vendredi 20 août 2021

Envie de lecture .....Chapitre 10

Envie de voyages?  Voici quelques livres qui vous donneront envie de parcourir la planète ou le temps  tout simplement..

Ian Manook : Heimaey
Une découverte de l'Islande magistrale sous la forme d'un road movie. Jacques Soulniz emmène sa fille Rebecca (Beckie) pour lui faire faire le tour de l'Islande, tel qu'il l'a fait lui-même quarante ans plus tôt. L'objectif est de resserrer les liens entre eux devenus tendus depuis la mort de sa femme et donc de la mère de Beckie.
Mais ce voyage ne va pas se dérouler comme prévu. Dès leur arrivée, ils sont harcelés et poursuivis par un homme qu'ils ne connaissent pas mais qui a l'air de les connaître très bien.
Avec l'aide de Kornélius, un flic du coin pas trop conventionnel qui chante le krummavisur comme pas un, ils vont essayer de dérouler le fil de l'intrigue entre crime du passé,  trafic de drogue et croyances rituelles. Un roman haletant  qui mêle  les forces volcaniques de l'Islande et la violence sous tendue entre les êtres humains.
J'avais aimé la trilogie Yeruldegger en Mongolie, je n'avais pas aimé Mato Grosso au Brésil mais j'ai adoré ce livre qui ne vous lâche pas une seule seconde!! Et surtout qui donne envie d'un voyage en Islande!!!

Extrait 1 :
"Beckie se laisse prendre par la beauté des lieux. Le fond du fjord dont l'eau translucide devient par reflet un marbre lisse et noir. Les montagnes érodées qui l'enchâssent, tapissées de mousses orangées et d'herbes vertes où paissent des moutons blancs et noirs disséminés sur des pentes improbables. Et surtout le calme vertigineux qui fige tout ce paysage démesuré dans un sentiment de solitude qui l'étreint soudain. Alors, elle se déshabille à son tour et entre avec prudence dans l'eau trop chaude, comme l'a fait Soulniz, pour s'asseoir à ses côtés et contempler, immobile et silencieuse, la force calme et minérale du monde."

Extrait 2 : 
"Chacun savoure la grâce du moment dans la chaleur de l'eau et la fraîcheur de la nuit qui s'étoile. C'est ainsi que se font et se défont les choses dans ce pays. Dehors, en plein air, dans les bains chauds. C'est là presque nus dans la chaleur, qu'on parle de famille, d'affaires ou de politique. C'est comme un café parisien où on vient caser de tout et de rien, régulièrement, toute sa vie. Kornélius connaît des parents ou des amis qui s'y retrouvent depuis des années, les mêmes jours de la semaine, à la même heure, toujours. L'eau bouillante calme les colères et ramollit les mots trop vifs. Les choses se disent et s'acceptent plus facilement."



Robert Goddard: l'Héritage Davenall 
Un livre certes de plus de 800 pages mais qui  m'a tenu en haleine jusqu'au bout.
Nous somme en 1882 en Angleterre sous le règne de la reine Victoria dont le règne dura 63 ans et 7 mois. 
Ce livre est une fresque familiale dans l'atmosphère victorienne de l'époque. 
Le point de départ est le retour d'un fils, James, que l'on croyait mort depuis 11 ans et qui vient réclamer sa part d'héritage c'est à dire un titre de baronnet ainsi que propriétés et terrains, actuellement détenus par le cadet Hugo. Il se présente aux portes de la maison de Constance Trenchard qui lui a été jadis fiancée et qui par dépit s'est mariée à William Trenchard et dont elle a une petite fille Patience.
Il faut donc pour James  se faire reconnaître de la famille et si Constance et quelques autres le reconnaissent comme James Davenall, ce n'est pas le cas de tout le monde notamment de sa mère Catherine, de William Trenchard qui a trop peur que James ne détruise son bonheur et de son  cousin Richard.
Alternent le récit de William Trenchard, le procès et les différents retours en arrière ainsi que le récit de Richard Davenall son cousin  jusqu'au dénouement final. L'auteur nous manipule, avance des indices et distille des failles tout au long du récit, il nous fait douter et prendre parti et compose son puzzle de façon méthodique. Les dates sont importantes et un arbre généalogique en début  de livre nous permet de nous y retrouver dans cette famille dont les secrets  et les rancoeurs sont légion.

Nous y croisons aussi l'histoire avec Napoléon Bonaparte, dit Napoléon-Jérôme Bonaparte ou Jérôme Napoléon, prince français et prince Napoléon, prince de Montfort, comte de Meudon et de Moncalieri, né à Trieste le 9 septembre 1822 et mort à Rome le 17 mars 1891, cousin germain de l’empereur Napoléon III. Il était connu comme « le prince Napoléon » et était familièrement appelé « Plon-Plon ». Il ne fut, en réalité, jamais pleinement reconnu comme le chef de la maison impériale. 

Extrait 1:
Constance Trenchard ne dormit pas bien cette nuit-là. Après avoir attendu le retour de son mari de Bladeney House, elle l'avait d'abord trouvé rassurant, puis sous le feu des questions, irritable comme il l'était rarement. Pour finir, ils s'étaient retirés au lit dans un silence mutuel choqué, consternés de voir avec quelle vitesse et quelle facilité un intrus parvenait à déranger leur équilibre.

Extrait 2:
Plon Plon siffla. C'en était arrivé là. Il aurait peut-être dû ressentir de la compassion pour ce pair prétendant. Mais comment? Ces dernières semaines, il avait oublié jusqu'au nom de James Norton. Désormais il jaillissait de nouveau au premier rang de ses pensées. Qui était-il vraiment? James Davenall? Un simple fraudeur? Ou....quelqu'un qui avait droit au même titre? Car même James avait eu vent de cela.




MC Beaton : A la claire fontaine - 7ème enquête d'Agatha Raisin
Nous retrouvons Agatha qui après ses déboires à Chypre avec James broie du noir. Elle essaie de se convaincre qu'elle n'est plus amoureuse de lui! Mais un nouveau crime va redonner un sens à sa vie!
Ancombe un petit village proche de Carsely possède une source réputée pour ses bienfaits. Une nouvelle compagnie des eaux vient exploiter cette source avec l'accord du conseil municipal. Mais Robert Struthers le président du conseil municipal est retrouvé assassiné. Grâce à son ancien collègue Roy Silver, Agatha se fait embaucher dans la société comme directrice de com pour mieux pouvoir  enquêter et se fait courtiser par Guy  Freemont un des co-directeurs au grand dam de James. Nous y retrouvons des personnages de connaissance comme Bill Wong le policier et Mme Bloxby la femme du pasteur toujours aussi bienveillants envers Agatha.

Extrait 1:
Une semaine plus tard, Agatha venait de finir son petit déjeuner habituel - quatre  cigarettes et trois tasses de café noir bien fort - quand le téléphone sonna." Faites que ce soit James!" demanda-t-elle avec ferveur au dieu anthropomorphe à la longue barbe et à la chevelure hirsute avec lequel elle passait des marchés dans ses moments difficiles: "Faites que ce soit James, et je promets que je ne fumerai plus jamais."

Extrait 2:
Elle avait quelques jours de repos en perspective. L'idée que James puisse découvrir quelque chose et s'attribuer tout le mérite lui était insupportable. Quel mal y aurait-il à rendre visite aux conseillers municipaux le lendemain matin, juste histoire de voir si elle pouvait glaner quelque indice?

Olivier Truc : le détroit du loup
Nous revoilà avec la police des rennes Klemet  et Nina déjà rencontrés dans le dernier lapon. 
Nous sommes à Hammerfest au nord de la Laponie, au bord de la mer de Barents devenue un eldorado pour les compagnies pétrolières.    
Le détroit du loup est traversé lors de la transhumance  de printemps par les rennes accompagné de leurs éleveurs pour rejoindre des pâturages riches en herbe après n'avoir mangé que du lichen enfoui sous la neige pendant la période hivernale. La tension est grande entre  les sociétés pétrolières et les Samis qui voient se réduire leurs terres. 
Pendant le passage du détroit un jeune éleveur sami Erik Steggo meurt noyé . Puis quelques semaines plus tard c'est le maire d'Hammerfest qui meurt près du rocher sacré.  Pour Klemet et Nina  cela n'a rien d'accidentel.
Klemet et Nina  vont donc enquêter dans ce contexte où l'argent est roi : les plongeurs (parfois d'anciens Samis comme Nils) sont bien payés et  les compagnies pétrolières ne pensent qu'à la rentabilité..
Olivier Truc nous raconte encore une fois la difficile existence des Samis et de leurs traditions ancestrales dans ce monde où l'humain est mis de côté face au profit.

Extrait 1: "Tu ne connais pas Hammerfest, mais la ville est construite au nord-ouest d'une île. On y accède uniquement par une route qui vient traverser d'abord le détroit du Loup par un pont, s'engage vers l'ouest dans un tunnel et ressort sur le côté ouest de l'île, en longeant la mer, jusqu'à Hammerfest. Le problème, c'est que les rennes qui passent l'été sur l'île ont toujours utilisé cette même zone, pour remonter vers les pâturages d'été à l'intérieur de l'île. C'est comme ça que les rennes se retrouvent en ville et que ça met tout le monde en colère là-bas."

Extrait 2:" Les dangers de la pression quand tu plonges très profond longtemps, et surtout les dangers de la décompression. A l'époque, les compagnies se faisaient concurrence en raccourcissant les temps de décompression, car elles payaient les plongeurs à ne rien foutre, c'est comme  ça qu'elles le voyaient en tout cas. Elles grignotaient toujours un peu plus, mais les plongeurs le payaient au prix fort, à coup de bulles d'air qui se baladaient dans le corps, de bends, de souffrances qui leur tombaient dessus des jours après parfois."


Richard Louis: Palais meurtriers
J'ai découvert cet auteur au salon du livre policier sang pour sang qui s'est déroulé à Saint Chef en Dauphiné patrie de Frédéric Dard . Cette année d' ailleurs on y  fêtait les 100 ans de sa naissance.
L'histoire se déroule entre Avignon, Paris et Rome. Le personnage principal est MAC alias Michel-Arthur Chevalier. On le découvre tout d'abord à Avignon en 2001 alors qu'il est flic et sur le point d'arrêter un terroriste. Puis on le retrouve en 2012 à Paris chef des cuisines de Matignon  et meilleur élément de la Brigade spéciale du premier ministre . A ce titre, il est dépêché à Rome pour enquêter sur le meurtre du cuisinier de l'ambassadeur de France et de la disparition de ce dernier. Les  périodes allant de 2001 à 2013  alternent car bien sûr il y a un lien entre les deux.
J'avais choisi ce livre car après avoir discuté avec l'auteur, l'action se déroulant à Rome j'ai eu envie de retrouver l'atmosphère romaine, ses rues et en ce sens ce livre m'a comblé, l'intrigue étant somme toute assez classique. Ce qui m'a le plus gêné dans la lecture ce sont les articles tirés de journaux ou extraits de livres puisque le coeur de  l'enquête se situe dans le scandale du Vatileaks, les affaires de moeurs qui ont secouées le Vatican durant cette période.

Extrait 1: "Vous savez, Rome, la nuit, c'est magique. A pied, vous vous imprégnerez mieux de l'ambiance, du poids de l' l'histoire. Chaque rue, chaque bâtiment porte les traces du passé: romain, moyenâgeux, Renaissance, ou plus contemporain. Vous ressentirez l'histoire comme si vous l'aviez vécue à l'époque."

Extrait 2: "Quelques rues plus loin ce sont les effluves de café qui m'attirèrent et j'entrai dans le Caffè Sant'Eustachio, sur la place du même nom, pour prendre un expresso au comptoir de cette brûlerie installée depuis 1930, comme l'indiquait la plaque vissée sur un des piliers.
Je longeais le Panthéon, puis la fontaine de Trévi, toujours autant prise d'assaut par les touristes, puis j'obliquai à droite, passai entre le dos du palais présidentiel et les jardins du Quirinal, avant de déboucher dans une petite rue pavée au milieu de laquelle un drapeau italien flottait. Je m'y dirigeai."


Jacques Morize : le fantôme des Terreaux
Une découverte au salon du roman policier à St Chef. Un polar local agréable à lire, sans prise de tête, surtout en plus si on connait Lyon et ses environs, puisque une partie de l'enquête se déroule aussi sur Morestel dans l'Isère et où l'on sent que l'auteur a lui aussi pris du plaisir à déambuler dans les rues . L'intrigue se situe au départ au musée des Beaux-Arts à Lyon , le Palais St Pierre où quatre toiles y sont dérobées. C'est le commissaire Abel Severac qui va devoir résoudre l'enquête qui, outre les rues de Lyon, vont aussi l'emmener dans quelques bons restos!
Vous l'aurez deviné j'ai bien aimé car j'adore cette ville et nul doute que je  poursuivrais cette série puisque chacune des enquêtes a lieu dans un quartier de Lyon.

Extrait 1:" Séverac retrouva avec plaisir son équipe. Il y avait, immuables, les trois bras cassés: Javellas dit " Culbuto" en raison de son ratio tour de taille/taille, Gilles Blayeux, amaigri, le teint crayeux, et Jean Pierre Pochet dont le visage couperosé et le ventre en forme de barrique pleine démontraient un amour immodéré pour le beaujolais. Les trois anciens étaient vêtus de fringues élimées aux couleurs ternes et de chaussures avachies qui semblaient sortir d'un seul et même étal de fripier. De l'autre côté de la table de réunion,les jeunots étaient pimpants: Annie Sensibon, belle et fraîche, vêtue moulant comme à son habitude, et Nicolas Esteban surnommé "le Hérisson" du fait de son amour immodéré pour le gel coiffant. A cette équipe de base s'étaient greffés deux types d'une quarantaine d'année, sans traits saillants. Des individus passe-partout, qui faisaient leur boulot sans génie, avec méticulosité, mais qui peinaient à s'intégrer dans ce groupe improbable. L'un s'appelait Philippe Carot, une longue asperge au crâne déplumé, l'autre Marc Lavenel, un brun moyen sous tous les rapports."

Extrait 2:" Le légiste était dans une forme insolente, consécutive à l'excellent repas qu'il avait pris chez Léon de Lyon, arrosé d'un gigondas de bonne facture. Il accueillit Severac avec affection, car il appréciait sincèrement Abel avec qui il partageait de nombreuses valeurs. Parmi celles-ci, il y avait bien sûr l'amour de la bonne chère et de la dive bouteille et la détestation des bien-pensants, gens qui se prennent au sérieux, collets montés, moralistes de tous genres, hygiénistes et autres imprécateurs à l'étroite pensée et au balai profondément enfoncé dans le fondement."



Eric Orsenna : Beaumarchais, un aventurier de la liberté
Voilà un livre bien emmené! L'écriture d'Eric Orsenna est fluide, les mots justes, il a  le sens de la formule. Ce livre n'est pas à proprement parlé une biographie mais des moments de la vie de  Beaumarchais . Des moments de sa vie où il a dû à chaque fois tomber pour rebondir. Il s'est essayé à tout. Né le 4 janvier 1732, fils d'horloger et horloger lui même, on a l'impression que rien ne lui suffit. ll s'endette pour acheter une charge auprès du roi, se marie avec une veuve qui a du bien, le voilà rapidement veuf,  mais pas aussi riche qu'espéré ! Il se tourne alors  vers un banquier et devient son bras droit. Après la finance, il se cherche un titre de noblesse puis le voilà ensuite espion de Madrid à Londres, ensuite actionnaire de la toute nouvelle compagnie des eaux, éditeur des oeuvres de Voltaire, inventeur des droits d'auteur, marchands d'armes, il se fait même construire un palais à la veille de la révolution ! Révolution qui va le conduire à s'exiler. Mais Beaumarchais c'est aussi le barbier de Séville et le mariage de Figaro et d'autres ouvrages moins célèbres. Il fait dire à son Figaro ce qui résume si bien sa vie:
"Ô bizarre fuite d'évènements! Comment cela m'est-il arrivé?[...] J'ai jonché [la route] d'autant de fleurs que ma gaieté me l'a permis; encore je dis ma gaieté sans savoir si elle est à moi plus que le reste, ni même quel est ce moi dont je m'occupe: un assemblage informe de parties inconnues; puis un chétif être imbécile; un petit animal folâtre; un jeune homme ardent au plaisir, ayant tous les goûts pour jouir, faisant tous les métiers pour vivre; maître ici, valet là, selon qu'il plait à la fortune; ambitieux par vanité, laborieux par nécessité; mais paresseux...avec  délices! Orateur selon le danger; poète par délassement; musicien par occasion; amoureux par folles bouffées; j'ai tout vu, tout fait, tout ué. Puis l'illusion s'est détruite, et trop désabusé...Désabusé!..."

Autre extrait: "Cet homme pressé n'oublie jamais la continuité. Il donne à chaque allure sa part, au temps court du présent comme aux longues durées. L'horloger qu'il est resté s'est inventé une montre à plusieurs cadrans et il prête à chacun la même intention, à celui où cavalent les secondes comme à ceux où s'étirent les heures voire les années.
Une fois partie en croisade, Beaumarchais n'abandonne jamais."



Julia Chapman : Les détectives du Yorkshire : Rendez vous avec le mal-tome 2-
Du rififi à la maison de retraite de Fellside Court!!. Nous retrouvons Samson, Delilah et Calimero  de nouveau sur une enquête dans la petite ville de Bruncliffe.
Samson, depuis son retour forcé de Londres, a ouvert son agence de détective dans la ville de son enfance: l'agence de recherche des Vallons (RVB), local qu'il partage avec Delilah qui elle a ouvert son agence de rencontres des Vallons (RVB).
Lorsque Alice Sheperd, résidente de la maison de retraite et qui semble n'avoir pas toute sa raison, demande à Samson son aide car elle est convaincue que quelqu'un essaie de la tuer, il ne la prend pas vraiment au sérieux. D'autant plus que le fermier Clive Knowles, propriétaire de la ferme de Mire End vient au même moment lui demander de retrouver son bélier Swaledale primé.
Mais les événements se précipitent à la maison de retraite et Samson et Delilah vont devoir prendre des risques.
J'ai préféré ce deuxième tome au premier, peut-être parce que  les personnages sont bien installés mais aussi parce que l'enquête a plus de peps.
Samson doit se débattre avec son passé qui lui colle aux basques, son attirance pour Delilah, gagner la confiance des habitants de Bruncliffe qui ne l'ont pas vraiment bien accueilli!. Heureusement Delilah et Calimero, le chien de Delilah, lui apporte du réconfort.
Tout cela se passe dans une ambiance de Noël très british, dans un paysage vallonné fouetté par les vents que l'on a envie de parcourir avec les protagonistes de cette histoire.

Extrait 1 :
"-Non vous ne m'écoutez pas, répliqua Mme Shepherd en tapant de son petit poing sur le bureau. Je vous l'ai dit, je sais qui essaie de me tuer. J'ai besoin que vous la coinciez. De préférence avant qu'elle n'arrive à ses fins.
-Mais je...
-Et ne vous en faites pas, continua-t-elle interrompant ses tentatives de dérobade. J'ai de quoi vous payer.
Elle plongea la main dans son sac, déposa sur la table un poudrier compact, un bâton de rouge à lèvres, un vieux mouchoir en papier, un rouleau de pastilles à la menthe bien entamé et un pilulier assez original, au couvercle incrusté d'un arc-en-ciel en pierres semi-précieuses.
-Tenez! Combien je vous dois?
Elle brandit un petit porte-monnaie noir, en ouvrit le fermoir et sourit à Samon en faisant jaillir des pièces dans la paume de sa main."

Extrait 2:
"Calimero était frustré. On lui avait donné un biscuit. Qu'il avait déjà mangé. Maintenant, on attendait de lui qu'il reste assis bien gentiment alors qu'une deuxième friandise le narguait sur l'appui de la fenêtre. Là. Juste sous son nez. Sentant délicieusement bon.
Il tenta d'hypnotiser le biscuit, puis jeta un oeil à Delilah, mais elle était occupée à surveiller les abords de la résidence.
Il la poussa de la  truffe. Une main distraite tâtonna pour trouver sa tête. Il se laissa caresser. Mais ne lâcha pas le biscuit du regard.
-Bon chien,  chuchota-t-'elle.
Elle avait parlé trop vite.Car Calimero en avait assez d'attendre. Il mit les pattes sur le rebord de la fenêtre, saisit le biscuit dans sa gueule et, dans la manoeuvre, renversa la tasse de thé.
La suite-bruyante-lui passa au-dessus de la tête: il était bien trop affairé à dévorer son butin."



Simone Van der Vlugt: la maîtresse du peintre
En Juillet 1650, Geertje Dircx est arrêtée et conduite en maison de correction condamnée à 12 ans de réclusion. Mais qui est Geertje? Elle est originaire d'Edam dans le quartier du port où elle nettoyait le poisson du matin au soir. Elle profite de ce que l'auberge de la ville voisine cherche une serveuse pour partir. Veuve très jeune, elle devient gouvernante d'abord dans la famille d'un marchand de bois puis chez le peintre Rembrandt dont la femme Saaskia meurt laissant un fils en bas âge Titus. C'est donc de Titus que Geertje s'occupe puis de la maison et elle devient la maîtresse de Rembrandt faisant fi des rumeurs et des principes de l'Eglise et de sa famille. Une liaison scandaleuse puisque hors mariage, mais l'arrivée d'Hendrickje Stoffels comme nouvelle servante va bouleverser la vie de Geertje. Simone van der Vlugt réhabilite ainsi Geertje Dircx injustement qualifiée de profiteuse et de déséquilibrée.
J'ai plongé avec délices dans l'Amsterdam du XVII ème siècle et reparcouru cette ville d'Amsterdam visitée il n'y a pas si longtemps.

Extrait 1: " Comme Rembrandt me l'avait expliqué, la boutique de peinture se situait au bout de la rue, à l'angle d canal de Kloveniersburgwal. J'ai acheté les pigments rouges, que j'ai fait mettre sur la note de maître Van Rijn, puis j'ai poursuivi ma promenade vers le pont. La vue sur les eaux vertes du canal, les hautes demeures me rappelaient Hoorn, dont les canaux étaient aussi bordés de très belles maisons, au moins aussi hautes et richement décorées. Mais ici les rues semblaient s'étendre à l'infini. Je n'avais encore vu qu'une partie de la ville.
Une étrange fébrilité s'est emparée de moi. Moi Geertje Dircx, j'habitais dans une grande cité, chez un peintre célèbre. Qui aurait pu imaginer pareil destin en me voyant, jeune fille, nettoyer le poisson sur le port d'Edam?" 

Extrait 2: " Dès le moment où j'ai été chargée d'organiser l'entretien de la maison, j'ai vite mesuré les problèmes financiers que dissimulait son élégante façade. Un jour je suis tombée sur le livre de caisse, que j'ai rapidement parcouru. J'ignorais si j'en avais la permission, mais j'estimais que je ne faisais de mal à personne en y jetant un oeil. Ce "coup d'oeil" a finalement duré une heure. J'étais désormais fixée.
Rembrandt et Saskia avaient mené un train de vie princier, largement au-dessus de leurs moyens. Pour la maison où le couple vivait depuis 1639, Rembrandt avait déboursé un important capital, comptant sans doute vendre assez de tableaux à l'avenir."


David Laguerganz : Millénium- tome 4-  Ce qui ne me tue pas.
J'avais beaucoup aimé les 3 tomes précédant de Stieg Larsson et j'ai voulu récidiver.
Je dois dire qu'elles étaient bien addictives les aventures de Mikhaël Blomkvist et de Lisbeth Sallander!
Là encore avec ce tome je ne suis pas déçue coté addiction!
Pour ceux qui n' ont jamais lu cette série, Lisbeth Sallander est une hackeuse de génie, plutôt marginale, sans attaches et qui reste hantée par son passé. Quant à Mickhaël Blomkvist c'est un célèbre reporter du genre électron libre qui écrit dans la revue Millénium dont la rédactrice en chef est Ericka Berger.
Le début de l'histoire : Frans Balder, éminent chercheur en intelligence artificielle,  exilé aux Etats Unis, revient à Stockholm pour s'occuper de  son enfant autiste dont la garde a été confiée à sa femme Hannah. Mais Frans détient  des informations explosives sur les services de renseignements américains. Sa vie étant menacée , il contacte Mikhaël pour le  mettre au parfum. De son côté Lisbeth arrive à  pénétrer  dans le réseau hautement sécurisé de l'agence de sécurité nationale américaine (NSA), ce qui la conduira à connaître également les recherches de Frans Balder. Et c'est ainsi que  nos deux personnages se retrouveront encore une fois à collaborer ensemble  sur une nouvelle enquête.
Extrait 1: "L'idée l'effleura même que Lisbeth cherchait à se mettre dans le pétrin, peut-être avec la vague illusion que cela l'aiderait à se sentir vivante. Mais c'était sans doute injuste. Il ne connaissait rien de ses motifs. Il ne connaissait plus rien de sa vie. Et, assis là, devant son ordinateur, en train de googler le nom de Frans Balder pendant que la tempête faisait trembler les vitres, il s'efforça de voir le bon côté des choses. Au moins  le hasard l'avait mise sur son chemin de cette manière indirecte. C'était mieux que rien, en tous cas, et il devait sans doute s'estimer heureux qu'elle n'ait pas changé. Lisbeth était visiblement égale à elle-même et qui sait, peut-être lui avait-elle fourni un sujet sans le savoir."

Extrait 2: Le téléphone fixe de la chambre d'hôtel sonna et Ed décrocha rapidement. C'était le jeune homme de la réception qui cherchait Mickhaël Blomkvist. Ed lui passa le combiné et comprit assez vite que le journaliste recevait des nouvelles alarmantes. Il ne fut donc pas étonné quand le Suédois bredouilla une excuse confuse et sortit de la pièce en trombe. Il ne fut pas étonné mais ne l'accepta pas pour autant. Il attrapa son pardessus dans la penderie et fila à sa poursuite.






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