Espionnage et manipulations avec Mikhaïl Chevelev, Serguei Lebedev et Guliano da Empoli , dans les brumes de Montélupo avec Valério Varesi, un tour dans Venise avec Donna Léon, de l'action avec Steve Berry, et Raymond Chandler, de l'aventure avec Jean Bernard Pouy et Sujata Massey, une plongée dans l'histoire de France avec Camille Pascal, de l'humour avec Jean Christophe Rufin, Benoît Philippon et MC Beaton .
Que d'émotions au fil des pages !
Librairie à Porto- rua das Flores
Mikhaïl Chevelev: Le numéro un
Ce roman se déroule de l'année 1984 à 2018 entre Moscou et New York.
En 1984 Vladimir Lvovitch est convoqué dans les bureaux de la police pour une affaire de marché noir.Or c'est un stagiaire du KGB qui le reçoit, Nikolaï Nikolavitch et qui lui demande de signer, en plus de sa reconnaissance d'avoir enfreint la loi, un papier reconnaissant sa collaboration avec les organes de sécurité de l'état, mais que jamais personne ne lui demandera rien. Il signe se pensant ainsi à l'abri.
Puis viennent les années 90 avec la Perestroïka, les réformes, les petites entreprises privées. Il est alors embauché par une banque privée dissimulant des activités de blanchiment d'argent. Il part ensuite aux Etats Unis monter une entreprise avec sa femme Ioulia. Il s'enrichit rapidement, mais dans les années 2000 se voit contraint de retourner à Moscou et d'abandonner femme et enfant car le petit stagiaire devenu numéro un du KGB s'est souvenu de lui et veut tenir en laisse ces oligarques qui ont fait fortune.
Mais en 2018, son passé va ressurgir car il est contacté par un étudiant américain, David Kapovitch qui n'est autre que son fils qui part à sa recherche à Moscou.
Au début j'ai eu un peu de mal entre les allers-retours passé-présent et les noms russes.
Extrait:" Ce qu’il me faut, Volodia, c’est au fond une simple formalité, un papier pour valider mon stage, sinon je serai bien embêté. Écrivez juste qu’on a eu un entretien, que vous avez pris conscience de votre erreur, que vous ne recommencerez pas et que si vous apprenez quelque chose, vous viendrez nous faire un rapport, en bon citoyen soviétique et membre des jeunesses communistes que vous êtes. Rien de plus, et on repart chacun de son côté."
Valério Varesi : les ombres de Montelupo
C'est l'automne. Le commissaire Soneri prend des vacances dans son village natal situé dans les Apennins. Enfant il allait cueillir des champignons avec son père dans les bois au pied du Montelupo. Cette fois-ci, il est bien décidé à se consacrer à la cueillette et à se replonger dans ses souvenirs d' enfance .
Mais à l'automne le brouillard et les brumes envahissent village et montagne et il est si opaque que l'on peut vite se perdre dans la montagne et surtout prendre une balle tirée par les braconniers, d'autant plus que tous les jours résonnent des coups de feu qui intriguent les villageois.
Au village, l'usine de charcuterie est dirigée par Palmiro Rodolfi. Cette usine emploie bon nombre d'habitants et a employé jadis le père du commissaire.
Soneri s'installe à l'auberge de l'Ecureuil, savoure la cuisine d'Ida, fume ses toscano et retrouve ses amis. Il cherche cèpes et trompette de morts mais celles-ci pour les habitants du village ne sont pas des porte-bonheur et justement Palmiro se suicide et son fils Paride est retrouvé mort dans les bois. C'est un peu la fin des vacances pour le commissaire Soneri et surtout le passé qui revient. Qui est ce Maquisard qui hante les bois et quel rapport avait-il avec Palmeri et son père? Quels trafics ont eu lieu pendant la guerre et quelles compromissions a dû faire son père pour se faire embaucher à l'usine? Le commissaire réalise que tout un pan de son histoire familiale lui est méconnu.
L'auteur décrit à la perfection cette atmosphère oppressante, mais aussi la beauté de la montagne, les rancoeurs des villageois avec un rythme qui lui est propre. Coup de coeur assuré.
Extrait:" La troisième fois qu'il se baissa, il les vit: une grande colonie de trompette-de-la-mort semblait entonner un miserere derrière un énorme chêne chevelu.
Les mots de Sante lui revinrent à l'esprit, mais ne l'impressionnèrent pas. Il s'inquiéta plutôt de ne pouvoir trouver personne pour lui cuisiner ces champignons. Il décida de les laisser où ils se trouvaient, lorsqu'il entendit quelque chose briser des branchages dans le sous-bois. Ce devait être un sanglier humant l'air dans les alentours et qui avait aperçu sa présence. Aussi Soneri s'arrêta-t'il et tendit-il l'oreille. C'est alors que, devant lui, il vit un bout de terrain qui semblait labouré. Il écarta les feuilles et vit une seconde famille de trompettes-de-la-mort broyées à coup de bâton.
Quelqu'un devait vraiment croire qu'elles portaient malheur. Peu après, il entendit les broussailles se casser au passage du sanglier, et quand il fut sûr que l'animal était parti, il remonta vers le sentier, d'où il était désormais impossible d'apercevoir la vallée.
Un gros écheveau de brouillard tomba et rendit le paysage plus gris. Les gites étaient proches, mais il eut peur de se perdre. Et puis il craignait ces tirs de fusil de chasseur à l'affût, dont il ignorait la cible."
Donna Leon : le prix de la chair
Suite des enquêtes du commissaire Brunetti. Je suis toujours en Italie mais cette fois à Venise.
Septembre: un camion immatriculé en Roumanie perd le contrôle sur les routes enneigées dans les montagnes au Nord de l'Italie, son chargement se répandant autour de lui. Il s'avère que les corps de huit femmes furent retrouvés à proximité.
Novembre : un grand avocat vénitien Carlo Trévisan a été retrouvé mort dans le train sur la ligne Padoue-Venise.
Le commissaire Brunetti est chargé par le vice-questeur Patta (qui ne veut jamais faire de vagues) d'enquêter sur la mort de Trévisan. Rien ne lui a été volé, s'agit-il d'un règlement de comptes. D'autant plus que deux hommes sont également occis, un expert -comptable Rino Favero et Lotto le beau-frère de Trévisan.
Le commissaire Brunetti pédale un peu dans la semoule au début, heureusement il est aidé par la signora Elletra la secrétaire du vice-questeur et Della Corte un policier de Padoue et aussi par sa fille Chiara.
Brunetti se trouvera confronté à un trafic international de prostitution, à la corruption et à l'argent sale.
Je suis assez fan de cette série et j'aurais plaisir à poursuivre Brunetti dans les rues de Venise.
Extrait:" Ce n'était pas la première fois que Brunetti se sentait de cette humeur, qu'il en était presque venu à redouter: la certitude de la futilité de tous ses efforts. Pourquoi prendre la peine de mettre en prison un petit cambrioleur alors que l'homme qui avait volé des milliards au système de santé était nommé ambassadeur dans le pays où il planquait de l'argent depuis des années? Et quelle justice y avait-il à coller une amende à celui qui n'avait pas payé l'impôt sur la radio de sa voiture, alors que le fabricant de ce même véhicule reconnaissait avoir versé des milliards de lires aux responsables des syndicats pour qu'ils empêchent leurs membres de demander des hausses de salaire et restait impuni? Pourquoi arrêter un meurtrier, pourquoi se fatiguer à chercher l'assassin de Trévisan, alors que l'individu qui avait été pendant des dizaines d'années l'homme politique le plus influent du pays était accusé d'avoir commandité le meurtre de quelques juges honnêtes qui avait eu le courage d'enquêter sur la Mafia?"
Steve Berry : l'héritage occulte
L'histoire: en 1863, aux Etats Unis, la guerre de sécession n'a pas encore cessé et Abraham Lincoln veut s'assurer le soutiens des mormons et confie un secret détat à leur leader.
En 2013, Cotton Malone est sollicité par Stéphanie Nelle son ancienne patronne des services secrets division Magellan, pour retrouver un agent qui a disparu. Cotton se retrouve entraîné dans une histoire liée aux mormons et au secret caché d'Abraham Lincoln et qui peut déstabiliser le pouvoir en place des Etats Unis.
Beaucoup de références à l'histoire des mormons, à des discours d'Abraham Lincoln, mais je n'ai pas été emballée par le sujet. Pour moi ce n'est pas le meilleur. Peut-être parce que je connais mal l'histoire des US.
Extrait:" Son téléphone portable sonna.
Il se réjouit de voir Stéphanie Nelle apparaître sur l'écran car il attendait son appel.
"Il paraît que ta nuit a été mouvementée, dit-elle.
-Tu m'as bien embobiné.
-J'avais besoin de ton aide. Tout ça a commencé avec une simple enquête sur un étranger. Mais les choses n'ont pas tardé à se compliquer. Un sénateur est impliqué. Un certain Rowan, de l'Utah. Je ne savais pas non plus que Barry Kirk était une taupe. Salazar a visiblement plusieurs longueurs d'avance sur nous.
-Va à l'essentiel.
-Cassiopée est là pour accélérer les choses et s'informer au maximum. C'est elle qui est au coeur du problème. Seulement je ne suis plus sûre que ce soit la meilleure chose à présent.
-Tu m'as caché ça.
-Tu ne devais pas t'en mêler autant.
-Donc, tu m'as utilisé?
Pour trouver mon agent disparu? Absolument."
Raymond Chandler: un tueur sous la pluie
Chandler (1888-1959) est connu pour ses romans mettant en scène le détective Philip Marlowe. En fait ce recueil regroupe trois nouvelles : un tueur sous la pluie, Bay City Blues et Déniche la fille. Ils ont été édités après la mort de l'auteur car ce dernier ces nouvelles ont largement inspirés ses autres romans et ne valaient donc pas la peine d'être édités. Ces intrigues se retrouveront respectivement d'ailleurs dans le grand sommeil, la dame du lac, adieu ma jolie.
Outre les cadavres qui s'empilent ou les coups qui pleuvent, ces nouvelles ne sont pas moins dénuées d'humour. C'est toujours un plaisir de lecture.
Extrait: " Elle se rassit avec lenteur et ramassa la flasque presque vide. Après tout ce n'était pas la peine de déclencher une crise. J'avais d'autres moyens de savoir.
Elle n'eut pas un regard pour moi quand je sortis.
Sous un brillant soleil d'automne, je remontai dans ma voiture. J’étais le gentil mec qui tâchait de se débrouiller pour s’en tirer. Oui. J’étais un gars comme ça. J’étais content de me connaître. J’étais le genre de type qui arrachait à une vieille épave à moitié pourrie ses plus chers secrets pour gagner un pari de dix dollars. "
Jean Bernard Pouy-Patrick Raynal: Lord Gwymplaine
Un comte de Montechristo des temps modernes revisité par Pouy et Raynal. Un roman d'aventures certes mais aussi un polar où Erwan le Dantec, un pilote de la compagnie Parrel, basée à Toulouse, qui transporte des cargaisons entre la France et l'Afrique et qui est promis à une belle carrière. Il doit se fiancer à la belle Olivia. Mais c'est sans compter sur ses amis Barjac, Ferragut et Armand de St Sernin qui ourdissent un complot et grâce à Villedieu, procureur de la République, le voilà parti dans les geôles guyanaises d' où il reviendra quinze ans plus tard à la suite d'une évasion. Il y rencontrera l'abbé Vargas, conseiller d'Escobar, qui lui confieras les plans pour trouver le trésor qu'il a accumulé. Et c'est sous le nom de Lord Gwymplaine, qu'Erwan entreprendra de se venger.
J'ai bien aimé et me suis laissée emportée par cette histoire et suivre les plans de Lord Gwymplaine pour se venger de ces affreux qui sont dans les hautes sphères de la société parisienne et pour qui seul l'argent et la renommée comptent.
Extrait :"Votre deuxième prisonnier spécial, il est du même acabit?
-Pas du tout. C'est un jeune homme, ancien pilote de chasse, capitaine de réserve et pilote dans une société de logistique de Toulouse.
-De quoi l'accuse-t'on?
-C'est là que ça coince, mon colonel. Vous vous souvenez des fameuses lettres de cachet dont on nous parlait à l'école? Eh bien, j'ai l'impression que Le Dantec est sous le coup de l'équivalent d'une lettre de cachet du précédent gouvernement.
-C'est absurde, c'est absolument impossible assura le colonel qui, en trente-cinq ans de carrière, en avait appris assez pour savoir que la République s'était bien gardée d'abolir tous les abus, passe-droits, iniquités et scélératesses en vogue sous l'Ancien Régime. Elle s'était simplement contentée d'interdire qu'on en parle. Et puis il savait que l'Etat n'admet jamais ses erreurs, n'avoue jamais qu'il s'est trompé. Ca lui couterait trop cher. Il préfère toujours laisser pourrir.
-Vous voulez le voir?
Je vais d'abord regarder son dossier, si vous le voulez bien.
Le colonel Durand était un de ces officiers prudents qui savent qu'une carrière se mène comme une course d'obstacles, un steeple-chase que l'on aurait agrémenté de quelques mines antipersonnel habilement planquées entre les haies. Il lui suffit de parcourir le dossier d'Erwan Le Dantec pour comprendre qu'il venait de tomber sur un de ces engins."
Sergueï Lebedev : le débutant
Le Débutant est un poison parfait : mortel, instantané et intraçable. Ce poison a été conçu par Kalitine. Ce livre raconte son enfance dans une ville fermée d'URSS puis comment il devint chimiste dans un laboratoire clandestin dissimulé sur l'île d'un grand fleuve.
Dans les années 90, il s'enfuit en république tchèque avec sa création et traîne son passé qu'il a du mal à assumer. Il est poursuivi par le lieutenant-colonel Cherniov qui reçoit l'ordre d'empoisonner le traître Kalitine avec son propre produit. Espions, services secrets, thème du bien et du mal, science et morale, j'ai eu un peu de mal à me passionner pour ce roman. J'ai dû revenir en arrière plusieurs fois pour retrouver des éléments me permettant de poursuivre, mais je n'ai pas lâché jusqu'au dénouement.
Extrait: " Le Débutant était trop féroce. Il aurait fallu le détruire, le mettre au rebut pour défaut de fabrication; c'est ainsi qu'on élimine les chiens de combat agressifs qu'on n'arrive pas à dresser.
Mais Kalitine ne pouvait plus y renoncer.
Il s'y était donné entièrement: il savait qu'il n'aurait plus d'autre révélation.
Le Débutant était à ce point secret qu'on ne put même pas transférer le corps de Véra à la morgue de l'hôpital. Le Débutant l'avait touchée- elle était devenue le vase contenant le mystère.
L'autopsie ne montra aucune trace du produit. L'hypothèse de Kalitine était confirmée. Le Débutant était indétectable.
On lui exprima ses condoléances, on lui donna un congé, on voulut l'envoyer dans une maison de vacances dans le Sud. Il dit qu'il voulait se remettre au travail. Que cela serait plus facile pour lui. Pour l'amour de Véra.
On le lui permit.
Et il entreprit d'apprivoiser sa créature, de résoudre les problèmes liés à sa conservation, à sa stabilité - sans lesquelles on ne pouvait espérer ni certification ni mise en production."
Camille Pascal: la reine du labyrinthe
J'ai beaucoup aimé ce roman. C'est un récit captivant qui retrace l'affaire du collier de la Reine.
L'histoire commence en mai 1782 pour finir en mai 1792.
L'histoire de deux femmes : Marie Antoinette et Jeanne de la Motte-Valois. Cette dernière est la dernière descendante de la lignée des Valois et cherche à récupérer titre et fortune et fait tout pour échapper à la misère. Elle devient la maitresse du Cardinal de Rohan grand Aumonier de France. Elle se fait même appeler comtesse. Pour arriver à ses fins, elle va échafauder une escroquerie, celle du collier de la Reine dans laquelle elle se servira du cardinal de Rohan prêt à tout pour retrouver les bonnes grâces de Marie-Antoinette. Les joaillers Bohmer et Bassenge ont sur les bras un collier pensé pour la duchesse du Barry, maitresse de Louis XV. Or Jeanne de la Motte-Valois fait croire au Cardinal de Rohan que la Reine cherche à acheter ce collier de diamants de plus d'un million de livres. Le cardinal se laissant mener par le bout du nez achète le collier pour la Reine et le remet à Jeanne de La Motte: grave erreur! Le collier n'est pas payer et en plus il disparaît! Le scandale éclate, un procès en résulte. Marie Antoinette veut la tête du cardinal de Rohan ce qui réjouit le baron de Breteuil qui n'a pas digéré que Rohan lui ravisse quelques années plus tôt l'ambassade de France à Vienne.
L'histoire est certes romancée mais tous les faits sont vrais et très documentés.
J'avais aimé l'été des quatre rois et la chambre des dupes. Je n'ai pas été déçue par ce livre.
Extrait: " C'est accompagnée de son mari que Jeanne entra dans les salons où les deux associés recevaient leur riche clientèle. Prévenus de leur arrivée par le petit jockey de la comtesse en avant-estafette, Boehmer, bien que grelottant de fièvre, était sorti de son lit malgré les exhortations de ses médecins, mais il laisserait Bassenge parler pour lui. La dame de la Motte refusa le fauteuil qui lui était tendu, car elle était pressée et devait partir pour Versailles. Elle se contenta d'annoncer l'arrivée imminente du grand seigneur chargé de leur acheter le collier, en précisant qu'ils devraient faire comme s'ils n'en savaient rien et ajuster leurs propos sur ceux de leur visiteur. Si elle avait pris la peine de se déplacer de si bon matin et par ce froid de gueux c'était uniquement parce qu'elle se préoccupait de leurs intérêts et les engageait, une dernière fois, à s'assurer de toutes les garanties nécessaires au paiement. Jeanne profita, par ailleurs, de cette petite visite matinale pour les supplier de ne jamais prononcer son nom, car elle ne tenait pas à devenir la planche de salut de tous les marchands soucieux de faire leurs affaires par son intermédiaire."
Giuliano da Empoli: le mage du Kremlin
J'avais entendu parler de cet auteur pour son dernier essai dans l'émission la grande librairie.
Aussi j'ai eu envie de lire son premier roman datant de 2022 : le mage du Kremlin. Au début j'ai eu un peu de mal, mais j'ai trouvé ce livre passionnant. Ce roman s'inspire de l'histoire d'un ancien conseiller de Poutine, Vladislav Sourkov alias Vladimir Baranov dans le roman. C'est lui qui a amené Vladimir Poutine au pouvoir. Ce livre relate l'ascension de Poutine racontée par Baranov à un jeune étudiant. Baranov s'inscrit à l'académie d'art dramatique de Moscou et travaille et travaille dans un service de publicité dirigé par Mikhail Khodorkovsky, il devient producteur de télévision où il est remarqué par le patron Boris Berezovsky, un homme d'affaires milliardaire. Nous sommes alors en 1999 et Eltsine, malade, démissionne. Il est remplacé par Vladimir Poutine qui vient du service Fédéral de la Sécurité (ex KGB).
Baranov et Poutine, surnommé le Tsar, sont face aux attentats de Moscou, à la tragédie du sous-marin Koursk, aux jeux olympiques de Sotchi et à la révolution Orange. On suit la métamorphose de Poutine sur toute cette fresque de l'histoire russe et cela donne un éclairage géopolitique sur cette période.
Extrait: "Khodorkovski fut arrêté à l'aube, dès que son jet toucha la piste de la ville sibérienne où il était allé conclure je ne sais quelle affaire. Les images du milliardaire menotté, escorté par des soldats des troupes spéciales, firent le tour du monde. Et eurent pour effet de rappeler que l'argent ne protège pas de tout. Pour vous, Occidentaux, c'est un tabou absolu. Un homme politique arrêté, pourquoi pas, mais un milliardaire, ce serait inimaginable, parce que votre société est fondée sur le principe qu'il n'existe rien de supérieur à l'argent. Ce qui est amusant, c'est que vous continuez à appeler les nôtres "des oligarques", tandis que les vrais oligarques n'existent qu'en Occident. C'est là que les milliardaires sont au-dessus des lois et du peuple, qu'ils achètent ceux qui gouvernent et écrivent les lois à leur place. Chez vous, l'image d'un Bill Gates, d'un Murdoch ou d'un Zuckerberg menotté est totalement inconcevable. En Russie, au contraire, un milliardaire est tout à fait libre de dépenser son argent, mais pas de peser sur le pouvoir politique. La volonté du peuple russe-et celle du Tsar, qui en est l'incarnation-prévaut sur l'intérêt privé quelqu'il soit."
Jean-Christophe Rufin : le flambeur de la Caspienne
Aurel Timescu, consul, est envoyé à Bakou. Habitué aux destinations vers lesquelles personnes ne veut aller par la volonté de son directeur des ressources humaines, Prache, qui espère ainsi le dégoûter du métier, le voici donc en Azerbaidjan. Pourtant, le premier contact avec la ville le séduit. Mais l'ambassadeur en poste, un certain De Carteyron refuse de lui donner une quelconque mission et fera tout pour qu'il parte. Mais dans le bureau de l'ambassadeur, il aperçoit des photos de l'ambassadrice et apprend qu'elle est décédée un mois plus tôt. Puisqu'il n'a rien à faire sinon qu'attendre son retour à Paris, Il va enquêter sur la mort de l'ambassadrice et sur son mari. Il va s'appuyer sur les femmes de l'ambassade Amélie, Layla, et aussi sur un journaliste Iskandar et sur son petit oncle entomologiste Minha Timescu. D'intuitions en indices, il finira par découvrir la vérité.
De l'humour, des rebondissements et au fil des trois romans-enquêtes précédents, on s'attache vite à ce petit consul amateur de Tokay et de piano, passé maître dans l'art de mal se fagoter et toujours aussi lunaire.
J'ai aussi non sans surprise découvert Bakou, le café Araz, le site archéologique du Gobustan et l'existence du Nakhitchevan.
Extrait: " La patrouille qui avait arrêté Aurel le déposa d'abord dans un commissariat proche. C'était une antenne de police avec un effectif très réduit. L'activité principale consistait à capturer des malheureux dont on ne comprenait pas bien de quoi ils pouvaient être coupables. Ils n'avaient pas l'air de le savoir non plus. Mais ils appartenaient à cette partie de l'humanité à qui le destin, partout et de toute éternité, a dévolu le rôle de victimes. Vagabonds, malades mentaux, misérables en tout genre, ils attendaient, assis sur des bancs crasseux, disposés par avance à tout, ne craignant pas plus la prison que la liberté.
Nul, parmi le personnel, même les gradés, ne semblait avoir l'autorité pour traiter le suspect très particulier qu'était Aurel. La fonction de ces subalternes était uniquement de le garder en attendant qu'on le transfère ailleurs.
Il comprit vite que la perte de temps était la sanction principale qu'il aurait à redouter."
Benoit Philippon : Papi Mariole
Un ancien tueur à gages, Mariole, s'est échappé de son EPAHD. Bon jusque-là rien de vraiment anormal. Sauf que ce sujet est atteint d'Alzheimer et qu'à un moment donné il se trouve sur le périph en peignoir et chaussons en se demandant ce qu'il fait là. Il sait juste qu'il a une tâche à accomplir. Le hasard ou plutôt la plume de l'auteur, lui fait rencontrer Mathilde. Oh! Elle n'est guère plus en forme que lui. Victime d'un amant toxique qui a publié leurs ébats sur les réseaux sociaux, elle se bourre d'anxiolytiques et décide d'en finir avec la vie en sautant d'un pont au-dessus du périph. Ces deux-là vont avoir besoin l'un de l'autre, Mariole qui comptera sur elle pour retrouver la mémoire et Mathilde qui trouvera en ce compagnon de route le tueur qui lui permettra d'assouvir sa vengeance. Accompagnée de Madame Chonchon, la truie de compagnie de Mariole (qui a une trombine à la Jean Rochefort-Mariole pas la truie-), le trio va connaitre bien des aventures où se mêleront les sentiments suivants : humour, tendresse et humanité.
Une belle découverte!
Extrait: "-Monsieur Rochemore, où allez-vous comme ça?
Mariole pris en flagrant délit d'auto-extradition, se fige devant cette maudite porte battante qui ne daigne pas s'ouvrir, malgré ses coups d'index répétés sur le bouton.
-Plait-il? dit le coupable feignant la démence.
-La salle de réfectoire est de l'autre côté, pointe l'infirmière de la réception.
L'incriminé entame une grinçante rotation:
- Je désirais prendre une bouffée d'air, ma chère... ma chère...
Bon sang, comment elle s'appelle déjà?
Mariole bénit le génie qui a eu l'idée d'estampiller les blouses des employés d'une étiquette à leur nom. Concentré sous le poids des binocles qui lui écrasent l'arête du nez, Mariole décrypte l'antisèche:
- ...Ah! Ma chère Martine!
Le vieux tueur dégaine son sourire le plus séducteur, à défaut de son colt 45, resté scotché sous un tabouret quelque part, croit-il se souvenir, mais où?
- Une promenade bucolique au bras d'un grand romantique vous siérait-elle? Poursuit le joli souffle-au-coeur.
Il n'a nullement l'intention de lui redessiner le portrait, à la geôlière au rouge à lèvres mais faudrait pas qu'elle l'empêche de se carapater. A la vue de Mariole, plié sous le poids de son maigre cabas, la gentille infirmière ne l'imaginerait pas débiter du cadavre de malfrat. Et pourtant...
Sujata Massey: les veuves de Malabar Hill
Une nouvelle série ! La série des Perveen Mistry.
L'action se passe entre 1916 et 1921.
Bombay 1916. Perveen est la seule femme à l'université de droit. Les autres étudiants masculins font tout pour qu'elle ne puisse pas passer ses examens. Dépitée, elle songe alors au mariage et s'unit à Cyrus Sodawalla qui dirige une entreprise d'embouteillage avec son père à Calcutta. L'Inde est toujours sous domination britannique, les femmes indiennes ont peu de droits : elles ne peuvent pas sortir sans chaperons, ne peuvent pas exercer de métier et le droit ne leur est guère favorable . Le mariage de Perveen est un désastre.
Bombay 1921. Revenue d'Oxford où elle a réussi ses études de droit, Perveen travaille dans le cabinet d'avocat de son père mais comme c'est une femme elle n'a pas le droit de plaider mais seulement de s'occuper des dossiers. Or dans le dossier de succession d'Omar Farid, lequel a laissé trois veuves et a désigné comme mandataire de la famille Faisal Mukri pour assurer la gestion de leurs biens, Perveen décèle un vice de forme qui ne présage rien de bon pour les veuves. Comme elles sont en deuil, elles ne peuvent avoir de contacts avec un avocat masculin. Perveen décide alors de les rencontrer pour les aider. Mais Mukri est assassiné et seule Perveen pourra enquêter dans le zenana (endroit réservé aux femmes) et faire le lien avec la police.
L'histoire de Perveen Mistry est inspirée en partie par le personnage de Cornélia Sorabji première femme avocate en Inde (1866-1954). On plonge dans la société indienne de cette époque, dans la vie de Bombay, dans la vie des femmes musulmanes et des femmes parsies, leur soumission à la famille, à leur mari, où tout est fait pour les assujettir.
Un roman intéressant qui se lit bien et les deux tomes suivant m'attendent à la bibliothèque! Enfin j'espère!
Extrait: "Le mur derrière l'étagère était un jali de marbre agrémenté de nombreuses perforations géométriques. A travers ces petits espaces en forme de gouttes, elle discerna une forme sombre. Alors qu'elle s'approchait, la forme se déplaça sur le côté et disparut.
La présence de murs et de fenêtres en jali permettait aux femmes du foyer d'observer la vie dont elles étaient exclues. C'était un élément intentionnel de l'architecture musulmane, une façon d'inclure ceux qui se trouvaient de l'autre côté de ces écrans.
Perveen était incapable de dire si la forme était celle d'une femme, d'un enfant ou d'une domestique. Tout ce qu'elle pouvait en conclure, c'était que cette personne ne voulait pas être vue."
L'agence de détectives d'Agatha ne marche pas bien. C'est la crise et les habitants des petits villages des Costwolds n'ont plus guère d'argent à consacrer à leurs chers animaux disparus ou autre recherche. Elle ne se résoud pas non plus à licencier son équipe. Alors elle passe plus de temps dans son cottage avec ses chats ou a rendre visite à Mme Bloxsby, son amie et femme du pasteur du village. Mais un article dans le journal local va éveiller son attention. Une certaine Gloria French a été empoisonné par du vin de sureau dans le village de Piddlebury. Cette Gloria était une veuve londonienne (une fausse blonde aux joues roses et au rire truculent) ayant quitté la ville pour la campagne et s'investissant à fond dans la vie locale. Cependant elle avait la fâcheuse manie d'emprunter des choses et surtout de ne jamais les rendre! Ce qui irritait fort les habitants du village.
Mais Agatha va être embauchée par Jerry Tarrant, le président du conseil paroissial de Piddlebury, pour débusquer le coupable. Ce ne sera pas facile car elle aura du mal à soutirer des informations aux gens du village. Elle risquera même sa vie et craindra la même chose pour son équipe (Toni, Simon, Patrick, Phil) et ses amis (Roy, Sir Charles, James).
Une lecture cool, qui délasse et fait du bien avant d'entreprendre d'autres romans!
Extrait: "Toni la rejoignit, un verre de bière à la main " C'est un endroit génial, dit-elle. Vous avez vu le menu?" Agatha secoua la tête. "De la bonne vieille cuisine anglaise, reprit Toni. Tourte aux rognons et au steack , côtelettes d'agneau, des trucs comme ça.
- Ils proposent des salades? S'enquit Agatha. Je suis au régime.
-Je pense que oui. Quel endroit charmant. Si seulement nous étions en vacances! Par où commence-t'on? Oh, j'ai relu les notes sur l'enquête avant de m'endormir hier. C'est la pleine lune ce soir. Nous pourrions aller dans les bois de Piddlebury pour voir si nous tombons sur des sorcières.
- On pourrait faire ça, dit Agatha réticente. Je suppose que s'ils sont assez piqués pour faire ce genre de choses, ils pourraient tous être impliqués dans les meurtres. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi Gloria French a été tuée. D'accord, elle empruntait des choses et ne les rendait pas, mais ce n'est quand même pas un mobile suffisant."
Steve Berry: le complot Malone
Nous retouvons Cotton Malone, qui a repris du service momentanément dans l'unité Magellan, en mission à Venise pour observer secrètement une transaction financière de 20 millions de dollars qui devaient prendre le chemin de la Corée du Nord. Mais l'argent part en fumée...Stéphanie Nelle lui demande alors de récupérer de vieux papiers et un message codé détenu par un certain Howell. Celui-ci a pour particularité de n'avoir pas payé ses impôts, car il considère que l'imposition sur le revenu n'est pas constitutionnelle, le 16e amendement n'aurait pas été voté conformément à la loi, et les documents qu'il a en main pourraient le prouver. Il n'est pas le seul à être sur le coup. Kim Yong-jin aidé par sa fille Hana Sung voudrait bien les récupérer ce qui mettrait les Etats-Unis à genoux et de ce fait cela lui permettrait de supplanter son demi-frère à la tête de la Corée du Nord.
Ce n'est pas le meilleur que j'ai lu de la série. J'avoue que les textes sur la constitution et les lettres Roosevelt-Mellon (le secrétaire au Trésor) m'ont un peu barbé mais au-delà de ça le roman est captivant et tient bien sa promesse de nous tenir en haleine entre Venise, Washington, la Virginie et la Croatie.
Extrait: "
-Je vais vous expliquer de quoi il retourne, dit-il d'une voix grave qui semblait venir de loin. Notre dette publique s'élève à 16000 milliards de dollars. Le paiement des intérêts nous coûte 200 milliards par an. Je suis tombé sur un site Internet, l'autre jour, où un compteur indiquait de combien augmentait notre dette chaque seconde. Je suis resté devant un moment à regarder. Le déficit s'accroît d'1 million de dollars à la minute! Vous vous rendez compte? Ca dépasse l'entendement!
- Et vous restiez là à regarder ça?
- J'étais comme tétanisé.
Il pouffait comme un gamin et cela le fit sourire.
- 90% des recettes qui passent dans le règlement de cette dette proviennent d'une source unique, poursuivit-il.
- L'impôt sur le revenu?
- Exactement. Alors imaginez ce qui se passerait si cet impôt était illégal. Finis les 90%! Pfut, envolés! S'exclama-t-il avec un claquement de doigts."
Sujata Massey: la malédiction de Satapur
Inde1922. Deuxième tome des aventures de Perveen Mistry avocate à Bombay, dans le cabinet de son père. Elle ne peut plaider car c'est une femme. Par contre elle peut intervenir dans des affaires concernant des femmes car lorsque l'homme de la maison vient à mourir, les droits des femmes ne peuvent être défendus par un homme à cause de la purdah (les femmes ne peuvent montrer leurs visages aux hommes étrangers à la famille). Elle est donc mandatée par Sir David Hobson-Jones conseiller du gouverneur pour se rendre à Satapur régler un conflit entre la maharani douairière et sa belle-fille. Le maharadjah et son fils ainé sont morts dans des circonstances étranges et il faut donc régler la question de l'éducation du futur héritier Jiva Rao. Nous suivons donc les pas de Perveen dans ce petit état princier et au coeur du pouvoir qui devra trouver un compromis satisfaisant et les deux femmes et qui satisfasse aussi les britanniques. Entre morts soudaines et jalousies, elle devra protéger les enfants royaux.
Un roman passionnant et dépaysant qui nous plonge dans l'Inde du début du siècle. et qui me pousse à aller chercher le tome 3!
Extrait: " -Est-ce parce que vos parents ont été contrariés que vous n'épousiez pas le maharadjah? demanda Perveen.
Vandana contempla le chandelier sur la table comme si elle cherchait la réponse dans les flammes.
- Ils ont été contrariés, finit-elle par répondre. Mais je préfère cette vie-ci. Qui serait assez stupide pour rêver de devenir une reine indienne? Quand vous entrerez dans le palais de Satapur, vous découvrirez quelle existence isolée la mère et la veuve du défunt maharadjah doivent supporter. Elles vivent dans ce zénana, du mariage jusqu'à leur mort. Oui, on donne des bijoux à la maharani, mais quel plaisir peut-on éprouver à les porter quand on est toujours chez soi? Pendant ce temps-là, le maharadjah peut voyager où il veut."















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