lundi 22 juillet 2024

Envie de lecture...Chapitre 25

Cette fois-ci, j'ai continué et terminé certaines de mes séries : Naguib Mahfouz, Jacques Moulins. J'ai découvert Sawako Ariyoshi et In Koli Jean Bofane.J'ai bien ri avec Romain Puertolas et la suite des aventures de son fakir. Je me suis perdue dans les sentiers obscurs de Karachi et dans les rues de Venise. Je suis retournée dans l'histoire au temps de la Commune et au temps des Romanov.

La boîte à livres de Frontonas

Donna Leon: Mort à la Fenice
La première enquête du commissaire Brunetti. J'ai bien aimé. Mais le personnage principal c'est aussi Venise que Brunetti (sous la plume de Donna Leon)  nous fait découvrir au fil de ses investigations. Un commissaire  loin des archétypes du policier alcoolo ou déprimé, ça change! Il est humain, intègre, avec une certaine nonchalance menant une vie normale auprès de sa femme, issue de la haute société vénitienne, et de ses enfants. Voilà pour le personnage. Quant à l'intrigue elle va se dérouler principalement à l'opéra de Venise, la Fenice où le grand chef d'orchestre  Wellauer est empoisonné. Il va découvrir l'envers du décor lorsqu'il va remonter dans le passé plutôt glauque du chef d'orchestre. 

Extrait: "Brunetti se dirigea vers l'hôtel, encore éclairé à cette heure de la nuit, où pourtant, l'obscurité règnait sur la ville endormie. Jadis capitale des plaisirs de tout un continent, Venise n'était plus qu'une ville de province somnolente plongée dans un quasi-coma après neuf ou dix heures du soir. Pendant les mois d'été, elle pouvait s'imaginer revenue au temps de sa splendeur galante, tant que les touristes payaient et que le beau temps se prolongeait; mais en hiver, elle n'était plus qu'une mémère fatiguée, seulement désireuse de se couler de bonne heure sous sa couette et de laisser les rues désertées aux chats et au passé.
Ces heures étaient cependant celles où Venise était la plus séduisante, pour Brunetti, les heures où lui, pur Vénitien, sentait le plus vivement la présence de son ancienne gloire. L'obscurité de la nuit dissimulait la mousse qui envahissait les marches des palais, le long du Grand Canal, faisait disparaître les fissures des églises et les plaques d'enduit manquantes aux façades des bâtiments publics. Comme beaucoup de femmes d'un certain âge, la ville avait besoin de cet éclairage trompeur pour donner l'illusion de sa beauté évanouie."

Jacques Moulins : le réveil de la bête
C'est le premier tome de la trilogie du commandant Salvère. J'avais commencé par le deuxième ... erreur, car le premier tome campe les personnages et l'histoire qui se poursuit dans le deuxième (retour à Berlin). Et ce premier tome m'a bien plu et du coup j'avais été mitigée sur le deuxième, normal!
Le commandant Deniz Salvère travaille à la direction antiterroriste d'Europol, il a pour assistante Elsa Minetti. Il est avec son équipe sur la piste d'un mouvement d'ultra droite qui projette une série d'attentats. Mais une de ses sources, Maryam Binebine, est retrouvée égorgée dans son appartement parisien. Maryam est une hacker qui signalait des mouvements de fonds bizarres en Europe de l'Est. Il confie l'affaire à Elsa, affaire qui est revendiquée par un autre service d'Europol dirigé par Wolfgang Brenner. Elsa doit aussi travailler avec la police parisienne dirigée par Annick Lebèque. Parallèlement, c'est aussi l'histoire de Milosz un jeune slovaque désoeuvré et dont l'avenir semble sans lendemain  qui est récupéré par un groupuscule de nationalistes pour récupérer les fichiers dans les ordis, faire du service d'ordre...
La fin du premier tome annoncera le deuxième avec la création d'une section à Berlin.

Extrait: "- Mais nous sommes un service antiterroriste européen, pas une brigade financière.
-Exact. Et j'ai demandé qu'on poursuive ce qui a énervé notre ami Wolfgang Brenner. En réunion de direction, il m'a reproché de marcher sur les plates-bandes de la cybercriminalité en mobilisant inutilement des agents de l'informatique. Mon très aimé supérieur Stefanakis lui a donné raison. Je me suis officiellement incliné. Et Brenner a enterré l'histoire qui ne présentait à ses yeux aucun intérêt.
-"Officiellement". Donc tu as continué?
- L'urgence de ce transfert m'a intrigué. Je n'ai d'abord fait que recueillir des informations publiques. Publiques mais étranges. Le club de foot en question n'était pas présent sur le Mercato. Pourquoi ce besoin soudain d'argent pour un petit club sans grande ambition? Mais il y a plus étrange encore. Le service informatique de Capita m'a appris que l'administrateur du club de foot est un vieux monsieur de quatre-vingt-deux ans, gardien d'immeuble sous le régime communiste.
- Un petit trafic de la mafia de foot locale. En quoi ça nous concerne?
- Deux pays sont en question, la Roumanie et la Slovaquie. Ce qui donc interpelle l'Europe. Avec Louis Capita, j'ai découvert que les bénéfices de la société roumaine dépassaient largement la moyenne dans ce genre d'entreprises du bâtiment, que le club n'a amélioré en rien  sa saison, mais a procédé à de nombreuses embauches dans l'administration, les soins, l'entretien de son stade, que le vieil administrateur n'a jamais mis les pieds en Slovaquie, ni nulle part ailleurs que dans la petite ville des Carpates où il a toujours vécu. Aucun terrorisme là-dedans, de quoi je me mêle? me demanderait mon ami Théos Stéfanakis?"
Naguib Mahfouz : le palais du désir
Après impasse des deux palais, voici le deuxième tome de la trilogie. Il faut voir cette trilogie comme une fresque sociale et historique de l'Egypte.
Dans Impasse des deux palais, le récit se situait principalement  dans la maison familiale des Abd el Gawwad  dans la rue de Bayn-al-Qasrayn non loin de la mosquée Sayyedna al- Hussein qui tient une place dans ce roman, l'action se déroule entre 1917 et 1919 et est centrée sur le père Ahmed (commerçant) et sa femme Amina mariée très jeune et femme soumise au maitre de maison. Leurs enfants : Yasine (21 ans) fils d'un premier mariage et amateur de femmes, Fahmi (19 ans)  étudiant en droit, Kamal (11 ans) écolier, Khadiga (20 ans)  Aïsha (16 ans). Le père, au caractère despotique, exige que ses filles ne doivent pas avoir été vues par leurs prétendants avant le mariage. Mais il a deux personnalités, celui qu'il affiche dans sa maison , austère et fidèle aux prescriptions religieuses (il va même vouloir répudier sa femme car elle a été prier à la mosquée al Hussein sans son autorisation), sa seconde personnalité c'est celle qu'il affiche au monde extérieur: un homme souriant, affable, bon vivant qui s'enivre le soir avec ses amis et courtise une almée Zubaïda. Les enfants seront mariés selon le bon vouloir du père. Au niveau historique apres la signature de l'armistice, l'Egypte demande l'indépendance  par la voix de Saad Zaghloul auprès des autorités anglaises. Celui-ci est exilé à Malte, il en résulte de grandes manifestations. Lorsque Zaghloul est libéré,  une manifestation pacifique est organisée.  Fahmi, qui a embrassé la cause nationaliste, contre la volonté de son père, y participe, les anglais tirant dans la foule, Fahmi est tué. Là s'achève ce premier tome.
Dans le second tome (qui va de 1920 à 1927), le Palais du désir, on retrouve les protagonistes de cette épopée. Khadiga et Aïsha sont mariées et ont des enfants et vivent maintenant hors de la maison familiale. Ahmed le père a vieilli ainsi qu'Amina. Kamal a seize ans et Yasine 28 ans  et c'est d'eux qu'il sera beaucoup question dans ce livre. Yasine est employé dans un ministère et aime toujours boire et la compagnie des femmes, il va même jusqu'à répudier sa deuxième femme Maryam pour épouser une luthiste (femme jouant du luth dans les orchestres qui accompagnent les almées dans les soirées et mariages) Zannouba (qui a quitté le père pour le fils..). Kamal est étudiant à l'école normale (contre l'avis de son père qui voulait qu'il fasse du droit) intéressé par les lettres, la politique. Il s'éprend d'Aïda la soeur d'un de ses amis Hussein, amour platonique qui lui fait connaître les tourments de l'amour. C'est Kamal qui va vivre les plus grandes évolutions: on le voit très respectueux des traditions, de l'amour avec un grand A et les désillusions aidant se détachant peu à peu de la religion. L'Egypte aussi connait des soubresauts politiques (les britanniques  continuent à occuper militairement le pays  et luttent contre le parti Wafd, une constitution est établie en 1923. Zaghloul, leader du Wafd, devient 1er ministre en 1924 suite aux élections, il démissionnera en novembre 1924 et mourra le 23 août 1927, date de la fin du deuxième tome.
 
Extrait: " - Alors comme ça, s'esclaffa Hussein brutalement, tu te dérobes à la promesse que tu nous as faite d'écrire un roman sur nous tous!
Kamal ne put s'empêcher de rire à son tour.
-Au contraire! dit-il. J'espère bien écrire un jour sur "l'homme". Alors ça vous concernera forcément!
- L'homme en général ne m'intéresse pas tant que l'individu. Attends un peu que j'aille me plaindre de toi à Aïda!
Le nom lui fit tressaillir le coeur de tendresse, de désir et de respect. Hussein pensait-il vraiment qu'il en était arrivé au point de mériter les reproches d'Aïda? Pauvre dupe que Hussein! Comment avait-il pu lui échapper qu'il n'était aucun sentiment qu'il n'éprouve, aucune pensée qu'il ne médite, aucun désir auquel il tende, dont la lumière et l'âme d'Aïda n'illuminent l'horizon.
-Attends, toi aussi! L'avenir te prouvera que, tant que je vivrai, je ne manquerai pas à ma promesse..."

Naguib Mahfouz: le jardin du passé
C'est le dernier tome de l'histoire  de la famille d' Abd el-Gawwad. Ce dernier volet commence dans les années 30. L'Egypte se transforme et les personnages ont vieilli.
Le patriarche Abd el Gawwad se fait vieux, son coeur qui a tant battu pour les almées est malade. Fini les soirées tardives à rire à chanter et à boire avec ses amis.
Amina sa femme a 60 ans mais en fait 10 de plus. Aisha qui a perdu son mari et ses deux fils erre dans la maison telle une ombre. Yasine a fini par avoir une vie conjugale plus apaisée tout en s'offrant quelques plaisirs et tout en étant contrôlé par sa femme. Kamal, éternel célibataire, enseigne et écrit des articles dans un journal. Khadiga, continue à régenter sa famille dans la tradition sans voir que le monde autour d'elle évolue.
C'est les petits enfants qui s'engagent dans différents chemins et qui vont incarner les contradictions du pays  : Ahmed le communiste et Abd el Monem le frère musulman. Chacun essaiera d'apporter ses réponses sur le mariage, l'amour, la famille,  l'indépendantisme, l'islam politique...
C'est avec tristesse que j'ai tourné la dernière page et quitté cette famille.

Extrait: "-A propos de ce que tu disais sur le combat universel des idées, laisse-moi t'infomer qu'il se joue en miniature dans notre famille! J'ai un neveu Frère musulman et l'autre communiste!
-Ce combat, tôt ou tard, devra s'illustrer dans chaque foyer! Nous ne vivons plus en vase clos. Et toi, tu n'as jamais songé à ces choses-là?
- J'ai lu des des choses sur le communisme à travers mon étude sur la philosophie matérialiste, sur le fascisme et le nazisme aussi...
-Tu lis, tu enregistres...un historien sans histoire! J'aimerais que tu considères le jour où tu te déferas de cette attitude comme celui de ta naissance!
Kamal fut froissé de cette remarque, qui d'une part constituait une critique virulente, et d'autre part n'était pas dénuée de vérité! Se dérobant à tout commentaire, il dit simplement:
- Nul du communiste ou du Frère musulman n'a dans notre famille une connaissance très sûre de ce en quoi il croit...
- La croyance est une affaire de volonté, pas de connaissance! Aujourd'hui, le moindre chrétien en sait cent fois plus sur le christianisme que n'en savaient les martyrs! Pareil chez vous en Islam...
- Et tu crois à l'une de ses doctrines?
- Une chose est certaine, c'est mon mépris du fascisme, du nazisme et de tous les régimes dictatoriaux. Le communisme, en revanche est en mesure de créer un monde délivré de la tragédie des conflits de race, de religion et des antagonismes de classe. Mais mon souci premier, c'est mon art."
Sawako Ariyoshi : Le crépuscule de Shigezo
La femme de Shizego vient de mourir, celui-ci est recueilli par son fils Nobutoshi et sa belle-fille Akiko. C'est sur Akiko, secrétaire dans un cabinet d'avocats, que va reposer cette lourde charge. Lourde charge car Shizego perd la boule et son état s'aggrave au fil des mois. Son mari a du mal à accepter la dégénérescence de son père et Akiko ne peut pas trouver d'aide auprès de lui. Au Japon il est mal considéré de ne pas s'occuper des personnes âgées et le pays des années 60 n'a pas les structures nécessaires pour accueillir ces personnes dans des centres spécialisés. Akiko va donc  devoir toute seule trouver des solutions pour s'occuper de son beau-père dont la sénilité s'aggrave au fil des mois quitte à arrêter de travailler, elle qui était fière de son autonomie.
Ce beau-père qui l'exaspérait, elle va se faire un devoir de lui rendre ses derniers moments les plus heureux et les plus paisibles qui soient,  mais pour elle ce ne sera pas une sinécure. Cette situation lui fait se poser beaucoup de questions quant à sa vieillesse, sera-t'elle, elle aussi, un poids pour son fils Satoshi?
J'ai trouvé ce roman magnifique de justesse et de sensibilité.
Extrait: " -Je ne vois pas en quoi j'envisage "l'avenir en rose". Je dis seulement qu'il faut regarder les choses en face et notamment décider ce que l'on va faire à partir de demain. Si tu crois qu'il est capable de rester tout seul à la maison, je lui préparerai son déjeuner et j'irai moi aussi au bureau. Tu es d'accord?"
Nobutoshi ne répondit rien. Que pensait-il exactement?
Ne cherchait-il pas tout simplement à lui dire qu'elle n'allait travailler que pour éviter d'avoir à s'occuper du vieillard et qu'il était grand temps maintenant pour elle de retrouver sa place de femme au foyer?
Les jeunes avaient peut-être un autre point de vue sur la situation de la femme, mais les hommes de la génération de Nobutoshi tenaient à leurs vieux clichés féodaux. Ils ne voulaient pas reconnaître l'apport financier du travail d'une femme dans les revenus de la famille. A  leurs yeux, elle se faisait plaisir en travaillant au-dehors et c'était eux qui supportaient avec patience et indulgence le laisser-aller du ménage. Les femmes elles-mêmes avaient un peu honte de leurs métiers et n'osaient pas s'avouer qu'elles travaillaient en fait pour compléter le salaire de leurs maris."
Olivier Truc: Les sentiers obscurs de Karachi
L'auteur part d'un fait réel, l'attentat à la bombe du 8 mai 2002, dans un bus  à la sortie de hôtel  Sheraton qui a coûté la vie à 11 ingénieurs de la DCN-Direction des Constructions Navales- et des pakistanais qui travaillaient à la mise au point d'un sous-marin acheté par l'état pakistanais.  Ce contrat, conclu en 1994 et signé par François Léotard alors Ministre de la défense et son homologue pakistanais Aftab Shaban Mirani, ont donné lieu à des commissions faites à des intermédiaires dont une partie via des rétro commissions aurait financé la campagne d'Edouard Balladur à l'élection présidentielle de 1994. Cet attentat a d'abord été attribué à Al Qaïda mais  Jacques Chirac devenu président ayant demandé l'arrêt de ces versements, cet attentat at-il été fait en représailles par les services secrets pakistanais?
L'auteur lui va se placer sous le point de vue des victimes (ici Marc Dacian, un ancien technicien rescapé de l'attentat) et de l'affaire côté pakistanais. Un jeune journaliste local qui rêve de grands reportages, Jef Kerral, va reprendre l'enquête. Il se rend donc à Karachi  pour chercher des informations et des preuves auprès d'un ancien officier Shaleen Ghazali et de l'ancien médecin de la marine pakistanaise Firaq Zafar, mais se rend vite compte que ses faits et gestes sont  surveillés notamment par Pervez Mansur, officier des services secrets pakistanais. Dans sa quête de vérité, il sera aidé par Sara Zafar qui lui permettra d'entrer en contact avec Shaleen. 
L'auteur nous transporte entre Cherbourg et Karachi et entre deux périodes 2002 et 2022 et au début cela m'a plutôt embrouillé.

Extrait: Vingt ans étaient passés, qui n'effaçaient rien. Au contraire. Les années avaient consolidé les positions de chacun. Ceux qui voulaient passer à autre chose. Ceux qui exigeaient toujours des réponses.
Certains n'étaient pas venus. Avec le temps, on comprenait. On respectait. Par leur absence, ils envoyaient un message que tous les présents déchiffraient.
Tout avait été dit, exprimé.
Les seuls qui restaient enfermés dans le déni se tenaient alignés de l'autre côté de l'allée qui conduisait au monument aux tués de Karachi, sous une forêt de parapluies, ceux que Marc appelait les officiels, pour faire simple. Les patrons de la DCN, des anciens ministres, des ministres en poste, du beau monde. Qui avaient sûrement beaucoup pensé, mais bien peu dit, peu exprimé. Les secrets des Agosta 90B restaient enfouis. Tout ce qui s'en était suivi aussi. Les Français n'avaient jamais demandé à ce que l'enquête soit réouverte côté pakistanais. Le statu quo arrangeait tout le monde.
Jacques Moulins: menaces italiennes
Dans le tome précédent, nous étions à Berlin. Cette fois ci c'est à Gênes que se déroule l'enquête. C'est le dernier tome de la trilogie.
Denis Salvère a obtenu de sa responsable de pouvoir créer une antenne anti-terrorriste d''Interpol en Italie et plus précisément à Gênes. C'est Elsa Minetti qui dirige ce pôle.
Dans le tome précédent (retour à Berlin) Salvère et son équipe avait mis hors d'état de nuire un groupe de pirates informatique (la Fabrique) liés à l'extrême droite. 
Il avait également arrêté quelques commanditaires mais le réseau est tentaculaire.
Quand le colonel Hassan, un ancien militaire de la garde de Saddam Hussein, est retrouvé mort dans un parc de Berlin, Salvère met son équipe su le coup.
En Italie deux amies de la bourgeoisie génoise et milanaise disparaissent, on retrouve le corps sans vie de l'une d'elles Lucia Paselle. Quel lien entre les 2 affaires, si ce n'est que Lucia  a un lien étroit avec Ettore Guidi un vieil industriel fascisant.
C'est donc à Gênes que va se concentrer l'affaire et Salvère va naviguer du pôle de Berlin à celui de Gênes sans oublier d'aller à la Haye ou un de ses collègues de la cybercriminalité manoeuvre pour récupérer ses affaires en cours.
Il faut bien lire la série dans l'ordre car il y a des références aux tomes précédents, c'est déjà un peu complexe avec toute ses ramifications...mais ça se lit bien.
Et puis j'ai aimé déambuler dans Berlin et Gênes!

Extrait: " Comme c'était agréable! Elsa Minetti n'en revenait pas: retrouver le goût des fritures de jols du vieux port et des gelati de la piazza del Erbe, l'odeur marine de sa cité natale, les accents populaires des caruggi, ces ruelles enchevêtrées du centre historique, et la splendeur architecturale des nombreux palazzi. Cette ville ne lui avait pas toujours offert le meilleur d'elle-même, elle avait assez forcé dans l'insupportable pour la pousser à la quitter. Mais elle aimait Gênes [....]Elsa revenait au pays comme une émigrée ayant fait fortune, haute fonctionnaire européenne, les poches pleines d'un budget conséquent accordé par Europol pour installer le nouveau pôle génois dans ses locaux."
In Koli Jean Bofane: la belle de Casa
Voilà une découverte. L'auteur In Koli Jean Bofane est né au Congo mais vit à Bruxelles, il a reçu de nombreux prix littéraires.
La belle de Casa raconte l'histoire (entre autres)  de Sese Tshimanga, un clandestin arrivé de Kinshasa, lui qui pensait arriver en Normandie, voilà qu'il est débarqué par un passeur peu scrupuleux au large de Casablanca. Pour survivre il va avoir plusieurs business douteux. Il rencontre la belle Ichrak celle qui fait tourner toutes les têtes et qui est en quête de son père et qu'il va emmener dans ses combines.
Mais Ichrak est retrouvée égorgée dans une ruelle d'un quartier populaire de Cuba. C'est Sese qui l'a retrouvé et qui le signale au commissaire Mokhtar Daoudi. Celui-ci ne manifeste pas une réelle volonté de retrouver le coupable...
Ce livre c'est l'histoire de Sese et d'Ichrak, mais aussi celles des petites frappes en quête de toujours plus d'argent Nordine Guerrouj et Yacine Barzak qui sont employés par des gens sans scrupules comme Saqr Al-Jasser le saoudien et Farida Assouz pour déloger les migrants entassés dans des immeubles des quartiers Cuba et Darb Taliane afin de construire des immeubles de luxe. C'est aussi  l'histoire des gens de ces quartiers.
Sous prétexte d'une enquête policière, Bofane  dénonce la corruption, la précarité des migrants et le racisme à leur égard, la concupiscence masculine, les magouilles immobilières, le tout avec  un certain humour qui  nous évite d'être accablés par cette réalité.
Et puis il y a le Chergui, ce vent violent du désert qui n'apaise pas les esprits. 

Extrait: "- C'est vrai, approuva Ramdam. Moi qui suis sensible, je vous le jure, je le sens.
- Sensible, toi? Tu rigoles? Tu es plus sensible que qui? Tu as vu le prix d'un mètre de câble dans ta boutique? se marra Abdelwahed.
-Ca n'a rien à voir. Bien sûr, je suis sensible. Même ma femme, elle a perdu de sa douceur à cause de Chergui. Elle n'arrête pas de me harceler sur toutes sortes de sujets: l'argent, l'argent pour la maison, l'argent pour les enfants....
-Ne riez pas, il a raison, insista Si Miloud. Cette fille, elle a été assassinée, vous dites?
L'homme observa un silence, scruta le regard de chacun et questionna:
- Et aucun d'entre vous ne se demande dans quelle mesure ce vent est responsable? Il peut rendre fou. On a déjà vu des cas plus étranges ailleurs. Il y a quelques années, il y en a eu un, au tribulal de Marrakech. J'étais pas là mais j'ai entendu dire...
- Tu vas raconter n'importe quoi, joue! l'apostropha Mekloufi. 
- Oh je raconte pas n'importe quoi, pardon, j'ai fait des études, moi. La faculté.
- Moi aussi, rétorqua, Mekloufi, qu'est-ce que tu crois.
- Toi, des études? Où ? Quelle université?
- En France. Aux Baumettes. J'ai été malin, j'ai profité d'un programme quand j'étais en prison là-bas."
Jo Nesbo : Chasseurs de têtes
Un thriller vraiment haletant! Nous sommes loin de l'inspecteur Harry Hole 
Le personnage principal est Roger Brown le meilleur chasseur de têtes de Norvège pour l'entreprise Alfa. Ses interrogatoires sont redoutables et il vit dans le luxe. Sa femme aussi lui coûte cher avec  sa galerie d'art et le luxe dont elle raffole.
Alors Roger pour pouvoir lui offrir ce luxe dont ils ne peuvent se passer tous les deux a une activité secondaire: au cours des entretiens avec ses clients, il leur tire les vers du nez sur leur train de vie, ce qui lui permet de s'introduire chez eux et de leur voler leurs oeuvres d'art avec la complicité d'Ove Kjikerud qu'il a fait embaucher dans une société de surveillance.
Mais un jour il tombe sur un os avec son client Clas Greve qui lui est spécialisé dans la technologie GPS. Lui qui était chasseur va se retrouver chassé à son tour.
On tourne les pages avec délice en se demandant comment l'auteur va arriver à sauver son personnage, mais c'est sans compter les retournements de situation à la Nesbo!

Extrait: "Je ne vois pas très bien ce que tu veux dire, Clas." Même si j'essayais de paraître détendu, j'entendis que ma voix avait un éclat métallique et je sentis mes idées pédaler dans la semoule. Je ne parvins pas à me ressaisir pour contre-attaquer avant l'arrivée de la question suivante:
- "En fait, l'argent, ce n'est pas ma motivation, Roger. Mais, si tu le souhaites, on peut essayer de  faire monter les prix. Un tiers de plus..."
...c'est plus. Il avait complètement pris la direction de l'entretien, et venait de passer directement de l'étape deux à sept: présenter une alternative. Dans le cas présent: donner au suspect une motivation alternative pour avouer. C'était parfaitement exécuté. Bien sûr, il aurait pu mettre ma famille sur le tapis, dire quelque mot sur la fierté ressentie par mes parents défunts ou ma femme en entendant que  j'avais pu faire grimper le salaire, notre provision, ma propre base de bonus. Mais Clas Greve savait que ce serait aller trop loin, évidemment qu'il le savait. Parce que j'avais tout simplement trouvé mon maître."
Romain Puertolas : les nouvelles aventures du Fakir au pays d'Ikéa
J'avais lu il y a longtemps l'extraordinaire voyage du fakir quiétait resté coincé dans une armoire Ikéa et ce livre m'avait bien amusé.
J'ai donc retrouvé le fakir, soit Ajatashatru Lavash Patel à Paris et marié à Marie Rivière. Il est devenu un écrivain célèbre dont l'unique livre (qui se vend bien) relate ses aventures ikéaesques autour du monde. Mais le deuxième livre qu'il propose à son éditeur Gérard François ne vaut pas un clou, ce qui pour un fakir n'augure rien de bon. Notre héros s'embourgeoise. Aussi il décide de partir chercher son lit à cl ous chez Ikéa en Suède sans téléphone, ni Internet, à l'aventure...mais avec sa carte bleue quand même et son pull de Noël

Extrait: "L'écrivain prit place sur la banquette arrière tout en regardant le vagabond  dévorer les immondes sandwichs comme s'il n'avait pas mangé depuis dix ans. Il regretta de ne pas lui avoir dit de retirer l'emballage en plastique.
-Où allons-nous? demanda-t-il au suédois.
-Skarpnäck.
Afin de ne pas se trahir, il évita de demander au chauffeur ce qu'était Skarpnäck et ce qu'il était censé y faire. Il avait la désagréable sensation de monter un puzzle de 48000 pièces sans pouvoir jeter un coup d'oeil au modèle, mais le mystère l'excitait.
Apres tout, il voulait de l'aventure. Son éditeur aussi. Eh bien, les lecteurs en auraient pour leur argent.
-Le baron  vous attend avec impatience. Vous êtes pour lui le plus grand spécialiste mondial en pierres précieuses, professeur Ronaldo. Il ne tarit pas d'éloges sur vous."


BD
Kamarades -trilogie- Abtey-Dusseaux-Goust

Nous sommes en 1917. La famille impériale est sauvée in extrémis par un commando aux ordres du roi d'Angleterre et de l'empereur d'Allemagne. Volodia un jeune soldat du Tsar  qui avait choisi son camp aux côté de Staline lors de la révolution,  tombé amoureux d'Ania la fille des Romanov. Il s'enfuie avec eux.
La famille impériale arrive à Berlin, nous sommes juste après la guerre en 1918 et l'Allemagne prend la famille Romanov en otage car elle veut récupérer le trésor impérial. A la recherche du trésor, Volodia et Ania sont mobilisés de force dans l'Armée rouge.
La famille Romanov est exfiltrée en France mais l'armée  révolutionnaire progresse en Pologne et Volodia et Ania s'engagent dans le conflit mais Staline les poursuit. Nous retrouverons Volodia trois ans plus tard à Paris.
Je n'ai pas particulièrement aimé mais je me suis laissée prendre au jeu de l'histoire.

Tome 1: La fin des Romanov-1917
Tome 2: tuez les tous- juillet1918

Tome 3: la terre promise - janvier 1920


Tardi-Vautrin : le cri du peuple 
Association réussie pour Vautrin-Tardi: Vautrin pour le texte et Tardi pour le dessin. Une plongée dans l'histoire de la Commune.
Tome 1: les canons du 18 mars


Tome 2: l'espoir assassiné


Tome 3: les heures sanglantes


Tome 4: le testament des ruines







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