samedi 16 décembre 2023

Envie de lecture ....chapitre 22

Deux belles  découvertes Valério Varesi et Tom Lin  pour mes lectures de ce trimestre. Une lecture dont l'action se passe à Naples  dans les années 50-60 de Philippe Vilain. Retour sur l'histoire de Missac Manouchian  avec Didier Daeninck. La suite des nouvelles aventures de Nestor Burma sous la plume de Michel Quint et Nadine Montfils. Et toujours Jo Nesbo et la suite de Harry Hole, Agatha Raisin, Giaccometti-Ravenne pour la suite des Tristan Marcas. Et le premier tome  de la serie  du capitaine Wyndham d'Abir Mukherjee.
Naples : librairie sur la Piazza Gésù del Nuovo
Valério Varesi : le fleuve des brumes
Un polar italien que j'ai bien aimé.
L'action se passe en Italie du Nord sur les rives du Pô non loin de Parme.
La pluie n'arrête pas de tomber et le Pô est en crue. Dans un petit village sur les bords du Pô un petit cercle de marins surveille tous les jours la montée des eaux. Pourtant la péniche d'Antéo Tonna quitte le quai, tous feux éteints. Le bateau sera retrouvé échoué,  mais le batelier n'est pas dans son bateau, il a disparu.
Dans le même temps, le commissaire Soneri est appelé à l'hôpital car Décimo Tonna le frère du batelier vient de mourir et la mort ne semble pas naturelle.
Antéo et Décimo ont tous deux été des fascistes notoires. Est-ce là la raison de leur mort? Le passé les a-t'il rattrapé, dans ces villages sur les berges du Pô où ont eu lieu des combats entre fascistes et communistes.
Le commissaire Soneri, cigare aux lèvres et entre deux appels, au son d'Aïda, d'Angela sa compagne, prend son temps, observe, interroge dans cette atmosphère brumeuse et pluvieuse si bien décrite.

Extrait: "Dans la salle, on écoutait la radio, en interrompant la partie quand arrivaient de nouvelles informations. La lumière intermittente d'un fanal fit irruption dans le parvis du cercle nautique avant de s'éteindre doucement. Ghezzi entra après avoir mis son vélo au sec.
- Le camion est arrivé avec les sacs. Le maire envoie en ce moment les agents de police prévenir toutes les familles qu'elles doivent se tenir prêtes à évacuer, annonça-t' il.
- Il est fou! s'emporta Torelli. Tant que l'eau n'atteindra pas les portes, personne ne s'en ira.
- En attendant, c'est Tonna qui s'en va, les informa Vernizzi en regardant dehors vers le quai.
La péniche paraissait plus grande et imposante. A présent, elle semblait flotter en tanguant doucement pendant la manoeuvre lui permettant de prendre le large et de s'abandonner au courant. Lentement elle glissa devant les postes d'amarrage et se mit légèrement de travers, sortant du port fluvial en titubant. Puis elle se laissa glisser, entraînée par les eaux indolentes.
- Il n'a même pas allumé ses feux de signalisation, fit remarquer Torelli en observant la lumière de la cabine que l'on distinguait encore un peu avant que la péniche ne rejoigne le centre du fleuve.
- Tonna se fait vieux, conclut Vernizzi, vous avez vu la manoeuvre qu'il a faite? Il a voulu sortir en comptant sur la force du vent et il a failli ensabler la proue dans le pressoir. C'est la crue qui l'a sauvé."
Didier Daeninckx : Missak
Janvier 1955, Louis Dragére jeune journaliste à l'Humanité est chargé par Jacques Duclos, de retracer le parcours de Missac Manouchian héros de la résistance  dans le groupe des MOI-FTP.
En lisant sa dernière lettre écrite à sa femme Mélinée, Missak fait allusion à une trahison et dénonciation qui aura conduit le groupe à être exécuté par les allemands  le 21 février 1944.
Ce réseau de résistants d'origine étrangère a entre autres attentats, exécuté Julius Ritter qui supervisait le recrutement de la main d'oeuvre destinée  au  service du travail obligatoire (STO).
Louis Dragère va donc remonter différentes filières arméniens, membres du parti ou ayant été exclu du parti et qui ont côtoyé Manouchian. Il va ainsi reconstituer grâce également à des archives, une partie du parcours de ce résistant des MOI-FTP: l'extermination des arméniens par l'armée turque, les conditions de leur arrivée en France puis l'intégration, le travail en usine, bref une fresque sociale de cette époque. 
Manouchian arrivé en 1925 en France, menuisier de formation, tourneur chez Citroën, puis il s'introduit dans le milieu artistique, suit des cours à l'université, devient militant au HOC (comité de secours pour l'Arménie ou il rencontre celle qui deviendra son épouse Mélinée Assadourian) puis au parti communiste. Ses liens avec les parents de Charles Aznavour, Micha et Knar Aznavourian, sympathisants communistes et engagés dans la Résistance. Arrêté une première fois au début de la guerre puis ensuite le 16 novembre 1943.
Dans ce livre on croise des personnages connus comme Willy Ronis, Jacques Duclos, Louis Aragon, Charles Tillon, Henri Krasucki, le peintre Krikor Bedikian, Charles Aznavour à ses débuts. C'est aussi  le Pacte Germano Soviétique qui déchira les communistes.
Ce livre, entre enquête historique et roman, est aussi une peinture sociale et politique de l'époque et c'est ce qui m'a, je pense,  le plus plu car c'est surtout un pan de mon enfance.

Extrait: " Un an plus tard, en mars 1943, on m'a admis dans le premier groupe, celui dont faisait partie Manouchian et qu'on appelait le détachement roumain. Comme tous les autres détachements, il était placé sous les ordres de Boris Holban, le responsable militaire parisien, que Manouchian a remplacé en août de la même année. Jusqu'à la chute en novembre.
Dragère savait que Karayan, comme tous les autres résistants qu'il avait eu l'occasion de rencontrer, ne rentrerait pas dans le détail de ses faits d'armes [...]
- Vous savez comment vous avez échappé à la rafle, vous n'êtes  pas tellement nombreux à vous en êtes sortis?
- Non, ça reste un mystère...Les Brigades spéciales avaient tissé une véritable toile d'araignée. Cela faisait des mois qu'ils nous filaient, qu'ils reconstituaient notre organisation, méthodiquement. Les camarades avec lesquels je suis monté en opération ont également été épargnés: Arsène Tchakarian, Alexandre Konstantinian, Leo Kneler...Il est évident que ceux qui avaient les adresses de nos planques n'ont pas parlé sous la torture, et que celui qui nous a trahis ne devait pas les connaître. C'est la seule explication."

Agatha Raisin : tome 20 - Voici venir la mariée
Agatha est déprimée! Toni son ancienne salariée a fondé son agence avec un autre de ses ex salarié Harry, elle se sent dépassée professionnellement, et pour couronner le tout, voilà que son ex-mari James Lacey se remarie avec Felicity Bross-Tilkington une jeunette... Bien entendu, elle est invitée au mariage de James et arrive à l'église affublée d'une extravagante toque ornée de plumes de paon. Seule la mariée se fait attendre, et pour cause, elle a été retrouvée avec une balle dans le corps.
L'enquête commence, Agatha est suspectée et interrogée par la police. Mais la mère de la fiancée, Olivia, l'embauche pour tenter de trouver le coupable. Comme pour les autres tomes Roy et Sir Charles viendront mettre leur nez dans l'affaire.
Même si les histoires semblent se répéter un peu, ces livres se lisent vite, sans prise de tête, c'est relaxant mais irais-je jusqu'au 36e tome...Bon en général je suis assez tenace mais il faudrait un peu de renouvellement!

Extrait: "Elle avait beau se sentir très faible, il était essentiel qu'elle gagne le pont et qu'elle saute à l'eau le plus vite possible. La terreur lui donna des forces. Elle se leva les jambes flageolantes, et tituba jusqu'en haut à l'insu de Georges qui était à la barre - le bruit du moteur masquait ses pas.
Elle s'éloigna de lui et gagna la poupe, puis fit marche arrière, craignant d'être prise dans les pales de l'hélice. Rassemblant tout son courage, elle se jeta par-dessus bord.
Dans l'eau, elle faillit s'étrangler en buvant la tasse, mais donna un coup de pied et remonta à la surface. Son coeur manqua de s'arrêter. Les lumières du port étaient déjà si loin. Elle n'aurait pas la force de regagner le rivage à la nage.
Tout à coup une formidable explosion déchira l'obscurité. Le bateau, avec Georges aux commandes, venait d'exploser dans une boule de feu."

Jo Nesbo : Police
Encore une enquête menée de main de maître par la plume de Joe Nesbo! Difficile de lâcher le livre!
L'histoire: des policiers sont assassinés aux dates anniversaires de crimes commis et non élucidés. La police n'a pas d'indices et patauge. Leur directeur Mickael Bellman n'a rien à avancer mais navigue toujours en eaux troubles  entre sa maitresse, l'adjointe à la ville Isabelle Skoyen, ses compromissions politiques et son alliance avec Truls Bernsten son homme de main. Un homme, dont personne ne connaît le nom, est à l'hôpital et pourrait bien par ses aveux, compromettre l'avenir de Bellman. Mais où est donc passé Harry Hole? La réponse arrivera au bout de 200 pages.  Gunnar Hagen forme une petite équipe pour tenter de trouver un indice pour essayer d'attraper ce meurtrier en série contre l'avis de Bellman selon la méthode Harry Hole, équipe composée de Beate Lonn,  Stale Aune, Bjorn Holm, Katrine Bratt. Mais si jamais l'équipe trouve Bellman s'en attribuera toute la gloire.
Comme d'habitude Nesbo, nous fait entrevoir plusieurs pistes possibles qu'il ferme ou qu'il laisse ouverte à son gré. Ce n'est bien sûr qu'à la fin que surgira le deus ex machina!

Extrait: "Hagen écarta les bras.
-Je cherche seulement à obtenir des résultats. Nous en obtenions avec un petit groupe indépendant quand Harry était avec nous. Mais le directeur y a mis le holà. Cela a peut-être l'air un peu prêt à tout, mais le groupe d'enquête est à sec d'idées et il faut que nous arrêtions ce tueur de policiers. Sinon ça va péter. Si ça devait finir avec une confrontation avec le directeur, j'en endosserais toute la responsabilité, bien entendu. Dans ce cas, je lui dirais que je ne vous avais pas prévenus qu'il n'était pas au courant pour ce groupe. Mais je comprends naturellement dans quelle situation je vous place, et c'est à vous de voir si vous voulez participer."[....]
-Les invincibles sont repartis, dit Katrine avec un sourire.
-C'est exactement comme au bon vieux temps, renchérit Bjorn en se tapant sur la panse d'un air ravi.
-Presque, dit Beate. Il en manque un.
-Oh là! s'exclama Hagen. Nous avions juré que nous ne parlerions plus de lui. Il n'est plus là et c'est comme ça.
-Il sera toujours là Gunnar.[...]
Hagen eut un sourire triste. Peut-être est-il en train de devenir une légende malgré tout.
-Harry ne sera jamais oublié, dit Bjorn Holm. Il n'y a pas eu mieux que lui et il n'y aura pas mieux."
Michel Quint : Les belles de Grenelle
Une nouvelle aventure (la troisième) des nouvelles enquêtes de Nestor Burma.
Cette fois-ci l'auteur nous balade dans le 15ème arrondissement au square Brassens, Brigitte Merlier 44 ans est retrouvée assassinée. Or Brigitte a été la petite amie de Nestor du temps où Nestor était un "rebelle sans cause, façon James Dean".
C'est un Nestor plein de mélancolie, moins castagneur, moins gouailleur que les tomes précédents. Il va donc tout faire pour retrouver le meurtrier de Brigitte. A partir d'un bijou laissé sur la scène de crime ainsi qu'une lettre venant d'une maison d'édition où on lui apprend que Brigitte devait sortir un livre dérangeant pour pas mal de monde.
Bien sûr vous connaissez Nestor!  Il remontera la piste du meurtrier et le passé de Brigitte aidé par ses deux fidèles lieutenants, Kardiatou et Mansour mais aussi par la commissaire Faroux.

Extrait: "Il pleure dans mon coeur/Comme il pleut sur la ville."
"J'avais oublié ces vers de Verlaine que tu me disais à travers tes larmes, Brigitte. Parce que j'étais un petit con juste capable de te causer des souffrances. De te faire lanterner d'amour. Et tu te soignais le sentiment à la poésie, au théâtre, au roman, au jazz. Autrefois, du temps de nos vertes années. Nos années lycée. Et aujourd'hui mon regard se brouille à voir tes yeux noyés de cette pluie printanière et ce jour chagrin sur ton cadavre déchaussé, tes escarpins au diable. Qui pourrait faire chialer Nestor Burma, détective de choc, patron de l'agence fiatlux.com, sinon toi?".
Abir Mukherjee : l'attaque du Calcutta Darjeeling
C'est le tome 1 de la série avec le capitaine Wyndham et le sergent Banerjee.
J'avais déjà lu le tome 2 les princes de Salambampur et j'avais bien aimé.
Guerre de 14-18: le capitaine Wyndham, un ancien de ScotlandYard, rencontre lord Taggart pour qui il travaille. Blessé pendant l'été 1918, son seul remède contre la douleur : la morphine. C'est à cette époque qu'il apprend la mort de sa femme Sarah, décédée de la grippe espagnole.
Nous sommes en 1919, le capitaine Wyndham, est appelé en Inde à Calcutta par Lord Taggart  devenu  chef de la police impériale du Bengale.
Cette arrivée en Inde est un choc, l'atmosphère étouffante due au climat: la chaleur moite, mais aussi due à la haine croissante des indigènes envers les colons et  il y a aussi  Mme Tebbit  gérante de la pension Royal Belvèdère où il loge, et sa nourriture infecte.
Il a un adjoint le sergent Sat Banerjee ayant étudié à Londres, tiraillé entre sa collaboration avec le colonisateur et  le désir d'indépendance pour son pays.
Samuel  Wyndham va devoir enquêter sur le meurtre d'un haut fonctionnaire, Mac Auley, dont le corps est trouvé dans une ruelle mal famée tout près d'un bordel. Attentat contre l'autorité coloniale ou simple règlement de comptes? L'enquête et sensible car ce haut fonctionnaire était un proche du vice-gouverneur et d'un magnat de l'industrie, Buchan.
Peu de temps après le train Calcutta Darjeeling est attaqué. Les deux affaires sont-elles liées?
Le bouc émissaire en la personne de Sen, un indépendantiste est vite trouvé  et ce roman  nous raconte cette histoire de l'Inde sous le joug Britannique, les relations Anglais et Indiens , la loi Rowlatt  votée en mars 1919 permettant à la police d'emprisonner  et condamner à mort des Indiens avec juste une parodie de jugement, le massacre d'Amritsar du 13 avril 1919 où la police a tiré sur des civils indiens désarmés et pacifiques.

Extrait: "Rien, sauf peut-être la guerre, ne vous prépare pour Calcutta. Ni les horreurs décrites dans les pièces enfumées de Pall Mall par les hommes rentrés de l'Inde ni les écrits des journalistes et des romanciers, ni même un voyage de cinq mille miles avec escale à Alexandrie et Aden.
Calcutta, quand elle apparaît, se situe dans une catégorie plus étrangère que tout ce que l'imagination d'un Anglais peut concevoir. Le baron Robert Clive l'a appelé l'endroit le plus cruel de l'univers et c'était un des commentaires les plus positifs.
Il y a ici quelque chose de particulier. Ce n'est pas seulement la chaleur et l'épouvantable humidité. Je commence à soupçonner que c'est en rapport avec les habitants. On trouve une arrogance particulière chez l'Anglais de Calcutta qui n'existe pas dans beaucoup d'autres postes avancés de l'Empire. Elle vient peut-être de la familiarité. Après tout, les Anglais sont au Bengale depuis cent cinquante ans et semblent considérer les indigènes, notamment les Bengalis, comme méprisables. Le colonel Tebbit en a fait une démonstration hier soir pendant le dîner:" De toutes les races de l'Empire, les Bengalis sont les pires. Aucune loyauté, voyez-vous. Pas comme le guerriers du Pendjab qui se précipiteraient volontiers vers la mort si un sahib leur demandait. Non, le Bengali est très  différent, trop malin pour son propre bien. Toujours en train de manigancer ou de comploter...et de parler. Pourquoi utiliser un mot quand un paragraphe fait l'affaire? C'est la manière Bengali." Il a raison à propos des Pendjabis.[...]En outre en tant que policier, j'aime beaucoup l'idée qu'un peuple préfère parler plutôt que se battre."
Nadine Montfils : Crime dans les Marolles
New Nestor Burma suite.
Cette fois  Nestor se délocalise à Bruxelles (Nadine Montfils est belge d'origine) et elle nous emmène dans une belle balade dans cette belle ville Bruxelles, sur des lieux mythiques bruxellois, avec le parler idoine, tellement sympa que cela me donne une furieuse  envie de retourner à Bruxelles! Les titres des chapitres sont des phrases issues de chansons. L'auteure possède un style bien à elle, je cite ici certaines critiques dont je partage l'avis:" elle se permet d'écrire ce qu'un homme n'oserait pas de peur d'être attaqué par certains pisse-froid de misogynie, de racisme et que sais-je encore. Ou encore la truculence de ses dialogues, la pertinence de ses réflexions à l'emporte-pièce."
Du coup je lirais bien un autre roman d'elle.
L'histoire: Nestor Burma est invité par son ami Guy Marchand chanteur mais aussi acteur au BIFF, Festival du Film Fantastique de Bruxelles, car il est président du jury. "Quand il se lève, je vois les regards tournés vers lui. Il a une sacrée classe le bougre! Je suis jaloux."
Au cours d'une soirée il rencontre Alexia, la petite amie de Léo Straum accusé du meurtre  de ses parents et de sa soeur. Léo a été condamné à 26 ans de prison et Alexia supplie Nestor Burma de prouver son innocence. (Cette histoire est inspirée d'un fait divers réel, l'affaire Léopold Storme  qui a eu lieu en 2007 dans les Marolles). Cette affaire intrigue Burma qui décide d'enquêter.
Nota : en relisant ces lignes ce jour pour effectuer quelques corrections, l'auteure fait  un bel hommage à Guy Marchand décédé en ce 15 décembre 2023.Le personnage de Nestor Burma lui allait comme un gant.

Extrait: "On est toujours en guerre. Même dans les pays où on ne se tire pas dessus, on est en guerre cn guerre contre les cons. En plus ils pullulent et se reproduisent. Puis ils votent pour des plus cons qu'eux. Je me souviens, quand j'étais plus jeune, j'avais la naïveté de croire qu'on pouvait discuter, se parler... mais avec les cons, tu peux pas. Faut juste zapper. Au max, dire bonjour si ça te gêne d'être impoli. Pour le reste, tu passes ton chemin et tu ne réponds pas. Les cons c'est comme les microbes. Faut pas s'en approcher sinon t'es contaminé.
Je demande au patron, un brave gars un peu rondouillard, là depuis toujours, sans doute né sous comptoir, comme certains sous X?, si Schieve Patate est là.
-Il est dans la cour derrière.
La cour n'a pas changé depuis que le café existe. C'est à dire depuis la nuit des temps. Pas l'ombre de l'apparition d'un pot de fleurs-un bloem pot-, comme on dit ici. Mais ça sent bon le stoemp et j'ai les papilles qui se réveillent. J'en commande une avec ue tranche de lard et une bonne gueuse bien sûr.
Je me présente: Nestor un ami de Mimiche, j'ajoute que j'avais une tante qui habitait la rue Haute et que je suis un fan d'Annie Cordy. Tout de suite, je sens les mots magiques qui attirent la sympathie. Schieve Patate m'invite à m'assoir à sa table. Quel honneur!"
Giacometti Ravenne : 669
Suite de la série Tristan Marcas: tome 5 de la saga du soleil noir. Ce que j'aime bien c'est qu'en début de livre on a le résumé des tomes précédents!  En tous cas je suis bien accro à cette série!!
Cette fois nous sommes en 1944. Le débarquement est proche. Tristan s'est réfugié à Genève où il est antiquaire. Mais Laure d'Estillac, qui travaille pour le BCRA service de renseignement des gaulliste à Londres, vient lui demander son aide pour confondre un receleur suisse et démasquer une organisation chargée de vendre des oeuvres d'art à l'étranger afin de permettre à des traîtres à la solde des nazis de se constituer un butin de guerre si le vent tourne en France.
En France, un haut gradé allemand est tué au sommet de la tour Eiffel dans une mise en scène macabre et un nombre à 3 chiffres est inscrit sur une planche : 669. Les allemands sont sur les dents. Himmler exige que le coupable soit trouvé rapidement sinon 669 otages seront exécutés. Le commissaire Montalivet  du 36 quai des orfèvres est chargé de l'enquête et fait le rapprochement avec le meurtre de la baronne de de Luzy, proche de la sphère allemande,  où également les trois chiffres 669  avait été tracé sur son miroir au rouge à lèvres. Meurtres de résistants ou d'une secte sataniste? Tristan va se voir obliger de coopérer de nouveau avec les allemands et le commissaire Montalivet pour résoudre ces meurtres, d'autant plus que Laure a été faite prisonnière en contrepartie de la  collaboration de Tristan avec les allemands.
Nous y croiserons cette fois-ci Violette Lorris ancienne sportive et membre de la gestapo rue Lauriston, le Dr Petiot, Marie Olinska, actrice de cinéma qui faisait partie des "comtesses de la Gestapo ".

Extrait: " Le commissaire avala à son tour son verre de bourgogne d'un trait. Les comtesses de la Gestapo était le surnom donné à tout un petit groupe de femmes aristocrates, de fraîches ou longues lignées, mais toutes de petite vertu, appointées par la Gestapo pour la renseigner sur les hautes sphères du pouvoir en France. Princesses, duchesses, baronnes, mais aussi roturières, actrices ou demi-mondaines devenues nobles par la grâce d'un mariage avec de vieux nobles décatis. Pour elles aussi, les jours heureux s'éloignaient à tire-d'aile.
Montalivet reposa son verre et se frotta la joue d'un air ennuyé.
- Reste à trouver un lien logique entre sa mort et celle de l'Oberführer à la Tour Eiffel. L'une se fait arracher les yeux, l'autre le coeur. Et ce nombre ...669."

Tom Lin : les mille crimes de Ming Tsu
Je suis complètement fan!
Nous sommes dans les années 1860-1870 dans l'Ouest de l'Amérique. Des immigrés chinois construisent la voie ferrée pour la Central Pacific. Ming Tsu est l'un deux. Il a été formé par son père adoptif, Silas, à l'art de tuer. Son obsession c'est de retrouver Ada, enlevée par les hommes de mains de son beau-père. Il va donc traverser l'Utah, le Nevada et la Californie pour la retrouver. Sa tête est mise à prix"un assassin chinois: cheveux noirs, ne porte pas de queue de cheval[...]à n'approcher qu'avec la plus  grande prudence".
En cours de route il va exécuter les hommes qui lui ont volé sa vie et quelques autres. Il est accompagné d'un vieillard aveugle, appelé le Prophète. Il rencontrera une troupe de théâtre qui présente un spectacle de magie et notamment de miracles et les accompagnera une partie de son voyage. Un western avec des indiens, des shérifs, un juge, des bandits de grands chemins et du whiskey qui coule à flots! Et un côté voyage initiatique où la nature est présente et les animaux dotés d'un pouvoir magique. "C'est du sanglant, surréaliste et surnaturel" comme justement lu dans une critique.

Extrait: "On entendit un battement d'ailes dans les airs et presque aussitôt un énorme corbeau noir descendit vers le sol et se posa dans les broussailles près de l'endroit où Ming s'était penché pour se laver les mains. Ils se regardèrent pendant un petit moment.
-Bonjour, lui dit Ming avec quelque méfiance.
Le corbeau inclina la tête de côté. Ming baissa le regard sur ses mains engourdies par le froid et maintenant propres et les essuya sur sa chemise. Le corbeau ne bougea pas.
-J'ai tué un homme hier, dit Ming d'une voix légère. C'était un prêtre autrefois.
Il se leva et s'épousseta.
- J'espère que cela ne te dérange pas trop.
Le corbeau ouvrit son bec comme pour parler, mais il hésita, ne sachant apparemment pas ce qu'il pourrait bien dire. Au bout d'un moment, il referma son bec, fit un léger signe de tête et s'envola."
Philippe Vilain : la malédiction de la Madone
J'ai choisi ce livre en fonction du lieu du récit. Il se passe à Naples dans les années 1950-1960: Naples puisque j'en reviens et que j'avais envie d'en retrouver les quartiers, les rues, l'atmosphère. 
Quant à l'histoire, il s'agit du portait d'une femme Assunta Maresca, dite Pupetta, élevée dans le quartier Materdei sous la coupe d'un père contrebandier et appartenant à la camorra.  Elle a 18 ans et n'a pas d'autre choix que de  travailler dans la boulangerie paternelle et destinée à un mariage forcé, ce qu'elle redoute le plus,  et à faire une marmaille d'enfants. Agée de 20 ans elle participe à un concours de beauté et grâce à l'appui de Pasquale Simonetti appelé le Colosse, elle devient Miss Rovigliano. Pieuse sans être bigote, elle se place sous la protection de la Madone. Elle tombe amoureuse de Simonetti  camorriste. Elle tombe enceinte de lui et ils se marient, mais Simonetti est assassiné  80 jours après la cérémonie et sa veuve n'a qu'une hâte le venger, ce qu'elle fera sans broncher. 
Ce livre se lit de manière agréable, l'auteur par sa justesse de plume décrit l'atmosphère napolitaine et les personnages. Cependant il m'a manqué  quelque chose qui fait que je n'ai pas ressenti la force de cette Madone  vengeresse.

Extrait: "Les dimanches étaient l'occasion de sortir les beaux habits, les costumes, les robes, les chapeaux, les souliers vernis qu'on ne porte presque jamais, pour se montrer à la messe. C'étaient les longues discussions sur le parvis de l'église, la boutique des vertus, avant les prières à la Madone, les invocations et autres demandes de pardon. Puis on sacrifiait parfois à la photo, photo qu'il fallait souvent refaire tant les personnes assemblées avaient tendance à déborder du cadre. Les hommes traînaient au café tandis que les femmes se dépêchaient de rentrer pour préparer le déjeuner familial, car les dimanches, c'était aussi et avant tout cela, les retrouvailles, les immenses tablées entourées des grands-parents, des frères, des oncles et des cousins, des souvenirs qui faisaient rire ou donnaient la larme à l'oeil."







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire