lundi 14 février 2022

Envie de lecture...chapitre 12

Quoi de mieux qu'un bon livre tranquille au coin du feu - enfin si on a une cheminée bien sûr!!!-, ou près de sa fenêtre, lové dans son fauteuil ou dans son canapé. Voilà l'apanage de l'hiver. Les jours raccourcissent, ils se font  parfois pluvieux ou brouillasseux. Si un rayon de soleil pointe son nez, il est bien pâle le pauvret et les gens qui se hâtent sur le chemin sont bien emmitouflés. Alors, voilà, le livre est le bon compagnon de ces journées où le temps paraît tourner au ralenti. 
Cette fois-ci  c'est avec Elizabeth George, Philippe Kerr, Jean Patrick Manchette, MC Beaton, Coline Gatel, Julia Chapman, Antonio Manzini, Chantal Thomas et John Irving,  que je vais passer une partie de mes journées et j'avoue parfois un peu de mes nuits!


Elizabeth George - Le lieu du crime-
Je n'avais encore rien lu de cet auteur mais j'en avais entendu parler de ci de là et en fouinant chez un marchand de livres d'occasion à Lyon, je suis tombé dessus. J'ai choisi un des premiers opus des enquêtes  de Barbara Havers & Thomas Linley.
Ah voilà un titre  qui semble prometteur me suis-je dit et hop je suis repartie avec.
L'affaire se déroule en Ecosse (cela aussi a été un critère de choix pour moi), dans un manoir (ça aussi ça me fait rêver) et bien sûr un crime. Celui d'un auteur de théâtre, Joy Sinclair. Scotland Yard envoie donc l'inspecteur Thomas Linley et le sergent Barbara Havers et comme dans tout polar qui se respecte, ceux-ci sont à l'antipode l'un de l'autre. Linley l'aristocrate -huitième comte d'Asherton- et Havers fille de prolétaire  qui trouve que les grands problèmes de la vie ont leur origine dans le système de classe.
Les voilà donc partis en Ecosse. Joy Sinclair avait réuni dans ce manoir  une troupe de théâtre ainsi que le metteur en scène  Lord Stinhurst pour les faire répéter cette nouvelle pièce qui devait inaugurer  la renaissance du théâtre londonien, l'Azincourt. Tous ses braves gens sont donc suspects .Parmi les invités outre de grands acteurs se trouve Lady Helen - fille cadette du dixième comte de Hesfield- et donc Linley est épris.  De fausses pistes en coup de théâtres l'auteur nous livrera enfin le suspect.
J'ai eu un petit peu du mal avec les  personnages  à savoir qui était  la femme ou le mari de qui mais je me suis vite laissée emporter par l'intrigue.

Extrait 1: "Au lieu de la recevoir dans son bureau, l'inspecteur Macaskin rencontra l'équipe de Londres dans une salle de réunion, cagibi de cinq mètres carrés au mobilier inconfortable, à l'éclairage pauvre et à la ventilation défaillante.
Il n'était guère ravi de la façon dont débutait cette enquête. Macaskin aimait les choses bien ordonnées, qui se mettaient en place sans histoire. Chaque individu concerné était censé remplir son rôle. Les victimes meurent, la police interroge, les suspects répondent, et les enquêteurs procèdent à l'examen de la scène du crime. Mais en l'occurrence à l'exception de la victime, dont l'absence de vie était tout à fait coopérative, c'étaient les suspects qui n'avaient cessé de poser des questions et la police d'y répondre."

Extrait 2: "Explique-toi tout de suite, petit, dit Davies-Jones. Ne sois pas stupide, ne parles pas comme ça alors qu'il y a un assassin dans cette pièce.
Elisabeth Rintoul, qui n'avait pas bougé d'un pouce pendant l'altercation, parut émerger d'un profond sommeil.
-Non. Il n'est pas là. Père est parti dans le salon n'est-ce pas?"


Philippe Kerr - Prague fatale -
Nous sommes en 1941 à Berlin. Bernie Gunther est revenu du front russe où il a été envoyé rejoindre un Einzsatzgruppen et depuis  ses nuits ne sont plus les mêmes.  A Berlin, c'est la pénurie et le rationnement, on oblige les juifs à porter l'étoile jaune. Les vols sont nombreux et les crimes aussi favorisés par le black-out. Bernie reprend du service à l'Alex, à la police criminelle. La découverte du cadavre d'un travailleur étranger sur une voie de chemin de fer va l'entraîner dans une nouvelle enquête. Un soir Il vient à la rescousse d'une jeune femme agressée, Arianne, et il est  bien déterminé à retrouver son agresseur. Mais il doit interrompre son enquête car le général Heydrich devenu le Reichsprotektor de Bohême-Moravie lui demande de venir à Prague afin d'assurer sa sécurité depuis qu'un groupuscule tchèque appelé les Trois Rois provoque des attentats. Bernie emmène Arianne. A peine arrivé un des quatre assistants de Heydrich est assassiné, il doit trouver le coupable rapidement. Donc interroger tous les hauts gradés (les choux fleurs) présents au château de Jungfern-Breschan, jadis propriété de Ferdinand Bloch-Bauer dont la femme  Adèle a été peinte par Klimt. Aidé par Kurt Kalho, le Kriminalassistant du commissaire de la Kripo de Prague, il va avoir le choix entre  plusieurs scénarios : vengeance, jalousie, complot, ou attentat de la résistance tchèque.. Jusqu'à ce qu'il trouve le fin mot de l'histoire.

Extrait 1: "Fabriquer des preuves n'avait rien d'exceptionnel à l'Alex. Pour beaucoup d'inspecteurs ne possédant pas les qualifications ni la patience qui leur auraient permis d'accomplir proprement  leur tâche, c'était le seul moyen d'obtenir une condamnation."

Extrait 2: " Et l'alcool aidait. Il m'aidait  à parler et à m'anesthésier contre les propos les plus  immondes qui croisaient ma route. Mais certains de mes collègues étaient tout bonnement immondes.  Alors que je parcourait la bibliothèque des yeux, c'était comme contempler une ménagerie d'animaux désagréables- rats, chacals, vautours, hyènes-posant pour quelque étrange portrait de groupe."

Du coup, j'ai relu la trilogie Berlinoise du même auteur, que j'avais juste mentionnée dans le chapitre 5 d'envie de lectures.
Il s'agit d'une série de trois romans:
- L'été de cristal qui se passe en 1936. Ce roman représente la montée du nazisme, suite aux lois de Nuremberg de septembre 1935 légiférant sur  la citoyenneté du Reich, la protection du sang et de l'honneur allemand. Et donc l'exlusion des juifs de la société allemande, l'interdiction aux femmes de travailler, voire de se maquiller etc..).  1936, c'est aussi les JO de Berlin, les rues auxquelles on redonne un aspect normal pour les étrangers (les livres interdits sont de nouveaux exposés en vitrine). Bernie Gunther ayant quitté la police criminelle (la Kripo), avant qu'on ne se débarrasse de lui, est devenu enquêteur privé. A ce titre, il est appelé au domicile d'Hermann Six un riche industriel, car son gendre Paul Pfarr et sa fille Grete ont été tués, leur maison incendiée, leur coffre ouvert et surtout il veut récupérer un collier de diamant qui se trouvait dans le dit coffre. Mais d'autres personnes s'intéresse à cette affaire et notamment a des papiers que contenait le coffre. Bernie va devoir naviguer entre les Violettes de mars, la Gestapo, les malfrats et maffieux en tout genre, les groupuscules comme la Force Allemande. Cela le conduira même à Dachau.
Extrait:  " Il me paraissait que les Allemands étaient à présent capables de supporter n'importe quoi de la part du premier venu, pourvu qu'il soit en uniforme ou porte un insigne officiel. Moi qui me considère pourtant comme un Allemand représentatif, je ne comprenais pas mes compatriotes, étant par nature réfractaire à toute forme d'autorité, même si cela peut paraître curieux de la part d'un ancien policier"

- La pâle figure qui se passe en 1938. Bernard Gunther est détective privé, il a même embauché un associé Bruno Stahlecker, ancien flic  mis au rebut car non adhérent au Parti nazi. Il commence une enquête contacté par Frau Lange pour une histoire de chantage sur son fils homosexuel et son amant le Dr Kindermann, psychothérapeute. Mais il est rappelé par Arthur Nebe et le général Heydrich pour réintégrer la Kripo afin d'enquêter sur les assassinats d'adolescentes aryennes.  Tout ça débouchera sur  la Nuit de Cristal le 8 novembre 1938.
Extrait 1: "l'espace d'un instant, je faillis ouvrir la porte et lui balancer mon point dans la figure. Mais à quoi bon? Que faire sinon le laisser seul? N'y a t'il pas des tas de façons d'échapper à ce qui nous fait peur, et l'une des plus répandues n'est-elle pas la haine?"

Extrait 2: "En ces temps difficiles, le simple fait de survivre était une sorte d'exploit. Ca n'était pas quelque chose qui arrivait tout seul. Vivre en Allemagne nazie demandait un effort constant. Et encore vous restait-il, si vous parveniez à surnager, à trouver un but à votre vie. Car à quoi bon jouir de la santé et de la sécurité si votre vie n'a aucun sens?[...] Les Juifs étaient déjà persécutés, mais si Weisthor parvenait à ses fins, leur calvaire allait être porté à de nouvelles extrémités. Quelles conséquences auraient alors ces persécutions sur la cohabitation entre eux et nous? Dans quelle situation l'Allemagne se retrouverait après ça?"

- Requiem allemand  qui se passe en 1947. Berlin est occupée par les Russes et les Américains.  On retrouve Bernie marié  à Kirsten, une institutrice qui à cette période est serveuse dans un bar fréquenté par des américains. Dans un Berlin en ruines où tout manque, il est facile de se procurer des vivres de première nécessité auprès d'Américains esseulés. On comprend que Bernie a passé un certain temps dans les  camps soviétiques et qu'il n'en garde pas un excellent souvenir.. On comprend aussi qu'entre lui et sa femme ça ne va pas fort. Alors Gunther, pour oublier un temps ce contexte,  va accepter la proposition d'un russe, le colonel Poroshin, qui  lui demande de venir en aide à un ancien flic Emil Becker reconverti dans l'import-export à Berlin et à Vienne. Celui-ci est emprisonné à Vienne car il est suspecté d'avoir tué un Américain, le capitaine Linden. Bernie doit prouver son innocence pour lui éviter la pendaison. Arrivé à Vienne, il va petit à petit  dérouler le fil de son enquête qui le conduira dans de bien dangereuses aventures.
Extrait 1: "Elle était bien nommée, cette colonne de fourmis rouges qui dévastait le pays en emportant tout sur leur passage- chacune d'elles courbée sous un butin plus lourd que son  propre poids- pour approvisionner leurs colonies d'ouvrières. Comme un planteur brésilien assistant à l'anéantissement de sa récolte par ces créatures dotées d'un prodigieux sens social, ma haine des Russes était tempérée par un respect équivalent. Pendant sept longues années je les avais combattus et tués; ils m'avaient emprisonné, j'avais appris leur langue puis avais fini par m'évader d'un de leurs camps de travail."
Extrait 2: " Je compris quelques jours après ma sortie de l'hôpital. Et j'en fus presque malade. Ces Américaines avaient peur de moi, tout simplement, parce que j'étais allemand.[...] En réalité, une question papillotait dans leurs yeux: comment avez-vous pu laisser faire ça? Comment avez-vous pu tolérer de telles horreurs? Sans doute, pendant plusieurs générations, quand ils croiseront notre regard, les citoyens des autres nations nous poseront-ils la même question."

Cette trilogie résume un pan de l'histoire de l'Allemagne sous le régime nazi puis sous l'invasion russe. Confronté au racisme, à la propagande, à l'antisémitisme, aux nazis tout-puissants, aux flics corrompus, au rationnement, Bernie survit  et tente de garder  esprit critique et liberté.



Jean Patrick Manchette - le petit bleu de la côte Ouest -
J'ai découvert cet auteur par hasard, lors d'une émission du présentateur de la grande librairie.  Alors je me suis dit pourquoi ne pas tenter l'aventure et je n'ai pas regretté.
C'est l'histoire de Georges Gerfaut ou plutot une partie de son histoire que l'on découvre au début du livre a 145 km heure sur le périph. Mais pourquoi? C'est bien la question que l'on se pose et que Manchette va nous faire découvrir au fil des pages, parsemées de références musicales et littéraire.
Gerfaut demanda à Liétard s'il n'avait pas un peu de musique à mettre.
- Comme quoi ?
- Un petit bleu de la côte ouest, dit Gerfaut 
Gerfaud, cadre moyen dans une entreprise, de surcroît désabusé sur la vie, et passe toutes ses vacances à St Georges de Didonne avec  sa femme et sa fille.
Alors qu'un soir il rentre  dans sa Mercédès gris acier, une DS le double à 130 km heure  suivie d'une voiture italienne, sur la route nationale qui va à Troyes. Il retrouve la DS  accidentée et un homme blessé à l'intérieur qu'il emmène à l'hôpital. Puis s'enfuit. Le fait que Gerfaut aide son prochain va bigrement contrarier Alonso Emerich y Emerich natif de République Dominicaine qui se cloître dans sa propriété de Vilneuil.  Victime  d'une tentative d'assassinat à St Georges de Didonne, Gerfaut  tout mettre en oeuvre pour savoir qui en veut à sa personne et cela changera un moment de sa vie.
Le style est vif, sec, les mots sont pesés, justes. Manchette nous mène par le bout du nez. Une construction sans faille et à la fin on est tenté (ou amené ? ) à relire le début du bouquin.

Extrait 1: "Gerfaut regarda anxieusement autour de lui, ne vit derrière soi que l'obscurité. [...]
Tenaillé encore par l'envie de poursuivre sa route l'homme grogna entre ses dents tandis qu'il passait en marche arrière et revenait vers le lieu de l'accident en zigzaguant un peu. Il se rangea sur l'accotement, entre deux arbres, à côté de la portière arrachée. [...] Gerfaut arrêta le lecteur de cassettes. Peut-être allait-il découvrir des cadavres hideusement mutilés, une fillette aux nattes gluantes de sang, ou bien des blessés retenant  leurs tripes à deux mains, on ne peut décemment pas faire ça en musique."

Extrait 2: 
"- Si je vous disais que c'est une trace de balle, tenez, cette touffe blanche.
- Oui, oui dit Alphonsine. Vous êtes un aventurier.
- Non. Vous ne comprenez pas. Non, pas du tout. Je suis le contraire.
- Qu'est-ce que le contraire?
- Un type qui ne veut pas d'aventures."



M.C Beaton - Agatha Raisin,  tome 9: sale temps pour les sorcières-
Une lecture beaucoup plus facile pour changer un peu!
Voilà qu'Agatha se réfugie dans la petite station balnéaire de Wyckhadden, hors saison. Et tout ça pourquoi? A cause d'une coiffeuse qui l'avait shampouinée à la crème dépilatoire et donc elle s'enfuie pour éviter que James Lacey, l'amour de sa vie, ne la voie dans cet état.
Elle se retrouve donc au Garden Hotel  avec d'autres résidents  beaucoup plus vieux qu'elle. Les "vieux schnoks" comme elle les appelle!
Elle profite de cet intermède dans sa vie pour marcher, se ressourcer, arrêter de fumer, aller aux soirées dansantes du coin et cela lui réussit plutôt bien. Mais voilà qu'une résidente lui conseille, pour son problème capillaire, d'aller voir une sorcière réputée. Ni une, ni deux, elle va donc trouver cette Francie Juddle qui lui donne une lotion et Agatha en profite pour lui acheter un philtre d'amour, on ne sait jamais pense-t'elle, elle pourrait en faire avaler quelques gouttes à James!! Et voilà  que le même soir elle retrouve son manteau de vison abimé et pense que cette Francie y est pour quelque chose, elle qui avait dit des choses abominables sur son manteau. Aussitôt après le repas elle retourne la voir mais découvre qu'elle a été assassinée.
Elle va donc coopérer à l'enquête en compagnie de l'inspecteur Jimmy Jessop (à qui elle met quelques gouttes de filtre dans sa boisson pour voir si ça marche, car bien sûr, elle s'en est entiché! Une fois  l'affaire finie, elle finira quand même par rentrer à Carsely son petit village des Costswolds que, d'après elle, elle n'aurait jamais du quitter.

Extrait 1: "La sorcière était sans doute endormie à l'étage. Agatha fureta dans l'entrée à la recherche d'un interrupteur et finit par en trouver un au pied de l'escalier. Enhardie, convaincue que ce serait une bonne idée de surprendre Francie dans son sommeil et d'examiner ses ongles et ses mains avant même qu'elle se réveille, Agatha gravit à pas de loup l'escalier, recouvert d'une moquette aussi épaisse que celle de l'hôtel."

Extrait 2: "Jennifer trouva stupide l'idée d'organiser une séance de spiritisme et ne se priva pas de le faire savoir. Daisy clama qu'elle avait décidé de ne pas toucher à ce genre de choses. Contre toute attente, le colonel afficha un enthousiasme inattendu, allant jusqu'à dire que "ce serait une bonne partie de rigolade". Harry, quant à lui, était curieux de voir quelles ruses frauduleuses Janine mettrait en oeuvre. Daisy capitula  pour faire plaisir au colonel. Il fut finalement décidé qu'Agatha organiserait la séance pour le surlendemain."


Coline Gatel - Les suppliciées du Rhône-
L'action se passe à Lyon en 1897. Alexandre Lacassagne (1843-1924) est médecin légiste et expert auprès des tribunaux. Il s'entoure alors d'une équipe pluridisciplinaire en médecine légale. Il introduit les prémices de la police scientifique dans plusieurs affaires (affaires Gouffé, Vacher, Jaboulay..)  Il est professeur à la faculté de médecine de Lyon. 
C'est là que nous le retrouvons dès les premières pages du livre en train de faire un cours  de médecine légale. Les étudiants rivalisent entre eux  et notamment Félicien Perrier et Bernard Lecuyer.  Le cours de médecine se révèle être l'autopsie d'un cadavre de jeune fille retrouvé mutilé. Suite à cela Lacassagne décide de créer une équipe d'experts médico légale. Il missionne Félicien  Perrier, un  de ses meilleurs éléments   afin d'aider la police dans la recherche du criminel. Celui-ci sera aidé par un de ses  collègues non moins brillant Bernard Lecuyer, duo auquel s'adjoindra Irina Bergoxski une jeune journaliste.
Plusieurs autres jeunes filles seront retrouvées toutes mutilées de la même façon. L'équipe établira son QG dans le bateau morgue amarré sur le Rhône en face de l'Hôtel Dieu. Cette morgue flottante a bel et bien existé et avait été établie sur un bateau lavoir en 1850, les corps peuvent ainsi être continuellement arrosé, moyen de conservation des corps. Le surveillant en est Mr Deleigue et le public  pouvait venir voir les  corps  et éventuellement les reconnaître« Les personnes qui reconnaîtraient quelqu’un sont priées d’en informer le gardien». Plusieurs orages mirent à mal le bateau renforçant sa vétusté mais c'est en 1910 qu'une crue l'emporta définitivement.

Ce trio fait de personnages ambigus, va nous emmener de suspects en suspects dans les rues de Lyon et dans la société lyonnaise de l'époque: aristocratie, fumeries d'opiums, soumises (prostituées), et canuts (ouvriers tisserands)..

Extrait 1 :
"Félicien Perrier marchait d'un bon pas. Il aimait les rues de Lyon la nuit, quand le puritanisme exacerbé de la ville se désagrégeait comme un voile, laissant deviner le vice et la corruption là où tout n'était qu'affabilité et bienséance quelques heures auparavant.[...]   Arrivé au n°16 de la rue Thomassin, quartier de bordels, il bifurqua en vue des deux colonnes qui portaient l'avancée d'une maison, sous l'étroit petit passage de l'Argue. Le sol y était pavé de larges dalles glissantes et il y faisait noir comme dans un tunnel. Un véritable coupe-gorge enclin à la luxure et à la crapulerie.
Alors que des magasins vétustes, fermés à cette heure, se succédaient, il s'engouffra dans l'un d'eux, pourtant rideaux tirés, après avoir zigzagué entre deux filles soumises qui s'étaient empressées de l'alpaguer."

Extrait 2:
"Rosalie resserra son châle de laine autour de ses épaules et, malgré son geste, grelotta de froid. C'était une fille simple, rompue au labeur depuis sa petite enfance, dure à la tâche et têtue lorsqu'il s'agissait de finir une pièce en commande.
Rosalie était soyeuse. Une bistanclac-pan. Tout comme son père, sa mère, sa tante, ses frères et ses grands-parents avant elle. Toute une lignée de canuts penchée sur sa trame depuis des générations.
Elle habitait un appartement atelier, sur la colline de la Croix Rousse, [...].Un de ces logements hauts sous plafond qui avaient été construits au début du siècle afin d'accueillir les métiers à tisser à la tire qui demandaient de la place. Il fallait bien quatre mètres pour ces monstres assoiffés de lumière que l'on avait installés devant de grandes fenêtres."


Julia Chapman -Rendez-vous avec le mystère
Une lecture détente avec ce policier de type cosy mystery.
Je retrouve Delilah Metcalfe et Sansom O'Brien pour de nouvelles aventures. Cette fois, Samson est contacté par le notaire de Bruncliffe, Matty Thistlethwaite, pour rechercher un acte de décès pour clore une succession. Il demande instamment à Samson que Delilah l'accompagne dans ses recherches car elle connaît bien les habitants de la petite ville. Effectivement la mère du fermier Jimmy Thornton décède en laissant son héritage à son fils et à sa fille Livvy. Mais celle-ci est décédée depuis une vingtaine d'années. Et la recherche de l'acte de décès s'annonce plus compliquée qu'elle n'y parait. D'autant plus que nos deux protagonistes sont également en proie à des problèmes personnels. Pour Samson c'est son passé de policier qui le rattrape, alors qu'il pensait s'en éloigner en arrivant à Bruncliffe en créant son entreprise l'Agence de Recherche des Vallons. Pour Delilah il s'agit de retrouver une clientèle pour son agence de rencontres, l'Agence de Rencontre des Vallons car ses créanciers ne vont pas la laisser tranquille. C'est aussi et surtout de savoir comment elle pourra garder Calimero son braque de Weimar car son ex-mari lui en réclame la garde. Samson et Delilah vont donc encore enquêter ensemble et finiront par trouver le fin mot de l'histoire pour notre plus grande satisfaction.

Extrait 1 :
"Delilah Metcalfe avait besoin d'argent. De beaucoup d'argent. Avec tout ce qui l'attendait au tournant, elle avait intérêt à augmenter considérablement ses revenus.
Tout en descendant d'un pas déterminé l'escalier qui menait de son cottage au centre-ville, elle tenta de se convaincre que tout irait bien: le directeur de sa banque, qui était aussi son oncle, ne reviendrait pas sur les autorisations de découvert qu'il lui avait consenties pour ses deux sociétés. Il n'annulerait pas non plus l'hypothèque qui pesait sur sa maison. Et son ex-mari, Neil Taylor, renoncerait à réclamer la garde de leur chien."

Extrait 2:
"-Cet endroit va me manquer. Et toi aussi, mon vieux, tu me manqueras.
Il se pencha pour caresser le chien. Lequel prit prétexte pour fourrer son nez dans le sac contenant les tourtes.
- Même si tu ne restes avec moi que pour ces petites merveilles, reprit Samson.
Plus que deux mois. Avec un peu de chance, il passerait encore deux mois ici. Peut-être moins, qui sait? Rien ne garantissait que son séjour à Bruncliffe dure aussi longtemps. Depuis qu'il avait revu son chef, sa vie lui paraissait plus incertaine que jamais.
Et pas seulement cette vie-là. Son avenir tout entier."


Antonio Manzini - un homme seul
Rocco Schiavone, sous-préfet, muté à Aoste attend dans une chambre qu'il loue et dont le lieu n'est connu que de quelques personnes la fin d'une enquête. Car une femme a été tuée dans son appartement, la femme de son meilleur ami, Adèle. Elle a été tuée à sa place. Déprimé par ce drame qui s'ajoute à celui de la mort de sa femme dans de terribles circonstances quelques années plus tôt, il ne répond pas au téléphone et vit en ermite avec sa chienne Lupa. Tandis qu'il essaie de savoir qui a pu commettre ce crime, un autre crime, celui de Mimmo Cuntrera, un maffieux que Schiavone a arrêté, a été commis dans la prison du Val d'Aoste. Alors Rocco sort de sa tanière pour enquêter sur ces deux affaires. Homme au caractère atypique (mauvaise humeur, répliques cinglantes, plutot border line) il se lance à fond dans ces enquêtes, allant même se faire enfermer en prison et saura avancer ses pions parmi la maffia.

Extrait 1:
"Rocco éprouva une vague satisfaction en constatant que cet article ne mentionnait pas son nom. Mais la chose ne suffisait certainement pas à dissiper son état de prostration. Il n'avait pas quitté la résidence depuis trois jours. Trois jours pendant lesquels il n'avait pas allumé son portable, ne voyait ni son bureau ni ses collègues, ne prenait pas le petit déjeuner place Chanoux, ne fumait pas de joint, ne voyait pas Anna. A part les promenades pour faire prendre l'air à Lupa, il restait reclus dans sa chambre de la résidence du Vieil Aoste à regarder la télévision et le plafond trouvant ce dernier bien plus intéressant."

Extrait 2:
"Il posa la chemise sur la table. Ouvrit la porte. Un garde pénitentiaire l'attendait en lisant le journal.
Il suffit à Rocco d'un regard pour le classifier dans son bestiaire personnel. Le gardien était un myocastor coypus, également appelé ragondin. Son grand nez et ses moustaches en guidon de vélo lui donnaient l'air souriant et sournois d'un colonel prussien à la retraite.


Chantal Thomas - Café Vivre
En feuilletant ce livre, je me suis dit cela pourrait ressembler à la première gorgée de bière le livre de Philippe Delerm, des petites nouvelles, sensations intimes ou moments de plaisirs anodins. Mais pas tout à fait, certes ce sont de petits chapitres, inspirés de ses sensations fugitives caractéristiques quand on voyage . Ce sont des textes parus pour le journal Sud-Ouest de 2014 à 2018 et rassemblés dans ce livre. Mais ici, ces chroniques en passant, sous-titre du roman, ressemblent plus à un journal de voyages, donnant lieu à des réminiscences historiques ou non, genre le calepin où l'on note une idée pour se souvenir de telle chose ou telle sensation assis à la terrasse d'un café. C'est l'apprivoisement du temps, présent ou passé. On y croise Roland Barthes, Richelieu, Diderot, Voltaire, Lartigue entre autres ou le lecteur du métro, le chauffeur de taxi new-yorkais.. C'est l'espace que l'on traverse: Japon, Etats Unis, Argentine, Arcachon ou Paris...Un livre très plaisant où il faut prendre le temps de lire pour assimiler les références littéraires, picturales ou musicales. Je me suis régalée à sa lecture qui m'a donné une envie folle de voyager pour apprécier toutes les beautés de ce monde.

Extrait 1:
"Café vivre, dénué de toute vision rétrospective, répète au présent l'instant où l'on fait une pause, où l'on s'assoit sous un arbre, à une terrasse, où l'on s'arrête à un carrefour, sur une plage, au milieu du chemin, pour, simplement regarder autour de soi."

Extrait 2 :
"J'ai été impressionnée, et ravie, au salon du livre de Draguignan [...], par l'affluence du public. [...] Les parents-lecteurs dans l'espoir qu'au cours de cette déambulation se déclenche chez leurs enfants non lecteurs ce phénomène mystérieux: le désir de lire. De lire pour le plaisir. Et associé à ce désir, la chance de pouvoir s'immerger dès les premières phrases d'un texte dans un univers passionnant. Pour qui aime lire, le voyage immobile est là, toujours accessible."



John Irving - L'oeuvre de Dieu, la part du Diable-
C'est l'histoire d'Homer Wells, un orphelin qui n'a jamais pu se faire adopter, et qui reste à l'orphelinat de St Cloud's dans le Maine pour assister le docteur Wilbur Larch, un gynécologue plutôt excentrique. Celui-ci, entouré de ses infirmières, Nurse Angela et Nurse Edna, pratique l'oeuvre de Dieu et la part du Diable, c'est à dire accouchements et avortements.. Le docteur Larch se veut le sauveur de ces femmes qui viennent se faire avorter. Pendant ce temps, Homer entre les différents travaux qu'il exécute, traîne avec Melony une autre orpheline, au caractère difficile. Le docteur Larch éprouve pour Homer des sentiments comparables à ceux d'un père pour son fils. Il lui apprend tout ce qu'un docteur doit savoir, car il espère qu' Homer pourra lui succéder à l'orphelinat. Mais un beau jour, la belle Candy vient pour avorter accompagnée par son fiancé Wally dont les parents possèdent une ferme prospère. Et Homer s'en va avec eux. Candy, Wally et Homer formeront un trio inséparable jusqu'au jour où Wally partira à la guerre. Melony quittera aussi l'orphelinat pour partir à la recherche d'Homer.
Cette fresque qui se déroule de 1920 aux années 1950, nous montre des personnages attachants et brosse le tableau de la société américaine de l'époque. Même si j'ai eu du mal à rentrer dans le livre au début, je me suis vite attachée à cette histoire et j'ai dévoré les 800 pages du livre avide de connaître la destinée de chacun et quel sera le choix final d'Homer.
Je vous le recommande!

Extrait 1:
"Nurse Angela, bien entendu, qualifiait Homer Wells d' "angélique" - c'était dans son caractère, et dans le caractère de Nurse Edna, d'évoquer la" perfection" de l'enfant et son "innocence"; mais le docteur Match s'inquiétait: Homer entrait en contact avec les femmes blessées qui faisaient appel aux services de Saint Cloud's - les mères sur le départ. Et il devait rechercher à travers ces personnages et leurs récits une certaine définition de sa propre mère."

Extrait 2:
" Il songeait à la loi de Melony - une loi sur les dossiers, sur l'histoire écrite - mais Wilbur Larch était à Saint Cloud's le seul historien et la seule loi, une loi d'orphelinat: la vie d'un orphelin commençait quand le docteur Larch se souvenait de lui; et si un orphelin était adopté avant de se fixer dans le souvenir (ce que l'on espérait), sa vie commençait avec qui l'a adopté. Telle était la loi de Larch. Après tout, il avait pris la responsabilité de suivre la loi non écrite concernant le moment où un foetus était éveillé ou non; les règles selon lesquelles il décidait de délivrer un bébé ou bien une mère, étaient également ses propres règles."






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire