dimanche 15 septembre 2024

Envie de lecture ....chapitre 26

Voilà une nouvelle  sélection de lecture, des auteurs déjà lus que j'aime bien et d'autres que j'ai retrouvés comme Fred Vargas, Ian Rankin ou Philippe Kerr et d'autres que j'ai découvert comme Jean Bernard Pouy.

Dans une rue de Mèze (Hérault)

Keigo Higashino : les miracles du bazar Namiya
J'ai déjà lu des livres policiers de cet auteur, mais celui-là m'a enchanté. Il ne s'agit pas d'un policier mais plutôt d'un genre fantastique.
En 2012, trois jeunes garçons après avoir commis un cambriolage, se réfugient dans un magasin abandonné, le bazar Namiya, pour la nuit. Mais au cours de la nuit, quelqu'un glisse une lettre par la fente du rideau métallique. ils découvrent qu'il s'agit d'une lettre écrite 32 ans plutôt à son ancien propriétaire Namiya. Celui-ci prodiguait des conseils à ceux qui lui écrivaient  Ils décident d'y répondre et mettent cette réponse dans la boite à lait à l'arrière de la boutique comme le faisait Namiya. D'autres lettres vont arriver du passé et Shota, Atsuya et Kohei vont y répondre et changer des destins. Un voyage dans le temps qui  bouleversera aussi la destinée de ces trois garçons.
J'ai trouvé ce livre magnifique.

Extrait: "Il passa dans l’espace entre le petit entrepôt et la maison et vit que la porte arrière était entrouverte. Puis il y entra en plissant les yeux pour voir ce qui se passait à l’intérieur.
- Atsuya ! s’exclama Kōhei d’un ton gai en le voyant. Tu es revenu. Comme ça fait plus d’une heure que tu es parti, je ne croyais plus à ton retour.
-  Une heure ?
Surpris, Atsuya consulta sa montre
- Non, seulement un quart d’heure. Et puis je ne suis pas revenu. Je voulais juste vous apporter ça, continua-t-il en posant le sac de la supérette sur la table. Je ne sais pas combien de temps vous comptez encore rester ici.
Kōhei prit une des boulettes de riz et poussa un cri de joie.
- Le matin n’arrivera jamais si vous restez ici, lança Atsuya à Shōta.
- En fait, on a eu une bonne idée.
- Une bonne idée ?
- La porte arrière était ouverte, non ?
- Oui.
- Quand elle est ouverte, le temps passe à l’intérieur comme à l’extérieur. On a essayé plusieurs trucs et on a trouvé ça. D’où la différence d’une heure avec toi.
- Ah, je vois… lâcha celui-ci en regardant la porte arrière. Comment cette maison rend-elle ça possible ?
- J’en sais rien, mais du coup, tu n’as plus besoin de partir, non ? Le matin arrivera même si tu restes ici.
-Il a raison. Mieux vaut rester ensemble, dit Köhei.
-Mais vous comptez quand même écrire des lettres, non?
-Ca te dérange. Si t'es pas d'accord, on te force pas à le faire avec nous. Même si on préfèrerait avoir ton avis."
Valério Varesi: la pension de la via Saffi
A quelques jours de Noël, Ghitta Tagliavini, propriétaire d'une pension via Saffi à Parme est retrouvée assassinnée dans son appartement. Le commissaire Soneri est chargé de l'enquête. Mais pour lui cette pension appartient à son passé. En effet c'est là qu'il a rencontré sa femme Ada, décédée peu après leur mariage.
Tout en s'enfonçant dans le brouillard de Parme, il va s'enfoncer dans ses souvenirs et essayer de retrouver l'homme  qui pose à côté de sa femme sur une vieille photo.
Il va peu à peu découvrir les secrets de Ghitta qui sont loin de l'idée de cette femme bienveillante qu'il connaissait, découvrir les changements de sa ville où corruption, chantage, sont opposés aux vieux métiers  cafetier, barbier. Une certaine nostalgie s'empare de Soneri au cours de l'enquête.
J'avais bien aimé le fleuve des brumes, mais j'ai trouvé cette enquête un tantinet trop lente, et  il m'a semblé que cela rendait l'enquête laborieuse.

Extrait:" S'il avait reçu la Schianchi et qu'ils s'étaient reconnus, ils auraient pu briser la glace et le décalage dû  à leur fonction qui s'étaient formés pendant  tout ce temps. Après tout, n'était-elle pas venue pour lui parler en personne? Elle lui aurait peut-être fourni quelques éléments utiles pour comprendre ce qui se cachait derrière la mort de Ghitta, et il se serait épargné d'avoir à fouiller dans sa mémoire. Il finissait toujours par en revenir à cette erreur initiale.
- Tu ne peux pas changer ce qui s'est déjà passé, ça ne sert à rien d'y penser. Si tu étais écrivain, tu pourrais déchirer une page et la récrire, mais dans la vie on ne peut jamais revenir en arrière, lui fit savoir Angela en soulevant un céleri sans enthousiasme."
Ian Rankin: Causes Mortelles
John Rébus est inspecteur de police à Edimbourg. Nous sommes à la fin de l'été et le festival de théâtre bat son plein dans les quartiers touristiques. C'est dans une ruelle de la ville souterraine qu'est découvert le corps d'un jeune homme, torturé et assassiné. Sans doute un règlement de compte comme ceux que pratique l'IRA. Rébus va donc enquêter chez les indépendantistes, les voyous des quartiers défavorisés, la pègre. Il va même intégrer à la demande du chef de celle-ci Kilpatrick la BCE brigade criminelle écossaise ou selon ces termes "la Brigade des Connards Enculés", où il est accueilli on ne peut plus froidement. Il ira meme jusqu'en Irlande du Nord poursuivre son enquête. Il se méfie également d'Abernethy, un inspecteur de la capitale. Il devra éviter les hommes de mains de Cafferty le roi de la pègre locale. Il mettra en péril sa vie amoureuse.
Ian Rankin  nous fait déambuler dans les rues d'Edimbourg, avec Rébus  naviguant entre deux  bars qui mène l'enquête avec acharnement et avec quelques bosses et égratignures.

Extrait: "C'était probablement le pire samedi soir de l'année et justement l'inspecteur John Rébus était de service. Depuis son paradis, Dieu y avait veillé. Il y avait eu un match de derby, cet après-midi-là à Easter Road, les Hibs contre les Hearts. Les spectateurs assidus, en regagnant les quartiers ouest, avaient cette fois décidés de s'arrêter au centre-ville pour y boire à l'excès et profiter un peu de l'ambiance du festival.
Le festival d'Edimbourg était le fléau de Rebus. Depuis des années il l'affrontait, tentait d'y échapper, le maudissait et s'y laissait engluer."
Philippe Kerr: La mort entre autres
Série Bernie Gunther. Apres la trilogie Berlinoise, 4ème tome.
Nous sommes en 1949 et Bernie Gunther, ex commissaire de police est devenu détective privé. Sa femme se meurt à l'hôpital de Munich. Lui, pendant ce temps s'occupe de l'hôtel à Dachau que son beau-père a laissé en mourant. Inutile de dire que les affaires sont au plus bas. A la mort de sa femme, il retourne à Munich et ouvre son officine de détective privé. Là une cliente lui demande de retrouver son mari nazi disparu car elle souhaite se remarier. Envoûté par cette  belle cliente, Frau Warzok, Bernie se lance dans une enquête où il côtoiera d'anciens nazis toujours à l'oeuvre qui n'auront de cesse de le manipuler, ainsi que des agents de la CIA mal-intentionnés ou des vengeurs israéliens chasseurs de nazis. 
Pour s'en sortir il devra naviguer en eaux troubles au péril de sa vie.
Philippe Kerr nous dépeint l'Allemagne occupée et l'Autriche de l'après-guerre  avec  des évènements historiques en toile de fond.

Extrait: "A mon retour dans cet appartement de Schwabing, j'essayais encore un peu de cet anesthésique. Cette fois cela ne fonctionna pas. Je me sentais aussi solitaire qu'un poisson dans une cuvette de toilette. Je n'avais pas de parents, et pas d'amis à qui parler, hormis le type dans le miroir de la salle de bains, celui qui d'ordinaire me souhaitait le bonjour, le matin. Dernièrement, il avait cessé de m'adresser la parole, même lui, et j'avais l'impression qu'il me saluait trop souvent d'un sourire sarcastique, comme si ma présence lui était devenue odieuse. Nous étions peut être tous devenus odieux. Nous tous, les Allemands. Les Américains nous regardaient tous avec un mépris silencieux, à l'exception peut-être des fêtardes et des putes. Et vous n'aviez pas besoin d'être Hanussen, le voyant extra-lucide de Hitler, pour lire dans les pensées de nos nouveaux protecteurs et amis. Comment avez-vous pu permettre une chose pareille? nous demandaient-ils. Comment avez-vous pu faire ce que vous avez fait? C'est une question que je me suis souvent posée. Je n'ai jamais trouvé de réponse. Je crois qu'aucun de nous n'aura jamais de réponse. Quelle réponse acceptable pourrait-il jamais y avoir?"
Paola Pigani: Et ils dansaient le dimanche
Dans ce livre Paola Pigani décrit la vie dans la cité ouvrière de la Soie à Vaulx en Velin dans l'usine Gillet (la Sase qui deviendra la Tase en 1931) où se fabrique la viscose, une soie artificielle bon marché dans la période 1929-1936.
Szonja une immigrée hongroise a quitté son village, Sarvar, pour venir comme d'autres de ces compatriotes et suite à la fermeture de l'usine de viscose de ce même Mr Gillet, venir travailler dans la banlieue est lyonnaise. Arrivés à la gare de Perrache, ils sont pris en main et acheminés à la cité ouvrière. Les femmes célibataires sont logées à l'hôtel Jeanne d'Arc, un internat  géré par les soeurs." On garde ces jeunes femmes étrangères pas ou peu politisées, moins payées, au comportement exemplaire, sans problème de santé apparent, sous le contrôle de l'institution." Szonja désormais partagera son existence entre sa chambre, les repas au réfectoire et les dix heures de travail dans un air saturé de vapeurs chimiques. Elle rencontrera des immigrés italiens dont Elsa  avec qui elle se liera d'amitié. Car il est beaucoup question d'amitié dans ce livre et de solidarité face aux brimades des chefs et des dures conditions de travail. Szonja veut s'intégrer et faire sa vie, prisonnière de la cité où tout est fait pour régenter leur vie, infirmerie, église, commerce, elle va petit à petit aller voir au-delà de ces murs dans la ville, la vraie , ainsi que sur les bords du canal de Jonage, vers le château d'eau son point de repère. et surtout aller danser le dimanche au bord de la Rize.
Mais la crise arrive à partir de 1931 avec les licenciements, les réductions du temps de travail  qui ne permettent pas de manger à sa faim, car ces ouvriers sont payés à l'heure, avec en parallèle  la montée de l'extrême droite qui joue sur les peurs. La colère monte, les ouvriers se mettent grève on est en mai 1936.
Paola Pigani décrit une fresque sociale qui met en lumière la vie de ces ouvriers  et la société des années 30 et tout cela a encore une certaine résonnance aujourd'hui.

Extrait: "Les chefs ont des explications laconiques, "l'usine s'adapte à la crise...c'est à prendre ou à laisser, travaillez moins ou allez voir ailleurs." Ce qui signifierait renoncer au logement, à la cité, à la France, dégringoler les échelons de l'espoir, refaire sa valise. Ceux de la Sase s'estiment privilégiés, car ils ont un logement décent, des bons de charbons, l'eau gratuite et le bénédiction du curé.
Les ouvrières ne se plaignent pas du jour chômé qu'on leur impose, une fois de plus. Prévenues au dernier moment, à la porte de l'usine, elles en repartent aussitôt, comptent sur leurs doigts les jours de travail restant dans la quinzaine.
Szonja et Elsa refusent de mettre à profit ce temps comme on leur recommande, pour apprendre à coudre, à dactylographier avec les bonnes soeurs, étudier le français à la bibliothèque, etchetera. Elles ne veulent pas qu'on leur rappelle la chance unique qu'elles ont d'avoir des livres à portée de main et la miséricorde de leur patron.[...}Quitte à être balayées un jour de la cité, autant aller voir tout de suite ce qui existe là-bas, du côté de la ville, la vraie."
Viet Thanh Nguyen: Le dévoué
Ce livre est la suite du sympathisant (cf les envies de lire chapitre 24).
Nous retrouvons le héros de notre histoire échappé du camp de rééducation communiste qui débarque à Paris dans la ville de son père, en compagnie de Bon son ami.  Nous sommes en 1981. Il a laissé son passé d'agent double et commence sa vie de réfugié. Ses seuls contacts sont sa tante qui l'héberge lors de son arrivée et le Boss, un truand régnant sur plusieurs quartiers. Il commence alors une vie de dealer, trafiquant de cannabis auprès d'intellectuels de gauche. Il va vite se retrouver au milieu d'une lutte de territoire entre trafiquants asiatiques et algériens. Alors que Bon ne pense qu'à se venger des communistes et à en tuer le plus possible, notre héros Vo Danh est tiraillé entre ses différentes nationalités, ses choix politiques, ses fantômes toujours présents, dénonçant le colonialisme, les états tour à tour colonisateurs et colonisés et le racisme..
J'ai moins aimé que le précédent, même s'il y a beaucoup d'humour. J'y ai également trouvé quelques longueurs.

Extrait: "Je pourrais vous indiquer le nom qui figure sur mon passeport, VO DANH. Je l'ai adopté quand j'ai su que je viendrais, ici, à Paris, ou la Ville Lumière, comme nos maîtres français nous avais appris à l'appeler. Bon et moi arrivâmes à l'aéroport en pleine nuit, en provenance de Jakarta. A notre descente de l'avion, nous fûmes saisis d'un sentiment de soulagement, car nous avions trouvé enfin asile, le rêve fiévreux de tous les réfugiés, surtout ceux qui l'avaient été non pas seulement une ou deux fois, mais trois fois: en 1954, neuf ans après ma naissance; en 1975, à l'époque où j'étais jeune et raisonnablement beau; et en 1979, il y a seulement deux ans. Jamais deux sans trois, comme disait l'autre? Bon soupira avant d'enfiler le masque de sommeil fourni par la compagnie aérienne. Espérons simplement que la France soit mieux que l'Amérique."
Steve Berry: la prophétie Charlemagne
Malgré ses 654 pages un roman addictif et intéressant entre fiction et réalité comme l'explique l'auteur en fin de volume.
Difficile de résumer ces 654 pages. Cotton Malone (il a travaillé au ministère de la justice et a pris sa retraite pour devenir libraire à Copenhague) veut élucider la mort mystérieuse de son père dans un sous-marin nucléaire  en Antarctique en novembre 1971. Cet affaire est classée secret défense. Il arrive à se procurer le rapport grâce à son ancienne patronne Stéphanie Nelle et se retrouve à Garmish un 11 décembre  à 3000 mètres d'altitude attendant la livraison du dossier et là les choses ne se passeront pas du tout comme prévu. Dans sa quête de la vérité, Malone va devoir  s'allier avec la famille Oberhauser qui elle aussi veut savoir ce qui est arrivé à leur père, un scientifique ayant participé à l'expédition. Contre lui, il a Ramsay un amiral aux ambitions démesurées qui n'hésite pas à faire intervenir ses hommes de main pour arriver à ses fins.
Pour arriver à ses fins Malone devra découvrir les  énigmes d'un document découvert par Othon III, roi de Germanie, dans le tombeau de Charlemagne à Aix la Chapelle et d'un autre manuscrit découvert dans la tombe d'Eginhard (biographe de Charlemagne)  en 1935 par un groupe de scientifiques , d'archéologues, historiens et ésotéristes créé par Himmler (il s'agit de l'Anenherbe (Société pour la recherche et l'enseignement sur l'héritage ancestral). Ces manuscrits mentionnent l'existence d'une autre civilisation plus évoluée.
Ces recherches le mèneront à Aix la Chapelle, dans un ancien monastère à Ossau dans les Pyrénées et en Antarctique.
Donc nous naviguons entre l'an 800, 1935, 1971 et 2008. Ce livre alterne les chapitres entre Malone et les Oberhauser, Stéphanie Nelle et Edwin Davis son collègue et conseiller adjoint chargé de la Sécurité nationale auprès du président américain Daniels et Ramsay et ses hommes de main et tout ceci donne un rythme qui m'a bien tenu en haleine et on est vite plongé dans les aventures de Malone avec hâte d'en connaître le dénouement.

Extrait:" Pourtant, en dépit du ridicule inhérent à cette quête de l'héritage aryen, et bien qu'il se soit rendu coupable d'avoir participé à des crimes de guerres à grande échelle, le grand-père de Dorothea avait trouvé un véritable trésor.
Elle considéra le livre ancien qui reposait sur la table. Provenait-il vraiment du tombeau de Charlemagne? Aucun des documents qu'elle avait pu consulter n'y faisait référence. Cependant sa mère lui avait dit qu'on l'avait trouvé en 1935 dans les archives datant de la république de Weimar, avec une note écrite de la main d'un copiste anonyme, qui attestait que l'ouvrage avait été retiré du tombeau d'Aix la Chapelle le 19 mai 1000 par l'empereur Othon III. Comment était-il parvenu à traverser le XXème siècle indemne, cela, c'était un mystère. Que contenait-il vraiment? Pourquoi était-il si important?
Sa soeur Christl croyait que la réponse à ces questions était d'ordre purement mystique. 
Et la réponse énigmatique de Ramsey n'avait en rien apaisé ses craintes.
"Vous ne pouvez même pas imaginer ce qui sy trouve" 
Dorothea n'osait imaginer ce qu'il adviendrait si ces deux réponse abracadabrantes s'avéraient être les bonnes."

Jean-Bernard Pouy : Train perdu Wagon mort
Un train de nuit en Zoldavie pays de fiction. A l'intérieur 18 personnes dont le personnage principal et narrateur est François professeur venu donner une conférence à Hailwan. Le train démarre mais au bout de quelques temps le train s'arrête sans raison au milieu d'une plaine herbeuse.
A l'arrêt les occupants du wagon attendent un redémarrage du train qui ne vient pas. Et pour cause, seul le wagon est resté sur les rails. Alors les passagers s'organisent en attendant les secours, mais les secours ne viennent pas, des avions dont on ne connait pas l'origine survolent le wagon et une atmosphère oppressante s'installe et toutes les hypothèses sont échafaudées: est-ce une guerre ou un autre phénomène? Et il faut s'adapter et trouver  les différents scénarii pour se sortir de cette situation.
Un thriller haletant où l'on se demande quelle sera l'issue. Et puis la fin déroutante où l'auteur nous laisse sur notre faim comme pour dire voici quelques éléments et nous laisse imaginer la suite.

Extrait: "Un cri, à l'avant du wagon.
Toutes les têtes pivotèrent, en même temps, dans la même direction. "C'est pas vrai! "criait un vieux type débraillé, les cheveux en bataille. Nous nous sommes rapprochés de lui, lentement, pour savoir ce qui pouvait bien lui arriver. Et là, l'un derrière l'autre, en s'entassant en bout de voiture, nous avons vu.
La porte de communication entre notre voiture et la précédente donnait directement sur les rails. Comme si elle débouchait sur un vide. J'ai immédiatement réalisé que notre wagon s'était décroché du reste du train, un accident, un accident mécanique comme on dit publiquement. Voilà pourquoi on avait ralenti si régulièrement, jusqu'à s'arrêter comme une enclume à roulettes."

Donna Leon: Mort en terre étrangère 
Le commissaire Brunetti est appelé à 5h30 du matin pour se rendre devant la basilique San Giovanni e Paolo ou a échoué un cadavre. Le cadavre se révèle  être  un militaire américain travaillant dans le service de santé publique de la base de Vicence. Les indices tendent à penser qu'il s'agit d'un crime crapuleux. Mais Brunetti s'obstine à penser que le crime n'a pas été commis pour un simple vol. Ses pas le conduiront à Vicence où il rencontrera le docteur Peters  qui semble en savoir un peu plus et pourrait lui donner  la clé de  l'énigme,  malheureusement  celle-ci est assassinée  à son  tour. Peu de temps après le palais  d'un riche homme d'affaires milanais est cambriolé. Brunetti  pense que les deux affaires sont reliées  et mettraient en cause des hommes puissants. Il va à l'encontre de  son supérieur  hiérarchique,  Patta, qui souhaite classer l'affaire rapidement. 
Un bon Brunetti, qui nous fait découvrir d'autres aspects de Venise et de la vie vénitienne grâce à  la plume de Donna Leon.

Extrait: "Je préférerais poursuivre cette affaire, monsieur. Je ne crois pas, pour ma part, qu'il s'agisse d'une simple agression de rue.
- J'ai décidé que c'en était une, commissaire, et c'est  ainsi que nous allons la traiter. 
- Ce  qui signifie?"
Patta s'efforça de prendre un air étonné. "Cela signifie, commissaire,  et je vous demande de bien  faire attention à  mes paroles, précisément  ce que je viens de dire, que nous allons traiter  cette  affaire  comme un meurtre ayant été  commis au cours d'une agression de rue.
- Officiellement ?
- Officiellement,  répéta  Patta, non sans ajouter  en soulignant lourdement le mot, et officieusement. "
Brunetti n'avait  plus besoin de lui demander ce que cela signifiait. 
Magnanime  dans la victoire,  le vice-questeur reprit: "Bien entendu, les Américains  apprécieront  le zèle  dont vous avez fait preuve pendant cette enquête."
Brunetti  se dit qu'en toute logique ce serait plutôt  son aboutissement  qu'ils devraient apprécier,  mais ce n'était pas une opinion à émettre en ce moment, alors que Patta, au comble de l'exaltation, devait être manipulé  avec les plus grandes précautions. "
Fred Vargas : sur la dalle
Le dernier Fred Vargas. J'avais lu des critiques de lecteurs...pas bien bonnes. Mais je me suis dit c'est Vargas et Adamsberg quand même! Et moi j'ai pris du plaisir avec ce livre. Certes il ne faut pas chercher des vraisemblances et accepter ces personnages décalés. Et puis lire c'est aussi  pelleter les nuages non?
L'histoire: Adamsberg et une partie de sa brigade partent pour Louviec village breton près de Combourg pour prendre en charge une affaire de meurtre, menée au départ par Matthieu son alter ego de Rennes. Ce village a plusieurs particularités :
- un fantôme boiteux qui revient 14 ans plus tard en faisant claquer sa jambe de bois sur le sol  signe qu'un évènement tragique va se produire
- un descendant de Châteaubriand qui ressemble comme deux gouttes d'eau à son aieul et qui attire les touristes au village en raison de quoi il est pensionné par le maire du village.
- une pseudo sorcière la Serpentin surnommée la vipère de Louviec.
- un dolmen
- un restaurant l'auberge des deux écus tenu par Johan
- des Ombreux  contre les ombristes qui marchent sur les ombres
Le garde-chasse Gaël est assassiné avec un couteau bien particulier, avant de mourir il prononce des mots semblant incriminer Chateaubriand, puis au fil des pages les meurtres se succèdent : Anaelle la mercière, le maire, le médecin, Katell la psychiatre...tous ont un oeuf fécondé dans la main et des piqûres de puces, jusqu'au meurtre de Robic un homme d'affaires peu scrupuleux.

Extrait:" Fourchette  en l'air, verre suspendu à  mi-chemin, Adamsberg  s'était figé, le regard semblant porter très loin. 
- On dirait que tu ne vois plus rien, dit Matthieu,  qui n'avait jamais eu le temps de  bien  observer  ces moments  d'absence  chez son collègue,  quand la pupille de ses yeux  semblait  se noyer dans le  brun de l'iris. Il secoua  Adamsberg  par le bras, qui se remit en marche comme  si  on lui avait  donné un  tour  de clef.
- Ce n'est rien,  dit Adamsberg.  C'est  juste une idée  que j'ai  et que je ne trouve  pas.
- Mais si tu l'as, tu devrais la trouver. 
- Non, Matthieu,  ce sont ces sortes  d'idées  qui se dissimulent comme des bestioles  dans les profondeurs de la vase d'un lac. Je sais  qu'elle est  là,  mais je ne sais pas  la nommer.  Je sais que c'est parce que j'ai prononcé  le mot "épaules", et voilà  tout.  Tu vois que cela  n'a pas de  sens et que cela n'a sûrement  aucune importance,  conclut-il  en finissant de découper sa  viande. Un détail de  rien.
- Je n'ai jamais eu  d'idées  inconnues enfouies  dans la vase.
- Cela m'arrive souvent.  Cela agace.  Mais je leur laisse vivre  leur vie."






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