédaction de mes notes quotidiennes.
Ecrire, ça servirait à quoi?
Comment exprimer sur le papier,avec des mots, ses états d'âme, cette horrible impression d'être broyé par l'Histoire, ce pénible pressentiment qu'il ne pourra subsister aucune trace de ce que nous vivons parce que ce que nous vivons est indescriptible.. Il ne sert à rien de témoigner lorsqu'il n'existe aucun vocabulaire pour cela?"


Nicolas Rabel : Une libération
Le commissaire Bellanger, aidé du lieutenant Chenu, va interroger les pensionnaires de la maison de retraite de Sainte Cécile  à Auray suite au meurtre d'un de ses résidents. Le commissaire va  notamment interroger Odette Dulac. Il ne s'agira pas d'une enquête policière à proprement parler, mais plutôt d'un prétexte pour nous faire revivre la vie sous l'Occupation à Paris lors de la seconde guerre mondiale.
Dès les premières pages nous sommes en octobre 1943 lorsque la pression allemande se fait plus forte du fait des attentats contre l'occupant qui sont de plus en plus nombreux. Odette raconte sa jeunesse qui d'insouciante devient l'heure des choix, de 1940 lors l'entrée des allemands dans la capitale à la libération. Au fil des pages nous naviguons entre passé et présent .
Le commissaire de police fraîchement nommé et débutant commence à se demander si la vieille dame n' a pas saisi ce prétexte pour raconter sa vie et ne le mène pas un peu en bateau. On a bien une petite idée de la fin mais là n'est pas le but. Interrogatoires, famine, misère, trahisons, marché noir, méfiance, insécurité et à la fin la joie de la libération "C'était une énorme respiration après des années d'asphyxie" mais aussi ses exactions commis par les RAM "Résistants du Mois d'Aout" qui ayant bien profité de la guerre veulent se racheter une bonne conscience et par les "honnêtes gens " avides de revanche.
La libération n'est pas ici uniquement la libération de Paris mais plutôt la libération d'une vieille dame qui a souffert dans son corps et dans son âme. 
J'ai adoré!!

Extrait 1: 
D'un conservatisme endurci, le régime de Vichy nous a tous entraînés dans une politique d'austérité et d'exclusion, réglée sur l'heure allemande, au propre comme au figuré. Alors après avoir été assommé par la défaite de 40, nous avons lentement sombré dans un profond désespoir. Nous finissions par ne plus avoir de projets, par ne plus penser au futur qui nous semblait totalement incertain. Ce fatalisme ambiant était une véritable arme pour les Allemands et le gouvernement de Vichy qui en profitèrent pour nous avilir, faire de nous un troupeau discipliné, nous demandant de nous dénoncer les uns les autres, soi-disant dans l'intérêt de la Nation. Créer la suspicion pour éviter tout soulèvement. Sauf qu'en poussant trop loin cette tactique, en la transformant en misère, ils ont fini par se mettre tout le pays à dos. Cette misère, d'abord matérielle, puis psychologique avec tout ce qui se passait, a fini par faire prendre conscience à une majorité du danger qui guettait le pays si on laissait faire ceux qui nous dirigeaient."

Extrait 2: "En passant à côté d'une petite place, j'aperçois deux hommes rudoyés par des Parisiens en colère. Les femmes sont  les plus virulentes dans la mêlée,où d'autres tentent de les calmer pour éviter que la situation ne tourne au tragique. Plus loin, je suis deux autres fois témoin de ce genre de scène. On règle ces comptes. Beaucoup craignent plus que jamais que certains profitent plus que jamais que certains profitent pour faire justice eux-mêmes de ce moment où l'autorité de la France n'existe plus vraiment. On redoute aussi la multiplication des vols, les réquisitions abusives de la part de résistants malveillants, les pillages systématiques. Et dans ce contexte, il incombe toujours à nos compagnies de quartier de faire respecter l'ordre en attendant que l'on instaure à nouveau un pouvoir officiel."


Erri de Lucca : impossible
C'est la première fois que je lisais cet auteur. Cela a été une vraie découverte. 
Nous sommes en Italie dans les Dolomites haut lieu de l'escalade et de la randonnée. Un homme part faire une randonnée et tombe dans le vide. L'alerte est donné par un autre homme qui lui aussi randonnait dans ce coin de montagne. Or ses deux hommes se connaissaient et faisait partie du même groupe révolutionnaire quelques 40 ans plus tôt. Le premier avait livré le second et tous ses camarades à la police. Ce qui fait dire au jeune juge qui est chargé de l'enquête que c'est le second homme qui l'a poussé dans le vide pour se venger. D'autant plus que ce dernier à la suite de la dénonciation avait fait plusieurs années de prison.
Le livre commence donc par l'interrogatoire du suspect qui est mis en garde à vue. Durant cet interrogatoire on assiste à l'acharnement du magistrat qui  veut à tout prix l'inculper car pour lui il y a forcément un lien avec le passé. Les joutes verbales alternent avec une correspondance que le suspect écrit à la femme qu'il aime et qu'il nomme Ammoremio. Lettres qu'il n'enverra pas mais qu'il lui remettra en mains propres s' il est disculpé.

Un style simple, des mots justes et une construction originale  puisque les lettres permettent les  réflexions philosophiques et métaphysiques  et l'interrogatoire un jeu de chat et de souris où le suspect ne livre rien au magistrat et essaie de l'amener sur des pistes de réflexion et où le magistrat tente par  moults pièges de lui faire avouer le crime.
Une réflexion sur l'engagement, la justice, l'amitié.

Extrait 1 : "Impossible c'est la définition d'un évènement jusqu'au moment où il se produit. Vous aurez beau mettre tous les zéros que vous voulez, la statistique et vous ne pouvez nier les coïncidences. Elles existent en dépit des zéros. Quantité de découvertes en ont été la conséquence, et aussi quantité de désastres. Une personne passe sur un pont au moment où il s'écroule. Tant d'autres y sont passées juste avant. Les coïncidences sont une constante, elles n'ont rien de rare. Que nous nous soyons trouvés, cet homme et moi, à quelques centaines de mètres de distance au même moment, dans cet endroit désert est pour moi un hasard évident et inexorable."

Extrait 2: "Le dialogue avec le jeune magistrat avance bien. Il cherche des preuves avec un drone, il joue avec ça et avec l'hypothèse qu'il veut démontrer. Moi je suis son adversaire.
Il m'a cité un vers de Racine que je connais bien, à propos de la vengeance. Il essaie de m'impressionner avec sa culture parce qu'il sait que je ne suis pas allé à l'université. Mais j'ai sûrement plus lu que lui."

Christian Jacq: Egypte l'ultime espoir -La vie héroïque du grand prêtre Pétosiris.
Dans ce roman, Christian Jacq a choisi de nous faire revivre l'Egypte au temps de la domination perse (Il s'agit ici de la 2eme invasion  qui a duré 9 ans) à travers le grand prêtre Pétosiris. Celui-ci a bel et bien existé et son tombeau se trouve Touna el Gebel à 12 km au sud d'Hermopolis. Il a été découvert par Gustave Lefèbvre en 1919 qui a consacré 3 volumes à sa découverte. Les dates de sa vie ne sont pas connues précisément  mais il aurait  commencé sa charge entre 341 et 332 av JC et pourrait avoir vécu jusqu'à la fin du règne de Ptolémée 1er en 285.
Nous sommes donc en 324 avant JC au temps où les Perses occupent le pays et où  survient l'invasion grecque d'Alexandre le Grand, à Hermapolis, cité de Thot (dieu des savants et des scribes)
Les Perses assujettissent les Egyptiens et sont déterminés à détruire la civilisation des pharaons. Raser les temples, tuer les insoumis, enrôler les hommes dans leur armées, interdire l'école aux filles, marier les égyptiennes à des soldats perses voilà ce que doivent endurer les égyptiens.
Le grand prêtre Pétosiris et son épouse Année-Heureuse décident de résister  et de se soulever face à leur occupant Darius et son chef de police Xerxès. Ils vont donc recruter des fidèles et faire face aux complots et trahisons de toutes sortes.
Un roman haletant  que j'ai beaucoup aimé, comme d'ailleurs en général les livres de Christian Jacq,  qui sous la forme de roman nous fait revire les aspects historiques et quotidiens des égyptiens.
Et puis on retrouve le Vieux et Vent du Nord, figures emblématiques, qui traversent les dynasties comme par magie!!

Extrait 1: "Contenant son ardeur, le grand prêtre adopta, quoi qu'il lui en coûtât, la stratégie que lui proposa Année-Heureuse:jouer au vaincu, si épouvanté qu'il n'osait même pas émettre la moindre protestation. Admettant sa défaite totale, Pétosiris devenait, malgré lui, un précieux allié des Perses, qui l'utiliseraient pour renforcer leur Empire. Comment Darius imaginerait-il qu'un dignitaire sans force, réfugié dans sa spiritualité désuète, aurait l'idée de bâtir un réseau de résistants?"

Extrait 2: " Enthousiastes, les ritualistes Oulis et Tefnet se multiplièrent afin d'organiser au mieux la fête des défunts. A de nombreux endroits d'Hermopolis, sous le regard de l'armée et de la police perses, on dressa des autels sur lesquels furent déposées des offrandes. Sur le seuil de chaque maison et sur chaque terrasse, une lampe à huile. Les bustes des ancêtres furent décorés de colliers de fleurs, le Vieux et Vent du Nord livrèrent des jarres de vin dans les différents quartiers de la cité, où régnait une joyeuse effervescence.
Les ancêtres "ceux qui sont devant", selon l'enseignement des hiéroglyphes, ouvraient le chemin de l'éternité, au-delà de la brièveté de l'existence terrestre."

MC Beaton : Agatha Raisin - Vacances tous risques-
Voilà le tome 6 des aventures d'Agatha. Son mariage étant raté elle décide néanmoins de partir à la recherche de James qui a fait ses valises pour Chypre où ils auraient dû passer leur voyage de noces.
Elle y fait la connaissance d'un groupe d'Anglais Rose Wilcox et son époux Trévor et leur ami Angus King, Olivia Debenham et son mari  George et leur ami Harry Tembleton. Elle finit par retrouver James et ils emménagent dans la villa qu'il a louée. Mais bien sûr avec Agatha pas de vacances sans meurtre!!
Et donc la voilà qui tente d'enquêter bien que le policier local Pamir tente de la dissuader ainsi que deux tentatives d'assassinat sur sa personne!!
Une histoire simple, sans prise de tête parfait pour la détente.

Extrait 1: 
"Agatha rejoignit sa chambre et commença à rechercher dans ses vêtements quelque chose qui puisse éclipser Olivia. Il y avait un téléphone sur la table de chevet. Sans trop réfléchir, elle jeta quelques-unes de ses tenues les plus colorées sur le lit et composa le numéro de Mrs Bloxby, la femme du pasteur de Carsely.
<<Agatha! répondit celle-ci. Vous tenez le choc? Nous avons lu  tellement de choses dans les journaux sur ce meurtre.>>
Agatha lui raconta les évènements en regardant par la  fenêtre la Méditerranée et les lointains bleutés en se disant que Carsely était décidément bien loin.
<< Et ce meurtre vous a sans doute rapprochés, vous et James? demanda la femme du pasteur, une fois le récit d'Agatha terminé.
-Pas vraiment, répondit Agatha dans un soupir. Vou connaissez James.>>"

Extrait 2:
" << Je suis une excellente enquêtrice, répliqua Agatha, furieuse cette fois. Si vous ne me croyez pas, appelez donc la police de Mircester. Ou demandez à James!>>
Olivia émit un petit rire cassant!:<< Si vous vous en souvenez encore, très chère, c'est votre James qui nous a dit que vous faisiez des gaffes.>>"




Jean Christophe Rufin: les sept mariages d'Edgar et Ludmilla
Une histoire d'amour durant les 50 dernières décennies, un conte contemporain. Tout commence pour Edgar par un voyage en Russie en 1958 pour finir dans un village du Berry en passant par les villes d'Europe, les Etats Unis ou l'Afrique du Sud.
Une vie intense comme celle de l'auteur qui a lui aussi parcouru le monde et s'est marié et remarié plusieurs fois avec la même femme. Autobiographique? Peut etre un peu sous certains aspects.. Toujours est-il, ce dont je ne doute un seul instant,  qu'il a l'air de s'être bien amusé en écrivant ce livre.. Dans les situations décrites d'Edgar et Ludlilla, on ne peut s'empêcher de penser à des contemporains comme La Callas, Bernard Tapie ou même Dominique Strauss Khan.
Ce livre s'inscrit comme une longue enquête menée par le narrateur entre consultations d'archives ou interviews des intéressés et de leur proches sur ce couple qui n'arrête pas de rebondir au fil des déconvenues, faillites , déboires en tout genre, entre pauvreté et richesse mais riches toujours de leur seul amour.
Je me suis laissé emporter par ce tourbillon car la plume de Jean Christophe Rufin est un régal, mais ce n'est pas le livre que j'aurais préféré de lui .

Extrait 1:
"Cette amitié avait donné à Edgar l'occasion d'être embarqué dans cette histoire de traversée de l'URSS. Moyennant la gratuité de son loyer (que Paul négocia avec son père), Edgar devint la cheville ouvrière du projet. Son sens pratique, son énergie et sa bonne humeur firent merveille. Il résolut un nombre considérables de problèmes concrets"

Extrait 2 : 
"Pour imiter si bien la folie, il fallait en avoir éprouver certains aspects. Ludmilla connaissait l'angoisse quand elle était poursuivie dans l'obscurité par des ombres menaçantes. Elle connaissait la mélancolie des nuits d'été quand la solitude vous écrase et que tout autour de vous, est hostile et fait obstacle au bonheur que la nature offre avec tant de force. Elle connaissait les hallucinations qui font venir des mélodies dans la tête, au point qu'il est inutile de les  jouer pour les entendre distinctement. Elle connaissait le délire du rêve lorsque l'esprit vagabonde et qu'on le suit dans d'autres mondes."

Michèle Barrière : le sang de l'hermine
L'action se passe sous François 1er en 1516. Nous sommes à la Renaissance avec des rois comme Charles Quint et Henri VII qui ont, tout comme François 1er, soif de grandeur. François 1er vient d'ailleurs de gagner la bataille de Marignan (eh oui 1515!!). Le roi charge Quentin Du Mesnil  d'aller chercher Léonard de Vinci en Italie et de le ramener à Amboise. Quentin, jeune hobereau normand,  est le compagnon d'enfance de François 1er, il est devenu par la suite son maître d'hôtel. Le voici donc qui part en Italie mais le voyage ne se déroule pas comme il le souhaite. D'une part Léonard n'a aucune envie de venir en France et d'autre part il est traqué par des hommes de mains qui mettent sa vie et celle de Quentin en danger. De plus la soeur de Quentin, Mathilde, au caractère bien trempé et fantasque contrairement à son frère,  est accusée de meurtre à Rouen. 
Où l'on découvre ou redécouvre le génie de Vinci et de ses inventions en avance sur son temps, la cuisine italienne, la mode avec les tissus et la vie sous la Renaissance.
Ce n'est pas tant l'intrigue policière qui compte ici  mais l'ambiance de cette époque. Et puis  c'est à cette époque que sera construit le château de Chambord.
Et en  fin de volume, comme toujours, quelques recettes d'époque.

Extrait 1: 
"La chevauchée était si rude que Quentin s'écroulait de sommeil sitôt arrivés à l'auberge. Il s'était accoutumé au régime sans viande de Léonard, et ne s'en portait pas plus mal. Les minestra de haricots avec des pâtes, de l'ail, du laurier lui plaisaient beaucoup, tout comme les tourtes de bettes avec de la ricotta et des raisins secs. De toute évidence, personne n'était à leurs trousses. Peut-être, comme l'avait évoqué Léonard, l'épisode florentin n'était qu'une farce de mauvais goût. Quentin avait du mal à y croire et restait sur leur garde."

Extrait 2:
"Qu'une fois de plus Léonard  n'ait pas été purement et simplement trucidé montrait que le commanditaire avait l'intention de faire durer le jeu. La mise en scène faisait partie de la vengeance. Il s'agissait donc d'un individu, certes à l'imagination fertile, mais doté de moyens financiers importants et qui connaissait les points faibles et les passions de Léonard. Quentin lui, était loin d'avoir perçu toutes les facettes du personnage. Qui le pourrait d'ailleurs?

Recette de la  crème de haricots aux figues-tirée du Platine de François 1505-:
Pour 4 personnes : 300 g de haricots secs, 1 l d'eau, 2 oignons, 4 figues fraîches, beurre, sel et poivre.
Faire cuire les haricots dans l'eau. Les égoutter. Les passer au mixer. Couper les oignons en rondelles, les faire frire au beurre. Ajouter les figues coupées en lamelles, le sel et le poivre. Faire dorer quelques minutes. Servir sur la crème de haricots.

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