Voilà un monument que je n'avais encore jamais visité . C'est à l'occasion de l'exposition "Valadon et ses contemporaines" que je me suis décidée à prendre la route pour Bourg en Bresse. J'avais opté pour une visite commentée de l'exposition et celle-ci a lieu seulement le mercredi à 10h00, la réservation se faisant en ligne sur le site internet.
Mais avant de parler de l'exposition, quelques mots sur le monastère que j'ai visité également (tant qu'à faire!!) le billet étant valable à la fois pour l'expo et la visite du site.
Le monastère de Brou est né de la volonté de Marguerite d'Autriche (1480-1530), édifié en hommage à son mari défunt Philibert le Beau.
Marguerite n'a pas eu la vie facile bien qu'elle soit fille d'empereur (Maximilien 1er) et de duchesse (Marie de Bourgogne).
Née à Bruxelles en 1480, elle a d'abord été fiancée à l'âge de 3 ans à Charles VIII, fils de Louis XI, afin d'assurer l'alliance de la France et de la Bourgogne, le traité d'Arras de 1482 s'ensuivit. Charles VIII sera roi de France à l'âge de 13 ans en 1483. Mais il répudia Marguerite en 1491 quand il épousa pour des raisons politiques et d'alliances Anne de Bretagne, ce qui lui permis d'unir le duché de Bretagne au royaume de France.
Marguerite est donc restituée à son père en 1493 avec une grande partie de sa dot (encore heureux!!). Elle retourne aux Pays Bas en ayant une dent contre la France (on la comprend!). Son père la fiance avec l'infant d'Aragon Juan héritier des royaumes d'Aragon et de Castille (parallèlement il négocie le mariage de son fils Philippe avec la soeur de Juan, Jeanne de Castille).
Marguerite épouse donc Jean mais, manque de bol, 6 mois après, celui-ci décède. Au bout de 2 ans retour à la case départ : Bruxelles, elle a 20 ans. Il faut donc retrouver un allié à la maison austro-bourguignone et c'est vers la Savoie que le père de Marguerite se tourne.
Son mariage avec Philibert II de Savoie (Philibert le Beau) est négocié et a lieu en 1501 et la Savoie rentre dans le fief de la maison des Habsbourg. Ils s'installent à Pont d'Ain. Elle prend vite en main les affaires politiques savoyardes. Mais en 1504, Philibert meurt des suites d'un accident de chasse. Elle refusera de se marier à nouveau (cette fois là on lui destinait Henri VII Tudor)
La construction du monastère débute en 1506 et finit en 1512. Par la suite, l'église est édifiée de 1513 à 1532.
En 1506, à la mort de son frère elle s'en retourne aux Pays Bas pour s'occuper de son neveu (Charles Quint) et de ses nièces. Elle devient la gouvernante des Pays Bas en 1507 et établit sa cour à Malines. Elle soutient son neveu lorsqu'il brigue la couronne impériale en 1519 à la mort de Maximilien 1er, contre Francois 1er, fils de Louise de Savoie, soeur de Philibert.
Elle restera une femme de la Renaissance riche mécène et protectrice de la littérature, de la musique et des arts. Sa devise Fortune Infortune Fort Une met en avant ses malheurs causés par le sort et endurés tout au long de sa vie.
En espérant n'avoir pas été trop ennuyeuse avec cet aperçu historique, le lien avec l'exposition se fait dans la lignée de ce que fut Marguerite c'est à dire une mécène des arts.
L'expo se découpe en plusieurs parties et dans la première est abordée le contexte historique. Les femmes artistes appartiennent soit à un milieu artistique au sein de leur famille soti à un milieu aisé qui leur permettent de pouvoir aller dans des écoles spécialisées privées. Elles peignent alors ce qu'elles ont sous les yeux c'est à dire leur famille, leur quotidien.
Le salon officiel des arts ne leur est pas accessible facilement et pour remédier à cela la sculptrice Hélène Bertaux crée l'Union des Femmes Peintres et Sculpteurs en 1881.
Ce n'est qu'en 1897 qu'il leur est possible d'accéder aux Beaux Arts et en 1903 d'accéder au prix de Rome (qui fut fondé au 17ème siècle).
En 1914, les femmes assureront les métiers des hommes alors au combat.
La chauffeuse de Tramway de Georges Achille Fould en 1914 |
La deuxième partie est consacrée à la peinture de Suzanne Valadon (1865-1938) et la montre du statut de modèle à l'artiste renommée qu'elle a été et surtout elle la fait reconnaître comme artiste à part entière et non seulement en tant que mère du peintre Utrillo ou femme d'André Utter.
Suzanne Valadon s'est formée toute seule et ne pouvant pas devenir artiste de cirque suite à un accident, elle pose alors comme modèle auprès de Renoir, de Puvis de Chavannes et de Toulouse Lautrec. A l'époque elle fait aussi des dessins puis elle rencontre Degas et devient son élève. Il lui enseigne la gravure et lui permet de développer son talent. Elle fait ses premiers portraits dont celui d'Erik Satie en 1892.
En 1894 elle est la première femme à être admise à la Société Nationale des Beaux Arts.
Elle prend pour modèle les personnes de son entourage, sa famille, sa gouvernante. Le trait bleu foncé du contour de ses figures est une caractéristique de Valadon.
La chambre bleue 1923 |
Dans la chambre bleue, elle reprend les postures des Vénus alanguies mais c'est en fait un manifeste de la femme libre, sa Vénus est en pantalon, fume et lit des livres.
La troisième partie aborde la reconnaissance des artistes peintres et sculptrices féminines dans le monde des arts. Pour se faire, elles utilisent leurs relations avec des artistes connus, leur compagnon ou compagne, leurs mécènes, leurs galéristes, et leurs amis. Elles se représentent aussi en autoportait.
Emilie Charmy- autoportrait-1923 |
Portrait de la galériste Berthe Weill -vers 1915-1920 par Emilie Charmy |
Marie Laurencin -Autoportrait-1905 |
La quatrième partie est consacrée la place de ces femmes dans les mouvements d'avant garde: pointillisme, fauvisme, surréalisme, cubisme ou peinture abstraite.
Comme Lucie Cousturier (1876-1925) pour le pointillisme. Lucie est l'élève d' artistes néo-impressionnistes comme Seurat ou Signac.
Jardin -Lucie Cousturier vers 1923 |
Le cubisme chez Juliette Roche (1884-1980). Issu d'une riche famille, elle se forme à la peinture à partir de 1898 dans des ateliers privés à Paris. Elle se marie à l'artiste cubiste Albert Gleizes.
Le porrôn- Juliette Roche 1916 |
Le surréalisme chez Rita Kernn Larsen (1904-1998). Elle étudie le dessin à Paris à l'Académie Moderne du peintre Fernand Léger. Sa première exposition a lieu à Copenhague en 1934. En 1948, elle délaissera le surréalisme pour l'abstraction.
La promenade dangereuse -1936- Rita Kernn Laren |
La cinquième partie pose la question: existe il des sujets féminins?
Au début du 20e siècle, les sujets sont les intérieurs, la maternité, les natures mortes et bouquets mais chacune les travaillera à leur manière car elles peuvent difficillement à l'instar d'un Toulouse Lautrec, aller dans des cabarets pour peindre.
Plat d'étain-1920-Suzanne Valadon |
Séraphine de Senlis (Séraphine Louis) (1864-1942). D'origine modeste, cette femme de ménage peint des motifs décoratifs. Elle est morte dans la misère la plus totale à l'hôpital psychiatrique. Un film "Séraphine" lui est dédiée avec Yolande Moreau dans le rôle principal.
Bouquet de Fleurs sur fond rouge-Séraphine de Senlis-1925-1930 |
Tamara de Lempica (1898-1980) est représentative du mouvement Art Déco. Elle reçoit l'enseignement de Maurice Denis du groupe des nabis, et d'André Lhote du mouvement cubiste.
Les arums -Tamara de Lempicka 1935 |
Ces artistes représentent leur époque et notamment l'orientalisme avec ce portrait de femme berbère de Lucie Billet (1862-1906). Elève de William Bouguereau et d' Henri Lucien Doucet.
La derniere partie traite du nu.
Au déut du 20e siècle, Il n'était pas bienséant pour les femmes de représenter des hommes et des femmes nus.
Camille Claudel a du rhabiller sa valseuse pour pouvoir l'exposer. Quant à Suzanne Valadon, qui réalise des nus à partir de 1893, elle a du mettre une feuille de vigne à son modèle masculin (où elle se représente avec André Utter)
Suzanne Valadon -Adam et Eve- 1909 |
Camille Claudel- la Valse |
Chana Orloff- l'adolescent -1921- |
Chana Orloff -le torse-1912 |
Georgette Agutte-Femmes à la coupe d'oranges-1910-1912 |
Après l'expo, une visite du monument s'impose! Du cloître des hôtes qui est le premier cloître situé à l'entrée et qui comme son nom l'indique accueillait les hôtes de passage, on s'engage dans la nef de l'église (de style gothique flamboyant). Lors de ma visite il s''y tenait une exposition de lego représentant de grands monuments français.
Nef |
La nef avec le jubé au fond |
A l'époque , la nef n'était ouverte aux fidèles que pour certaines grandes fêtes de l'année.
Puis en passant sous le jubé nous rejoignons le choeur.
Le jubé un des rares conservé en France |
Le choeur et ses stalles |
les stalles de chênes |
Puis au centre du choeur se trouvent les tombeaux.
Tombeau de Marguerite d'Autriche sur la gauche |
Tombeau de Philibert le Beau au centre |
Sur ces deux tombeaux, ils sont figurés deux fois , à l'étage supérieur vivant les yeux ouverts et à l'étage inférieur, morts les yeux clos. La devise de Marguerite figure également sur le fronton de son tombeau.
Tombeau de Marguerite de Bourgogne, mère de Philibert à droite |
Chapelle de Marguerite d'Autriche |
Choeur vu du haut |
Armoiries des familles de Philibert et Marguerite |
Philibert |
Ensuite nous arrivons dans les appartements de Marguerite où lui est dédié un espace sur sa vie dans les trois pièces de son appartement.
Robe de Marguerite |
Ensuite, nous entrons dans une grande salle qui servait de réception et qui abrite des oeuvres de la Renaissance et parmi celles-ci de nombreux polychromes et meubles.
Saint Lettré ou Saint Yves patron des avaocats? 15eme siècle |
Vierge à l'enfant-seconde moitié du XVème siècle -Bourgogne- |
Puis la visite se poursuit dans le dortoir des moines où sont abritées les collections de peintures et de sculptures du musée.
Cellule de moine |
Cellule de moine (la même mais dans l'autre sens!) |
Pérouges- Place du tilleul-Utrillo-1936 |
Nous pénétrons ensuite dans les appartements du Prieur et finissons la visite de l'étage par la salle des porcelaines. Nous arrivons au dessus du cloître des commis de style bressan. Le bâtiment abritait la cuisine, les fours et la réserve de provisions, une chambre pour les domestiques et une prison.
Les appartements du prieur |
Les appartements du prieur(le même dns l'autre sens!) |
Jardinière à oignons -vers 1765- |
Le cloître des commis avec sa cour pavée et son puits couvert |
La visite se termine et nous rejoignons le parvis afin d'aller enfin se restaurer de gâteau de foie et de poulet à la crème!!
Façade de l'église |
A noter quà deux pas, un petit peu plus haut sur l'avenue, se trouve l'hôtel Dieu. Son apothicairerie se visite, mais les mardis et samedis seulement.
Chapiteau du cloître |
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